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Coup de coeur : Archives 2010-2011

  Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


À Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement.
Nous redonnons vie ici  à vos textes qui nous ont séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.


Poème Coup de Coeur du Comité
JUIN 2012


              
choix de Gertrude Millaire
...     Lise Careau
choix de Michel Ostertag...     Boris Vian  
choix de Dana Shishmanian...  Nina Zivancevic
choix d'André Chenet...          Roselyne Fritel

                






BORIS VIAN

M
Boris Vian, dans ces textes se confesse et doute atrocement de tout et de lui-même.
Rappelons que Boris Vian est mort en 1959 à l’âge de 39 ans. (Michel Ostertag)


La vie c’est comme une dent

La vie, c’est comme une dent
D’abord on y a pas pensé
On s’est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ça vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri
Il faut l’arracher, la vie.
**


J’aimerais

J’aimerais
J’aimerais
Devenir un grand poète
Et les gens
Me mettraient
Plein de laurier sur la tête
Mais voilà
Je n’ai pas
Assez de goût pour les livres
Et je songe trop à vivre
Et je pense trop aux gens
Pour être toujours content
De n’écrire que du vent.
**


Donnez le si

Donnez le si
Il pousse un if
Faites le tri
Il nait un arbre
Jouez au bridge, et le pont s’ouvre
Engloutissant les canons les soldats
Au fond, au fond affectionné
De la rivière rouge
Ah, oui les Anglais sont bien dangereux.
**


Un poète

Un poète
C’est un être unique
A des tas d’exemplaires
Qui ne pense qu’en vers
Et n’écrit qu’en musique
Sur des sujets divers
Des rouges ou des verts
Mais toujours magnifiques.


tiré du recueil «Je voudrais pas crever» recueil de vingt-trois poèmes écrits en 1952 et publiés en 1962 par J-J Pauvert après la mort de l’auteur.


NINA  ZIVANCEVIC


Nina Zivancevic, je vous présente 2 poèmes de cette poète serbe. (Dana Shishmanian)


La marche¸

Quel que soit ton chemin, tu vas marcher dans tes propres traces…
Quel que soit ton voyage, tu vas arriver dans ta ville natale,
l’espace fermé où la pierre embrasse la plante,
où elle évite le mur et où le toit s’unit avec le ciel,
la ville où les chats dorment sur les briques chaudes
et où l’aboiement des chiens rappelle une obligation, du genre
« Il faut mettre la cravate, remettre les rideaux à la fenêtre,
brosser les chaussures »,
ou alors faut-il oublier tout ça, se mettre à côté d’un pin,
un grand cyprès au bord de la mer ?

L’oubli est un endroit où toutes les villes se rencontrent
où elles racontent leurs histoires
celles de leurs couleurs vives, celle de l’existence abîmée
par les dents du temps et où l’Histoire, cet éternel médecin
des pays, un jour édifiés et rapidement oubliés, donne
ses conseils et son soutien à ceux qui vont arriver plus tard.

Ils vont construire sur la ruine, belle et insignifiante, un
nouveau paysage
où au lieu d’un parquet on verra un vrai arbre et
au lieu d’une fenêtre, l’image peinte de l’air en promenade.

(traduit du serbe par Boris Lazic ; reproduit du recueil Sous le signe de Cyber-Cybèle, L’Harmattan, 2009)

**


Un Thème éternel

L’amour vient, un vrai chien,
Je lui avais pourtant dit de ne pas venir.

Il vient, mais quel casse-pieds, frappe à ma porte :
Toc, toc, me revoilà !

Il vient, comme un voleur, sournois,
enfouit son visage
volage dans les plis de ma chemise :
C’est ton cœur que je veux, dit-il,
Je laisse ton buste aux peintres.

Il vient, un vrai gosse. Il me demande
De lui pardonner ce gâchis, ces espoirs
Jetés dans le caniveau.

Il vient, déguisé en collecteur d’impôts, des menaces
plein la bouche :
Il va falloir payer, jusqu’au dernier sou,
Ou je mets le feu à ta maison !

Il se transforme en Monsieur tout ou rien, vient
Et jette mes livres à la poubelle,
 Il se transforme en ange, vient,
Me coud la bouche de ses rubans de soie, et
Je ne peux plus rien dire contre lui.

Il se transforme en ingénieur des ponts et chaussées,
vient et dit : Regarde cette route qui ne mène nulle
part, nous allons la paver, Immédiatement !
Et pas le temps de rigoler !

Il se transforme en philosophe, vient et prononce
ces mots : Si tu penses que tu penses, je te prouverai
Que tu n’es pas !

Il se transforme en médecin, vient et me donne
La potion qui empoisonne mon cœur
En quelques heures.

Il se transforme en confiture, vient et
Tartine mes murs
Si bien que j’ai encore plus faim.

Il se transforme en auteur de chanson, vient et
Je deviens refrain…

(traduit du serbe par Sarane Alexandrian ;
Reproduit du recueil J’ai été cette journaliste de guerre en Égypte, L’Harmattan, 2004)



ROSELYNE  FRITEL


Roselyne Fritel, née à la Guadeloupe et se nourrit de poésie depuis toujours. Depuis bientôt 30 ans, elle écrit, participe ou/et anime des ateliers d'écriture et de lecture poétique. (André Chenet)


ABYSSES


Sitôt franchie l'étroitesse de la passe
Je nage parmi les requins bleus
Frères au sourire sanguinaire

À frayer de la sorte
Renaîtrais-je anémone des grands fonds
Où murène féroce

Je me voudrais étoile de mer
Au front livide des noyés.



Publications:
    Paroles-Phares, © Clapàs,
    Un jour en vie…, © Helices Poésie, coll. Poètes ensemble !
    Publications dans les revues "Le Chaînon poétique", "Esprits poétiques" et "Le Capital des mots" (revue en ligne)
    Poésie sur Marne (Anthologie), © Hélices, 2007
    Héliopolis, chansons solaires, CD Hélices, 2008





LISE  CAREAU


Lise Careau, poète québécoise,très  impliquée à faire découvrir la poésie tant par les Lundi de poésie, que Le Salon du Livre. Elle anime des ateliers d'écriture pour aller à la rencontre des gens et pour les accompagner vers leur propre liberté !  (Gertrude Millaire)

Quand plus rien ne va

Quand plus rien ne va... plus rien ne va
Il y a les arbres, les nuages, le bruit de mes pas

Quand plus rien ne va... vraiment plus rien ne va
Il y a toujours la vie qui coule en moi.


Quatre saisons et un seul temps (extrait)

...
Je marche parmi les feuilles mortes
Et la mort est en couleur
Elle craque, vole, danse
Sous mes pas, autour de moi

Arbres nus, arbres dénudés
Repos apparent, rêverie profonde
La chair chaude garde écho du passage des choses
Chambre claire derrière les paupières closes
...

J'amasse des brindilles d'images
Pour faire un nid au soleil.

(tiré de son album Cd " Il y a " poèmes dits, chantés, à plusieurs voix et musique
et un recueil de 52 poèmes. Quelques extraits à entendre)

Publications :
Quand l'eau ouvre les pauières (1995)
Étranges noces (1995)
Quand cri le glauque masqueclaque (2000)
Dans le prisme et l'eau vive (2003)
Il y a (2005)
L'enfant-jardin (2005)
Mots de vie, pour un monde meilleur (2006)
Errance en cinq temps (2006)

Membre : AAAO
et plus sur l'auteure






Coup de coeur de 

 Michel Ostertag, Dana Shishmanian,
 Gertrude Millaire, André Chenet 

  Juin 2012

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