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Isabelle
Lévesque, poète française, choix
Dominique Zinenberg
Dansant
l'orchestre des marches,
pas menant tambour dans le chemin de terre,
silencieux,
cadence prise au coeur, intérieure.
Le chemin se prend pour le ciel
et remonte le cours du vert.
Seule promesse. Ce printemps du bois.
Jacinthes écartées,
près des mousses fleurissent les eaux violettes.
Bulbes des ans, nul fossile.
Attente morcelée, il fallut
saison lumière et les branches ou les feuilles
– sait-on qui penche?
Et les bras du temps renoncent à serrer
le passé.
(extrait
d' Un peu de
ciel ou de matin
( Éditions Les Deux-Siciles, 2013)
*
Juste message
Le
blanc n'est pas sorcier.
Tu ne reconnais pas le jour. Regardant le ciel, tu
prends la terre pour l'univers. Tout se confond.
Nul ne revêt les champs, dis-tu, pointant les prés
immaculés.
Tant de flocons serrés. Provision. Creusons mince
sillon, la terre, un équipement léger, nous ferons
retraite.
Ce que tu veux. Ordre du coeur, rien ne te sera
refusé.
Prenons quelques flocons. Ils garderont ce qui
nourrit, passage bleu, trait de crayon. Nous prononcerons
nos voeux. Nous retirerons, sage décision, des regards.
Prendrons repos l'hiver, là sous la terre, pour trouver lit
blanc sauvage, somme de graines.
Étudierons l'art de la soustraction.
( Extrait de Ravin des Nuits que tout bouscule
( Les Écrits du Nord, Éditions Henry) Prix
Trouvères 2013, Grand prix de la Poésie de la Ville du
Touquet.)
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Patricia
Laranco, choix Éliette Vialle
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Dans un petit trou de serrure
étriqué et disgracieux,
l'on voit quelquefois
l'infini,
la perspective des chemins;
on la regarde
s'échapper
et se perdre dans le lointain
jusqu'à la ligne d'horizon
le long du sol aplati, vert;
on plonge
vers les champs tout ras,
vers l'étendue livrée à l'air
qui inlassablement s'enfuit
entre les lignes bien tracées
frôlant les arbres isolés, seuls
et plantés comme des poteaux,
un peu étonnés d'être là si exposés
au bleu du ciel
***
Il suffit parfois d'un regard
glissé dans l'infime incision
pratiquée dans une paroi
pour que l’œil se trouve entraîné
vers un abîme, un long tunnel,
un vaste rail
de liberté
et de clarté
- comme
un envol !
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Ofelia de Santos,
poète
de Madrid,
choix Gertrude Millaire
ENVIE
DE PARTIR ( Ganas de partir)
Apprenant
à aimer dans une langue différente
j'ai quitté ma peau
pour pouvoir envelopper
la tienne
J'ai écorché sur elle
comme sur l'écorce des arbres
des signes diacritiques et des dilemmes
Ensuite je suis partie
Le goût tout en nage
et la goutte de miel dans le sein
Je tourne d'un côté à l'autre
dans le destin
comme une broche sur la braise
Ne pleure pas
Écris des poèmes,
Mange un peu
de chocolat
dans une langue étrangère
Niche-toi
évitant e gaspillage émotif
quand
du milieu du temps perdu
et de toute tes forces
tu as envie de partir
une envie très salée
comme le souvenir
d'une coquille, de mer.
(traduction par Mihaela Corina Petrache)
tiré du recueil: Les Cahiers de
Val-David-Festival Notebooks-Los
cuardesnosde Val-David 2014)
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