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Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.
( un tableau de Bruno Aimetti)
A
Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle
héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau
d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en
mouvement. Nous redonnons vie à vos textes qui nous ont
séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.
octobre 2010 -
Poème Coup de Coeur
Alain Duault est un poète
français, écrivain, musicologue et animateur de
télévision et de radio,
né à Paris
en 1949. Il est connu des auditeurs et téléspectateurs amateurs de grande
musique et d’opéras. Ce poème est extrait d’un recueil éponyme paru chez
Gallimard. Alain Duault a publié un grand nombre de recueils. Il a été couronné
par le Grand Prix de poésie de l’Académie française en 2002. J’ai été impressionné
par ce texte autant par la forme que par le fond. L’absence de ponctuation, la
forme carrée adoptée, les images propulsées, cette tendresse qui sourde à
chaque mot, tout cet ensemble m’a touché.
Ce qui reste après l’oubli
In
Poésie sur Seine, Eté/Automne 2009 Numéros 69-70
J'ai découvert ce texte dans le centre médical où j'ai été cet été. Une
ancienne institutrice qui a eu une vie difficile et de gros problèmes de santé
m'a montré ces pages manuscrites (elle n'a pas internet). Elle avait fait des
ateliers d'écriture puis écrit un peu pour elle-même. Ici c'est parti
d'un jeu autour de plier, replier, déplier. Plier, déplier
Mon
coup de coeur pour le mois d'octobre est le dernier poème à ce jour de
Christiane Loubier, sur le forum.
LA
FOLLE AVOINE
L’histoire est un pré On a bien tout fauché On a bien tout tassé Au grenier de la mémoire Les granges se noient dans les blés Je ne veux rien oublier Les bras des ouvreurs de chemin La vaillance des chevaux Les maisons blanchies à la chaux La rivière Famine Le visage du semeur La vie frappée au fer Je ne veux rien oublier Les baïonnettes mystérieuses Les nuits incendiées La race au gibet Les clochers de l’échafaud L’oubli de l’offense Le sang trop vite essuyé Je ne veux rien oublier La misère à carreaux Les bretelles sans fusil Les fronts silencieux La soumission héréditaire Les chapeaux de feutre Sur la tête des hommes Je ne veux rien oublier L’égoïne chantante Les montagnes coupées Le bois à vendre debout L’oiseau derrière la vitre Les couvertures à pointes folles Et toutes ces choses qui s’envolent Je ne veux rien oublier Les faucons tournant Au-dessus du fleuve Les cierges contre l’orage La poule donnée au diable Le ciel de la chasse-galerie La mélancolie de l’accordéon Je ne veux rien oublier L’hiver qui tombe du ciel Les glissades sur la pelle Les miettes sur la neige Le temps échappé Le manque de jour Le manque tout court Je ne veux rien oublier J’habite une légende Dont je ne connais plus la langue L’alouette renonce à sa colère Mais je regarde toujours le feu Je ne veux rien oublier Du soleil rose et jaune Qui se lève à l’est À tous les étages du gâteau de la noce Dans le bonheur des saisons
Ce poème tiré de son recueil :"Un visage appuyé contre le monde, éditions du Noroît/Le Dé
bleu",
Je ne sais pas encore (extrait)
Je ne sais pas encore Si le vent retient en lui la sensation du corps; si l'on meurt de ne jamais faire un avec l'invisible; s'il y a quelqu'un au bord des jours fragiles qui trace quelque limite au chaos, à l'usure du monde, à l'ombre qui nous survit; je ne sais pas encore voyager dans l'étrangeté d'un paysage, d'une rue, d'un continent ou celle d'un visagedessiné par l'amour et sa disparition Comment m'élever jusqu'à être vraiment humaine; laisser venir à moi chaque signe d'une présence écrite comme un regard qui ne me quitterait plus; je ne sais pas encore poser ma main sur une vérité de vivre respirer légèrement à la lisière des saisons. ....... je ne sais pas encore passer à travers une ombre,comme on passe dans une chambre d'hôtel, une salle d'attente; ces liens minuscules du silence enfoui en nous ........ Pourquoi cette ombre, ce silence versés dans nos mains ces manques insaisissables; au fond de l’air, un oiseau déploie ses ailes et s’il devrait éviter la douleur je ne sais pas encore. Aurons-nous le temps d’aller très loin de traverser les carrefours, les mers, les nuages d’habiter ce monde qui va parmi nos pas d’un infini secret à l’autre, pourrons-nous écouter le remuement des corps à travers le sable; aurons-nous le temps de tout nous dire et d’arrêter d’être effrayés par nos tendresses, nos chutes communes; pourrons-nous tout écrire d’un passage du vent sur nos visages ces murmures de l’univers, ces éclats d’immensité; aurons-nous le temps de trouver un mètre carré de terre et d’y vivre ce qui nous échappe; je ne sais pas encore. Visiter son site : Hélène Dorion
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