ACCUEIL



TEXTES DU FORUM : Archives 2010

  Une escale à la rubrique "Textes du forum"



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


 
Place des Francophones , le forum !

A Francopolis, la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés. Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement. Nous redonnons vie à cette rubrique.

AVRIL 2010


c. le chat botté 

Idéogramme (rouge)

chaque jour m'inscrit un peu plus
au revers du monde.


Aglaé

Jusqu’à quand ?

Mes épaules, coin de petit beurre
Fin d’été, encore beau temps
Je soliloque entre mes dents
Jusqu’à quand ?

Un peu fanée, encore jolie
Des tableaux fous et gais souvent
Des femmes rondes et leurs amants
Jusqu’à quand ?

« Encore une fois dire je t’aime
Encore une fois perdre le Nord »
Et rajeunir de quelques ans
Jusqu’à quand ?

Je me promets ce matin même
De ne pas mourir aujourd’hui
Un léger doute parfois m’obsède
Je tiendrai le coup jusqu’à quand ?




    Clémentine  

Pourtant

Entre le silence et les mots,

Une lèvre fêlée.
Le calame enroué
S’attarde
Sur l’ombre goguenarde.

On voudrait croquer l’écho,
Mais le crâne est ridé
Et l’ébauche voûté
Se moque.
Le Temps bat la breloque.

Pourtant, la bouche de la Terre
Murmure des symboles.
Une pluie de consonnes
Ronronne.
Et le soleil friponne


Aile

Mon père

Il sait très bien comment sont les hommes

Et comment va la terre…

Mais il sait aussi comment regarder les choses de la vie

D’ailleurs quand on s’attarde dans ses yeux
On peut décider d’y rester longtemps tandis qu’il se raconte
Ou qu’il explique ce qu’on n’a pas saisi

Ses yeux passent par des gammes de vert rappelant la mousse
Oὺ il fait bon s’étendre pour rêver en regardant le ciel
Ou le ciel lui-même chargé d’un océan oὺ dansent des algues douces

Mon père
Quand il était petit il dit de lui en souriant qu’il aimait bien surprendre
Et que ses sœurs s’y laissaient prendre
Il parle de la terre oὺ ont grandi ses frères
Des chiens et des chevaux partie prenante de la famille
De sa maman qui a l’a quitté enfant et l’a laissé amer
Des rires et du courage dont ses souvenirs fourmillent

Il sait comment sont les hommes
Et comment va la terre

Plus que quiconque dans son entourage
Mon père a saisi les urgences
Et ce depuis ma tendre enfance
Je peux voir combien il s’engage

Bien sûr qu’il s’impatiente devant l’insignifiance désespérante
Je sais qu’il était prêt depuis longtemps à prendre un risque
Un risque calculé quand il y songe et qu’il regarde la liste
Plutôt que se laisser berner par ce pays vorace qui ne sait que prendre

Il avait bien trop d’avance
Le Québec a reculé
Pendant un moment on aurait pu croire
À cause de sa conscience très aiguisée
Et de ses causes qu’il voyait s’étirer

Qu’il allait développer des idées noires

Mais il a tourné son regard
Vers la nature qui sait donner

Les plus belles leçons imaginées
Et il a continué à croire
Pour ses filles ses petites filles
Son fils ses petits fils
S’est inspiré d’un Hubert Reeves
Même s’il est tard que tout vacille

Je pense que même s’il sait comment sont les hommes
Et comment va la terre
Il garde ce brillant dans ses yeux verts
Parce qu’il s’émerveille encore de comment fait la terre
Et de comment sont certains hommes et certaines femmes

De plus mon père
Pour le meilleur et pour le pire
55 ans de son navire
S’écoulent auprès de notre mère (mer)

C’est du bonheur que je peux lire dans ses yeux verts


T’es beau papa

(Décembre 2009)

 

Kelig

La parole c'est du vent

A présent,
la parole c’est du vent
elle entre comme elle sort
comme un courant d’air
par la télé à jt
par le journal libéré
sans se gêner
elle ressort dans la rue, au boulot, au bistrot!
on dirait une furie
on l’oublie dans un verre
aussi sec
on la bariole un peu
à la picolemais elle érode
à avaler
la couleuvrec’est du ventla parole d’aujourd’hui
c’est du bruit
un jour ainsi
le lendemain insane
comme un sort jeté
elle s'acharne
sur nos vies
elle perd le sens
comme elle dépense
s’encense
sans commune mesure
épuisette
change de tête
se volati
nous uti
nous enlise
faucon élise
par Eol, elle est
pas concrète
ni tangible
cette pare-all
elle est pas 'rôle
fausse parole
elle s’efface
s’invisible
elle se cache
elle nous entraînera tous dans la tourmente
de l’air du temps
si ça continue
elle vole, la parole de vent, elle nous vole...
fermez-la! la boîte de pandore
faux vite qu'on la rende
à la terre
ou elle nous entairera tous
pan dort encore, ou quoi ?
rêveillons-leu
héol!..


Christiane

Tuer la vie bavarde

Les mains éplucheuses

Salaient la soupe du soir
Le jour allait finir
Mais tout bruitait dehorsLes autos les camions
Les autobus et les taxis éternels
Chez les voisins on veillait fort
Tandis que tremblaient à peine les grand conifères

Paix lumière où vous cachez-vous
Dans quelle cave grise
Dans quel ravalement sombre
Dans quel grenier vide
Sous quel plancher de bois sale
Où vous cachez-vous
Dans quelle chambre mal éclairée du monde

Ils étaient tous occupés à naître
Le boeuf l'âne et le petit Jésus tout gris
La nuit sainte allait tomber
Sur les petites haies couronnées d'épines
Pendant que les vieux d'habitude taiseux
Racontaient de belles ouvrages
Dans leurs fourrures de Noël
Avec la lampe à l'huile aussi fragile
Que leurs ombres tranquilles qui se glissaient
Avec la lumière entre les murs
De la maison renfermée


Pour lire les rubriques des anciens numéros :

http://www.francopolis.net/rubriques/rubriquesarchive.html