Des tout petits trucs…
– La mer est bleue,
le soleil est au zénith, les bateaux glissent sur l’eau, il y a même des
enfants qui font des châteaux de sable, alors de quoi se plaint-on ?
– La crise.
– Je l’avais oubliée
celle-là. On enlève quoi alors ? Les bateaux ? Le soleil ?
Le bleu de la mer ? Pas les enfants tout de même ?
– Peut-être les
châteaux de sable ?
*
– On n’a rien à y
gagner à creuser sans cesse, ça s’obscurcit de plus en plus quand on creuse
aussi profond. En plus ça fait des trous.
– Et puis surtout,
ça creuse.
*
– Sait pas ce que
c’est, peut pas savoir, peut juste te dire, te
conseiller, mais sait pas ce que c’est, saura jamais.
– Pour ça sans doute
qu’il te dit. Parce qu’il sait pas.
*
– C’est des tout
petits trucs. Minuscules. Trois fois rien. Pas le temps de dire hop, c’est
parti. Et pourtant ça laisse des traces. Par milliers.
– Et ça finit par
déchirer la peau du dedans ces trucs-là.
*
Parfois je prends un mot qui traîne par là et je l’emmène avec
moi au pays des mots dits.
*
– Finalement on a
beau dire, ça ne fait pas beaucoup avancer les choses, mais si on ne disait
rien, ce serait pire, Les choses n’avanceraient plus du tout, elles
seraient immobiles, pétrifiées.
– Alors on continue
à dire ?
– A-t-on le choix ?
*
– On flirte avec le
presque rien, ce n’est pas bien vendeur, mais on continue tout de même.
– Finalement, on
pourrait se passer du presque, mais qu’est-ce qui resterait ?
©François
Minod
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