Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

Mai-Juin 2020

Libre parole à

François Minod

 

 

FAIRE LE NAGE

 

Il faut faire le ménage, y a trop de trucs qui traînent, faut ranger, sinon on va être submergé, englouti par tout ça, on pourra même plus bouger et on n’osera plus toucher à rien. Les choses auront pris le dessus et elles opposeront une résistance passive, c’est dire qu’i faut réagir tant qu’il est encore temps. Mais on parle, on s’agite, on refait le monde et pendant ce temps-là, les choses occupent le terrain. On a beau dire : mais c’est pas possible de se laisser envahir par tous ces machins, on se laisse faire, c’est obscène. Sauf que c’est trop tard, on ne peut plus rien faire, les choses sont là depuis si longtemps qu’on ne sait même plus si elles font partie du décor.

Je n’ose imaginer la suite si on persiste dans ce qu’il faut bien appeler  le bordel qu’on n’a pas su empêcher. Tous ces trucs, ces machins, ces bidules, tout ça, quoi, qui est là, ça va donner quoi ? Je vous le demande, ça va donner quoi ? Vous ne savez pas ? Pour sûr vous ne savez pas, cest bien ça le problème.

  Fallait peut-être faire le ménage quand il était encore temps.

  Ça n’aurait rien changé.

  Peut-être mais tout de même, ça donne de la perspective quand on enlève tout ça qui traîne de partout, ça dégage l’horizon.

  Pour un temps.

– Oui mais c’est déjà ça de pris un temps, ça permet de voir venir.

– La chose ?

– Oui, la chose.

 

Extrait de Grain à moudre,

Editions Hesse, 2009

 

François Minod

Francopolis – Mai-Juin 2020