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Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

Libre parole à

Mireille Diaz-Florian

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifJanvier - Février 2020

 

 

La geste de l’écriture

 

Comme une dédicace.

 

Saisir comme un jeu – ou une nécessité ? – une vieille enveloppe. Chercher en vain dans le sac, un stylo. Puis le carnet oublié. Ou alors, faire glisser sur l’écran lumineux de l’Iphone le clavier tactile. Il y a quelque fébrilité aux gestes de l’écriture.

Ou serait-ce une urgence ?

Écrire dans ce café de la galerie Verot-Dodat dont la lumière jaune adoucit le contour des choses. Apercevoir dans mon champ de vision un reflet sur le comptoir cuivré du bar. Sentir sur soi le regard intrigué du garçon de café, impeccablement sanglé dans le tablier blanc qu’exige le décor. Tenter de saisir dans un kaléidoscope de sensations, la brèche où je peux m’engouffrer. Arrêter en plein élan, les mots griffonnés. Les plier soigneusement à sa volonté. Écrire. Là. De suite. Oui. Merci. Un Darjeeling avec, oui, un peu de lait. Accepter un court instant la beauté du mot Darjeeling et revoir avec une précision presque douloureuse, les collines de thé du Sikkim.

S’arrêter sur cette image offerte.

J’aurai auparavant suivi le mouvement de la rue, enregistré les sons qu’organise le rythme urbain. En franchissant un pont, j’aurai senti la légère vibration du tablier, au passage de l’autobus. Sans jamais quitter du regard le glissement des façades grises, entre le pont de Bercy et le pont d’Austerlitz, j’aurai sondé les cœurs des passagers, dérobé dans leurs paroles, des bribes de leur vie, pour les coller dans mon espace mental. M’en imprégner pour écrire. Plus tard. Ou jamais. Je ne saurai rien de ce qui surgira, alors, de tant de vies condamnées au rapt de l’écriture. J’aurai à mes côtés, mis entre virgules, Cendrars et Apollinaire, compagnons fidèles de mes déambulations.

Leurs poèmes assaillent nos mémoires.

Maintenant, je serre de près la ligne des mots. Ils sont tous là. Je m’engage à les suivre. La nuit est tombée. La lumière des phares s’enroule doucement en volutes sur l’asphalte. Alors sonne l’heure des rencontres attendues. Pourquoi, soudain ai-je peur que Michel ne trébuche dans une rue, à Paris ? Pourquoi suis-je sûre d’apercevoir, au pied du ginko du jardin des Plantes, François le rêveur conscient. Sans doute parce que, au même moment, Éliette s’est engagée, elle aussi, sur un chemin caillouteux des Alpilles. Et plus loin encore, dans l’ordre immuable des méridiens, le jour tendra sa blanche toile à la fenêtre de Gertie. Au moment précis, où j’ai aperçu Dana devant son ordinateur, mon téléphone a sonné. La voix douce de Dominique m’a rassurée. Ils me tenaient la main.

Les Francopolisiens.

©Mireille Diaz-Florian

 

Photo de l’hiver au Québec… par Gertie Millaire

Merci, Mireille, de tes pensées pour chacun de nous ! Éparpillés de par le monde, mais unis au cœur de cette équipe au développement durable…

Les Francopolisiens

Mireille Diaz-Florian

Francopolis – Janvier-Février 2020