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Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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 GUEULE DE MOTS – ARCHIVES

(2010-2017)

 

 

GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifSeptembre - octobre 2018

 

Libre parole à

Michel Ostertag

 

Il s’inventait des rues de Paris


 

I

 

Il s’inventait des rues de Paris,

Comme ça pour s’amuser,

Se distraire. Des rues qui 

Ne conduisaient nulle part.

Des rues sans voiture,

À l’abri du soleil,

Des rues où les commerçants

Étaient toujours souriants

Et les filles éternellement

Jolies quelles que soit les saisons

Des rues qu’on ne voulait jamais

Quitter et qu’on parcourait

Plusieurs fois dans tous les sens.

Des rues où les enfants jouaient

Sans aucune peur aucune

Des rues où il aimait se souvenir

Les jours de grand spleen.

Des rues où revenir était le meilleur

Traitement que la médecine

Pouvait lui proposer.

Des rues parfois étranges

Où s’y aventurer était quelquefois

Dangereux, surtout le soir

Mais des rencontres surprenantes

De filles aux talons hauts

Pouvait égayer le restant d’une vie.

Il s’inventait des rues de Paris

C’était comme une seconde capitale

Où il renaissait à chaque fois.


 

II

 

Il s’inventait des rues de Paris

Au nom rigolo

Comme la rue aux clowns

Où à chaque porte cochère

Un clown jouait son numéro

Et les arceaux volaient

Et les baguettes fendaient

Le ciel si léger que les oiseaux

Hésitaient à s’y promener.

Les rires se communiquaient

De clown en clown

En une large farandole

Soutenue par les rires

Des enfants.

 

 

III

 

Il s’inventait des rues de Paris

Et celle qu’il préférait était

La rue aux amoureux.

Rue où tous les amoureux

De la capitale se donnait

Rendez-vous pour s’embrasser

Se cajoler, se caresser.

À chaque porte cochère

Une idylle se concrétisait,

Un avenir s’ouvrait…

Tous  ces instants

Marqueront à jamais

Ces couples de la tendresse

Et lui si heureux à l’idée

De voir tant de bonheur

Présenté à la fois.

 

 

IV

 

Il s’inventait des rues de Paris,

Des rues aux façades

Grandes ouvertes sur la ville,

Des façades hautes et larges

Occupées par des peintres, seulement des

Peintres et au travers

Des vitres on regardait

Les tableaux peints, les sculptures

Sur chevalet. On s’arrêtait,

On mettait une main

Au-dessus des yeux

Pour mieux scruter l’arrière-atelier

Et apercevoir le nu d’un modèle

Qui posait pour une œuvre.

 

 

V

 

Il s’inventait des rues de Paris,

Ces jours-ci, c’était une rue aux livres,

Une rue aux bibliothèques et librairies

Les unes après les autres, à chaque n°.

Un lieu de lecture et de discussion.

Et aussi à chaque banc une pile

De livres offerts à tous les visiteurs.

Il suffisait de s’asseoir,

Choisir un volume, s’en saisir, l’ouvrir et lire

Jusqu’à la tombée de la nuit.

Parfois certains prenaient

La parole et lisait à haute voix

Poèmes ou récits d’aventures.

Le temps s’écoulait ainsi, paisible

À l’ombre des livres.

Dans une douce poésie.

 

 

VI

 

Il s’inventait des rues de Paris

Des rues à choisir selon son inspiration

Son humeur du moment, ses envies.

Par exemple, la rue des guirlandes

Si fleurie, si pimpante, une rue encadrée

De tout son long de guirlandes

Multicolores  et d’une longueur

À nulle autre pareille.

Les gens dansaient à voir ce décor

Ils se prenaient la main

Le sourire aux lèvres

De farandole en farandole

La rue donnait une image

Sans équivalence

D’amour et d’amitié.

 

 

VII

 

Il s’inventait des rues de Paris,

De celles qu’on reconnaissait

Au premier abord, à l’air ambiant,

À l’odeur qu’on y respire,

À la chaleur de ses bouches de métro.

À la première goutte de pluie

Qui roule sur le trottoir

Pour s’évanouir au détour

D’un carrefour.

À la première neige tombée

Du ciel parisien, déjà fondue

Avant même de toucher le sol.

Au premier rayon de soleil

D’un jour de printemps,

Au premier baiser d’une amante

À son amant.

 

 

VIII

 

Il s’inventait des rues de Paris,

Des chemins sinueux, des courettes

En enfilade, des portes qui donnaient

Ailleurs, dans une autre rue,

Dans un autre arrondissement.

Rien n’était jamais assez inconnu

Pour lui, assez nouveau. Son regard

Devait être surpris, intrigué.

Alors, il s’inventait des chemins

Connus de lui seul et qu’il lui était

Souvent impossible de reprendre

Quelques jours après, sa mémoire

N’ayant pas retenu toutes les traverses

Qu’il avait emprunté.

Alors, il se créait d’autres pérégrinations,

Au jour le jour, sachant que ce jour

Sera peut-être unique et que demain

Il aura tout oublié.

 

©Michel Ostertag

 

 

Septembre-octobre 2018