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 GUEULE DE MOTS –ARCHIVES

(2010-2016)

 

 

GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en ce début 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifCe mois de JUIN 2017

Libre parole à…

 

Michel OSTERTAG

Paris - Poèmes

Sacré Cœur

 

Maman j’ai le vertige

je m’accroche à la rambarde

de la coupole du sacré Cœur

de Montmartre j’ai le cœur qui bat

la chamade tous ces escaliers

qu’il a fallu grimper un à un

pour se hisser jusque là

et maintenant je peux pas

regarder en bas ces gens qui vont

et viennent dans la nef petits ludions

minuscules que j’entends en un

brouhaha il faut que je redescende

au plus vite maman j’ai peur

appelle la Sainte Vierge fais quelque chose

au plus vite j’ai envie de vomir

pourquoi ne suis-je pas rester en bas

avec les autres…Je n’écouterai plus jamais

les adultes.

 

 

 

Les gens

 

Les gens

qui viennent

et repartent

sans rien dire

sans rien montrer

de leur humeur

de leur mauvaise

humeur

ou de leur bonne

humeur

qui vous disent

seulement

bonjour

puis bonsoir

et ceux qui ne disent rien

ou à peine rien

qui tirent une tronche

pas possible

ou alors

une banane au visage

qui voudraient engager la conversation

avec vous

et qui n’osent pas, trop timides

qu’ils sont

et vous qui ne faites que regarder

tous ces gens si différents

et uniques, en somme,

vous qui les regardez

aller et venir

en tous sens

en vous demandant

où vont-ils tous

ces hommes et femmes,

enfants, vieillards,

laids et beaux,

à jeun ou ivres,

ivres d’amour ou

de fatigue, d’espoir

en une vie meilleure

en une vie autre

plus humaine, ouverte,

fraternelle

mais il ne faut pas rêver

prendre des vessies pour des lanternes

ne pas imaginer changer le monde

mission impossible

sinon ça aurait été fait

il y a longtemps

faut pas rêver.

Tous ces gens finissent par disparaître

dans les trains, les métros, les voitures

et rentrent chez eux.

Ces gens, tous les gens,

s’anonymisent,

l’esprit vide

devant la télé. Les voilà prêts

à se gaver jusqu’au soir

d’informations dont ils se foutent

comme il n’est pas permis,

de téléfilms sans surprise

qu’on oublie le matin même,

Kleenex modernes,

indispensables à l’équilibre.

Et le lendemain, ils repartent

À l’usine, au bureau,

Ou ils restent chez eux,

Et quand sonnent onze heures,

Certains vont pointer à Pôle Emploi,

par nécessité, par habitude,

cela fait tellement longtemps

qu’ils ont oublié comment c’était

le travail.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifpour Gueule de mots Juin 2017 :


Michel Ostertag