http://www.francopolis.net/images/gueuletitle.jpg
Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

ACCUEIL

 

 GUEULE DE MOTS –ARCHIVES

(2010-2017)

 

 

GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifJANVIER - FÉVRIER 2018

 

Libre parole

à François Minod

 

À suivre

 

On va voir comment on va faire pour faire tenir tout ça.

C'est pas gagné.

Heureusement d'ailleurs, sinon à quoi bon !

Le plus dur tout de même, c'est de décider. Après ça, bon an mal an, on s'accroche, on déplie le programme, et on s'affaire à son affaire. Sans trop penser à l'échéance. Ça va comme ça ? Peut mieux faire ? C'est ça hein que vous pensez ? Peut toujours mieux faire, mais à quoi bon, quand on sait.

Tout de même…

Il faut faire de son mieux, je sais, je sais. C'est la règle non dite, non écrite, faire de son mieux quoi qu'il arrive. Et il arrive.  

Ça avance bien, non ? On a un peu précisé les choses, on va faire du bon travail, j'en suis convaincu.

Ne surtout pas se poser de fausses questions, tenir son cap, le reste c'est de la littérature.

Le reste ?

Oui, enfin, entendons-nous, quand je dis littérature, je me comprends.

Parce que ce qu'on fait là, en ce moment, ce n'est pas de la littérature ?

Non, pas vraiment, ce sont des mots, ou plutôt des perles que l'on enfile.

Du bla-bla, quoi ?

Oui, en quelque sorte du bla-bla pour détourner l'attention du lecteur.

– Dans quel but ?

Dans un but de salubrité publique.

Expliquez-moi ça, je crains de ne pas vous suivre.

À quoi bon ?

Mais je suis impliqué dans cette affaire.

Et alors ? Vous croyez que tous les gens impliqués connaissent les tenants et aboutissants de leur action.

Tout de même ! Ils sont informés a minima.

Quel naïf vous faites.

Je ne vous permets pas.

Bien, bien, on ne va pas en faire un fromage, je vais vous informer a minima pour reprendre votre mot.

Je vous écoute.

Eh bien, voyons voir, il s'agit de faire croire au lecteur qu'on va lui raconter une histoire, vous me suivez ?

Jusque-là, rien à dire, continuez.

Lui faire croire donc qu'on va lui raconter une histoire et faire durer son attente au maximum.

Dans quel but ?

Comme ça pour rien.

Et alors ?

Alors, il va lire, dans l'attente de l'histoire à venir.

Quel intérêt ?

Aucun intérêt, si ce n'est...

Quoi ?

Stimuler son attente.

À la bonne heure. Et pourquoi ?

Pour qu'il savoure d'autant mieux l'histoire à venir.

C'est ce qu'on appelle le teasing en publicité.

Oui, mais peut-être n'y a-t-il pas d'histoire à venir, peut-être que l'histoire c'est cette attente.

L'histoire d'une attente ?

En quelque sorte, oui.

Godot, quoi.

Indépassable Godot.

À suivre, donc...

 

 

François Minod

in Tant que les mots disent, Editions Hesse, 2013

 

Janvier - février 2018