http://www.francopolis.net/images/gueuletitle.jpg
Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

ACCUEIL

 

 GUEULE DE MOTS – ARCHIVES

(2010-2017)

 

 

GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifMars – Avril 2018 (1)

 

Libre parole à

François Minod

 

Z’avaient qu’à le dire

 

Z’avaient qu’à le dire qu’y pouvaient pas venir, c’est vrai quoi,

z’avaient qu’à nous prévenir. Au lieu de ça rien du tout, ils nous laissent comme ça,

sans nouvelles.

On se faisait une joie de les recevoir dans notre petit machin.

On avait sorti la toile cirée et tout le tralala, le tralala itou.

Et même les cacahouètes.

On s’était préparés à l’intérieur, on avait mis nos habits de fête.

Et sont pas venus. Même pas prévenus. Rien.

Alors on fait quoi nous maintenant ? On range tout ? On plie tout ? On ferme ?

Et on reste entre nous à l’intérieur.

De toute manière, viendront plus, c’est trop tard, faut se faire une raison.

Viendront plus à l’intérieur. Sont restés là-bas entre eux, à l’extérieur.

Z’ont pas osé, c’est ça que je dis, z’ont pas osé se compromettre.

Z’ont dit oui au début. Puis z’ont réfléchi.

Se sont dit qu’y pouvaient pas accepter.

Que si on les voyait. C’est ça qu’y se sont dit. Si on les voyait.

Oui à l’intérieur.

Z’ont dû se raviser.

Peur des conséquences. Des qu’en dira-t-on.

Eh bien qu’ils y restent là-bas à l’extérieur.

Nous on va continuer entre nous comme d’habitude. Notre petit train-train,

nos petites affaires. On va continuer.

Sans eux. A l’intérieur.

 

 

François Minod

in Au fil de l’autre, avec des monotypes de Catherine Seghers, 

Éditions Hesse, 2010

 

Mars - avril 2018