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Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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 GUEULE DE MOTS – ARCHIVES

 

 

GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifSeptembre - octobre 2018

 

Libre parole à

François Minod

 

BLEU

 

Le ciel est bleu, la mer est bleue, le soleil est bleu,

                              il pleut.

 

 

ENTRE LES LIGNES

 

– Ajoutez un peu d’aromates à vos mots, c’est trop sec. Mettez-y du poivre, de la ciboulette et pourquoi pas un petit piment de Cayenne. Vous verrez, vous y gagnerez.

Aussitôt dit aussitôt fait.

– J’ai mis dedans ce que vous m’avez dit, mais entre

les lignes, que mettre entre les lignes ?

 

Silence.

 

 

L’HOMME PRESSÉ

 

Alors qu’il s’apprêtait à descendre les escaliers, les

marches se mirent à se contracter, se rétrécir, formant

de larges rides de béton. Les marches, convulsivement

remuaient en tous sens. L’homme pressé se

résolut à prendre l’ascenseur. Il appuya sur le bouton

d’appel, son doigt fut aspiré, puis son bras, puis

tout son corps. L’homme était pressé.

 

 

LA PRISON

 

On peut s’évader d’une prison, il y a un risque.

On peut rester en prison, il n’y a pas de risque.

On peut rester en prison et s’évader,

il n’y a pas de risques en apparence,

en apparence seulement.

 

 

LA PENDERIE

 

La maison était petite, très petite. Pouvait-on d’ailleurs

parler de maison ? Il n’y avait qu’une petite

pièce ; peut-être ne s’agissait-il même que d’un placard

ou d’une penderie dans un placard ? Oui c’est

cela, il ne s’agissait que d’une penderie dans un

placard. Une penderie où étaient alignés des cintres,

une multitude de cintres sur une tringle métallique.

La tringle était bien mince et ployait sous le poids

de tous ces cintres qui gesticulaient et se cognaient.

La tringle ployait, se courbant comme une vieille

dame. Il y eut un courant d’air.

La porte de la penderie claqua.

D’aucuns émettent depuis des hypothèses.

 

©François Minod

Septembre-octobre 2018