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Pieds des Mots : Archives

 

PIEDS DES MOTS
Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...

Le principe des Pieds des mots
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage...

 

Janvier - Février 2020

 

Petite suite nocturne pour harpe et/ou mandoline…

 

Poèmes inédits de Dominique Zinenberg

 

 

Le soir a baissé ses paupières dans un cerne d’argent

             et le pinceau aquarelle est barque frêle agitée par le vent

Nacelle de nuages formant gîte pour rêveurs

                                (avec ou sans mandoline)

 

Le soir avance, encore presque bleu. Il emprunte un chemin de moire

et fait attendre un peu la nuit

qui se froisse.

 

Robe à présent défaite, aux reflets noirs,

Robe déjà parfaite, scintillante d’étoiles,

qui est coulée d’encre à donner de quoi passer

la nuit à ceux qui oublient de dormir

et forent jusqu’à l’épuisement

le roc des pensées,

la grotte des sens,

le puits des songes,

avec un outil fin de ciseleur,

                               (comprenant diérèse)

un talisman d’oubli,

totem protecteur

formant cocon musical,

privé, secret, inconnaissable

 

L’abandon à la nuit offre sa passion.

 

***

 

Le dessin d’une harpe remplit la page du ciel

C’est un dais sombre aux franges dorées

Serait-ce un châle pour prier ?

La nuit-harpe pince les cordes en myriades d’étoiles,

Elle n’est qu’un écho diffracté de syllabes lyriques,

Mains légères volant sans presque rien toucher

Un trait d’arpèges sur l’horizon qui flotte

Et onde qui ricoche dans la conque du songe.

La partition est parchemin pérégrinant dans les airs

Les notes, un trait d’infini, une arche d’anges venus exprès

Comme lorsque le chantre fredonne

C’est la voltige et l’émoi

L’interprète affronte l’impossible

Et ne trébuche pas.

Soudain des strates d’études jouées et rejouées

Déferlent en pluie ardente,

Et la Joie oubliée, revient.

 

***

 

C’est au centre de l’arpent qu’une aura bleue renvoie tout le reste dans l’ombre.

Dans l’aura bleue, un musicien joue de la harpe.

Et rien n’existe plus.

Ni même le chagrin, ni même le battement du cœur.

Dans l’œil du peintre, n’existe plus que la silhouette au fusain qu’il dessine.

Gestes sûrs, notes magiques envolées qui semblent vivre sur le papier ouaté, blanc cassé.

On frôle des lèvres la musique.


Elle cerne le cercle bleu, devient puits de transe.

Sur la margelle, le peintre saisit on ne sait quoi d’inaltérable dans les mains qui glissent.

 

Pour faire diversion, hors du cercle de feu,

Fragile, insouciant ou téméraire,

Notre Pierrot lunaire joue de la mandoline pour sa Colombine bien aimée,

Sa Colombine de toujours

Et rien n’existe plus.

 

La vie de Colombine se dilue dans les sons de l’aura bleue, dans les sons des notes noires et blanches Du hors champ, hors arpent

De son amoureux au cœur battant, aux nuits chagrines.

 

©Dominique Zinenberg

 

 

Dominique Zinenberg

Janvier-Février 2020