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Pieds des Mots : Archives

(2010 – 2016)

 

PIEDS DES MOTS
Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...

Le principe des Pieds des mots
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage...

 

MAi-JUIN 2018

 

Délires d’eaux fortes

Poèmes inédits de Dominique Zinenberg

 

Tableau de Pierre Zinenberg

        Tulipes

 

Le bouquet est là :

tulipes mauves,

un rêve porcelaine.

 

C’est fragile

déjà menacé.

 

Autour, un vide

une fébrilité, des larmes.

 

La nature morte est dessein enserrant le cadre.

Un dessein large et grand.

 

Pour peu tout cela égarerait

jusqu’à la déraison.

 

Le monde perd-il pied ?

 

Une inquiétude dessine son trait de feu.

 

Le bouquet

s’absorbe dans la sérénité

de ses nuances.

 

 

Un jour-dahlia

 

Des dahlias rouges

giclant

d’arabesques crochues

 

vase incendié dans le bûcher du ciel

 

ô ces jardins-hallucinés

fleurs mescalines

pourpre-sang

 

encres

genèses

délires d’eaux fortes

 

sur l’herbe Véronèse

pétales cramoisis

saccagés

vent qui cingle

farouche et doux

Henri Michaux

Œil

 

Poésie

 

D.Zinenberg-MaiJuin2018-2

 

Célébrer l’herbe

 

Expressément célébrer l’herbe

l’herbe menue mousseuse et dense

l’herbe voltige et pirouette

dessinée par le vent

fragile comme un songe

et parfumée de terre

l’herbe éperdue qui chatouille

si douce ou acérée, si coupante,

l’herbe qui rafraîchit, gorgée de pluie et de rosée

sur les talus, près des arbres, dans les prés

avec les vaches, les chevaux, les moutons,

l’herbe des alpages, si verte et piquetée de pâquerettes

et boutons d’or,

l’herbe des jardins (ô les mauvaises herbes que l’on arrache !)

c’est frais d’enfance à portée de regard,

c’est empreinte de grâce,

pas de nymphe                                    allant dans la force du jour,

pied nu,

dans l’insouciance…

Et l’herbe chante pour le nuage et la pierre, pour l’arbre et l’oiseau

pour le serpent furtif,

elle chante, traversant les temps,

traversant l’aube et le soir,

et la nuit des nuits

l’antienne secrète

                                                      du babil des fées.

 

 

Roses trémières

 

Les roses trémières de la rue Potard

ont suspendu leur souffle

et ralenti leur nuit.

Unies à la pierre, aux pavés,

elles tiennent, verticales et altières,

et solidaires du rêve des passants

qui chaque jour les saluent,

heureux, un instant, de les voir

vaillantes encore,

elles sont roses trémières et étendards

de résistance et de beauté.

 

D.Zinenberg-MaiJuin2018-4

 

 

©Dominique Zinenberg

textes et images

 

 

MAI-JUIN 2018