Vivre, oublier
la mémoire en eau trouble
cernée par une pluie tenace
sombre.
Pouvoir d’oubli,
abîme.
Le tremblé de ce qui demeure
ou tel brouillard rémanent
est équivoque et vertige.
La pluie d’oubli
gicle
au rétroviseur
Nul
essuie-glaces
pour percer
l’horizon glauque
qui échappe.
Reste-t-il quelque chose
à creuser
sur la route
du souvenir
où se fragmentent
nos visages ?
*
Je garde au creux des mains
le silence des sources
la poussière de l’étoile
circulant
les lucioles palpitantes.
Rien qu’un rayon
un pleur
un souffle.
Tu es ange effleurant la joue
de l’enfant.
Tu es passage
ô messager
au creux de ma paume
et clarté.
Viens !
Enjambons ensemble le printemps
Foulons les herbes hautes, les
prairies de chardons
et boutons d’or.
Embrassons tout ce vert qui frémit dans le vent.
Mangeons des yeux ces verts innombrables
Buvons ces pluies
Soyons nuages et
arcs-en-ciel
ou bien ces vaches brunes et
blanches nonchalantes
et repues,
soyons cette eau du fleuve qui respire
ou ces oiseaux qu’on entend dans les
arbres
ces buissons odorants quand on passe
et le passage aussi,
cet entrain en cascade en fusion en
émoi
comme si l’air enjambait avec nous
le printemps
Viens !
La folie n’attend pas
Il nous faut la saisir
Puisque tout fuit
même quand c’est là !
Puisque tout fuit
et que tout nous échappe !
Nous marcherons vers le rêve
infini
dans la nuance éblouie du printemps.
©Dominique Zinenberg
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