Marée
noire
Je n’ai plus de calme dans les yeux,
plus de calme au cœur.
Marée noire de silence
Marée noire.
C’est ici, maintenant, le saccage des flots,
des rivages.
Pluie d’acides sur toi, océan, sur vous
goélands,
tristes oiseaux des mers,
sur vous poissons à l’agonie
et algues portées disparues,
coquillages pollués !
Les anses, les rochers, les plages, les marées
bientôt gluants, fétides.
On aura beau hurler
On aura beau pleurer larmes de mer,
rien n’y fera plus,
on remplira la besace d’oiseaux
morts, de poissons sans vie
l’épave rouillera libérant ses déchets
mortels
sa pestilence,
pour tant de mois, pour tant d’années
la beauté ravagée et le ressac noir
pétrole,
préparatifs de deuils dans d’obscurs
linceuls.
Le 15-03-19
L’arbre penché
C’est l’arbre penché,
l’arbre-paon ouvert et rond
donnant ombrage et éventail
et chapeau bas
recevant les passants,
les accueillant au seuil de sa
demeure,
leur assurant le gîte et le couvert,
un nid de paille, une becquée
d’écorces,
une vue plongeante sur la Seine,
et le plus beau panorama du monde
avec en plus un concert gratuit
d’oiseaux perchés
ivres de trilles et de clarté
C’est l’arbre penché
gardien de vos rêves
qui se plie en quatre
pour vous servir et pour vous
plaire
Il penche dans le matin bleu,
il penche dans la brume
et par tempête et canicule
il s’est sculpté tout seul
à la Giacometti
Chapeau bas,
vieil artiste
pour ton penchant
à résister
aux vents mauvais
qui emportent !
Le 28-03-19
©Dominique
Zinenberg
|