1
Je ne déclarerai
que la fatigue de ce jour
aujourd’hui.
Celle de l’enfant serré contre sa mère
dans l’indolence de l’amour
Et celle infrangible
de l’âme.
La fatigue est cet exil
qui éloigne de tout.
Elle est un drap de plomb
sur le corps.
Elle nous prévient
pour le néant.
Elle ferme nos yeux, notre cœur
et l’esprit.
Et comme elle rend
Indifférent ou insensible !
La pensée est voix si lointaine :
Ne vient-elle pas d’un autre lieu,
N’est-elle pas crique ou conque
De secrète lumière ?
Un autre lieu traversé d’oubli
et d’éclairs
lieu inconnu émergeant
au moment de la défaillance
de la voix,
du vertige du cœur,
de la claudication de l’esprit.
Et n’ai parlé
en ce jour
n’ai avoué, aujourd’hui,
que l’insatiable fatigue qui me
prend !
2
Signe, sourire, silhouette
L’air a son caractère
Le vent a son mystère
Geste, foulée, grâce, élégance
Le feu est rêve et force
L’eau n’est qu’une apparence
La terre, sagesse et silence.
Qui croirait ces paroles
Qui a connu tempêtes et ravages ?
Le ciel a ses nuages et sa folie
La mer, ses tsunamis
La terre, ses magmas
Le feu, sa violence !
Et l’on voudrait signes légers, voiles et silhouettes
Rêver d’envols et d’éthers
Des galets ronds, les coquillages,
Un doux zéphyr et
Cet azur, au loin, parfait
Dans des parfums de paradis !
3
C’est une autre musique
Une musique d’une autre langue
Qui m’enveloppe.
Elle m’a troublée
Comme un rendez-vous
Amoureux.
Musique-parfum pourpre et cramoisi
Des mots d’ailleurs frissonnent
Dans le sang
Martelant son rythme d’épices.
Ce sont des oui à qui mieux mieux ces mesures folles
Claquant dans l’air diaphane
Comme un drapeau de liesse.
De brutales couleurs,
De soudaines vapeurs
De café et de rhum
De cigares et moiteurs
Délirent en moi :
C’est le Cuba de Padura !
©Dominique
Zinenberg
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