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Pieds des Mots : Archives

(2010 – 2016)

 

PIEDS DES MOTS
Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...

Le principe des Pieds des mots
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage...

 

MARS-AVRIL 2018

 

Un autre lieu… une autre musique

Poèmes inédits de Dominique Zinenberg

 

 

1

Je ne déclarerai

que la fatigue de ce jour

aujourd’hui.

 

Celle de l’enfant serré contre sa mère

dans l’indolence de l’amour

 

Et celle infrangible

de l’âme.

 

La fatigue est cet exil

qui éloigne de tout.

 

Elle est un drap de plomb

sur le corps.

 

Elle nous prévient

pour le néant.

 

Elle ferme nos yeux, notre cœur

et l’esprit.

 

Et comme elle rend

Indifférent ou insensible !

 

La pensée est voix si lointaine :

Ne vient-elle pas d’un autre lieu,

N’est-elle pas crique ou conque

De secrète lumière ?

 

Un autre lieu traversé d’oubli

et d’éclairs

lieu inconnu émergeant

au moment de la défaillance

de la voix,

du vertige du cœur,

de la claudication de l’esprit.

 

Et n’ai parlé

en ce jour

n’ai avoué, aujourd’hui,

que l’insatiable fatigue qui me prend !

 

 

2

 

Signe, sourire, silhouette

L’air a son caractère

Le vent a son mystère

 

Geste, foulée, grâce, élégance

Le feu est rêve et force

L’eau n’est qu’une apparence

La terre, sagesse et silence.

 

Qui croirait ces paroles

Qui a connu tempêtes et ravages ?

 

Le ciel a ses nuages et sa folie

La mer, ses tsunamis

La terre, ses magmas

Le feu, sa violence !

 

Et l’on voudrait signes légers, voiles et silhouettes

Rêver d’envols et d’éthers

Des galets ronds, les coquillages,

Un doux zéphyr et

Cet azur, au loin, parfait

Dans des parfums de paradis !

 

 

3

 

C’est une autre musique

Une musique d’une autre langue

Qui m’enveloppe.

 

Elle m’a troublée

Comme un rendez-vous

Amoureux.

 

Musique-parfum pourpre et cramoisi

Des mots d’ailleurs frissonnent

Dans le sang

Martelant son rythme d’épices.

 

Ce sont des oui à qui mieux mieux ces mesures folles

Claquant dans l’air diaphane

Comme un drapeau de liesse.

 

De brutales couleurs,

De soudaines vapeurs

De café et de rhum

De cigares et moiteurs

Délirent en moi :

C’est le Cuba de Padura !

 

 

©Dominique Zinenberg

 

 

MARS-AVRIL 2018