Cerner la montagne ou le
nuage ?
L’automne
sort ses couteaux,
J’ai
froid.
J’arrive
entre chien et loup :
heure où ne chantent plus les oiseaux.
Douleur
obscure montant des champs
descendant des montagnes
douleur usée des jours sales
aux feuilles mourantes, aux rouilles
pourrissantes.
Un
verre dépoli fait écran
brouillant le paysage
mémoire en bouillis,
forant le sang de l’enfance
c’est une haleine fétide
qui de loin revient
des revenants tapis dans les herbes,
dans les sillons sombres,
et ce géranium encore vivace
sur le rebord de la fenêtre,
une gifle d’odeurs mordantes.
*
Défaut de mémoire
ou abandon ?
Indécence
des souvenirs
panique-angoisse le rappel
des faits.
Exister
un tant soit peu
loin de …
Exister
même un instant
dans l’apnée de la poursuite
inlassable du bonheur
Plongée
dans l’écriture, cette mère-amour,
le poème.
*
La pluie tombait
la montagne alentour
Flammèches
à travers les brumes,
pinceau de l’automne
froissement.
Rien
n’empêchait
la torpeur
de m’envahir tout entière.
À peine comprenais-je
ce que je lisais.
Une
comète pourtant s’approchait, pénétrant notre monde.
Des
questions allaient nous surprendre.
La
pluie tombait
les yeux des savants brillaient.
*
Le brouhaha familial autour de moi
des récits sans lendemains
pour moi qui ne fais que passer.
Insolite
vue des montagnes par la fenêtre
feux des arbres, malgré le brouillard.
L’incendie
inonde l’automne
je me sens étrangère,
un léger vide
me livre à l’abandon.
*
Peupliers, bouleaux, trembles près
du lac
parfums fades d’eau douce
un jet d’eau, des canards, une
cascade naine
et partout l’herbe gorgée d’eau,
formant rizière.
Quelques
coureurs
parfois nous frôlent
nuages et filaments bleus surfilant
l’horizon
et peu d’oiseaux dans les arbres
jaunis.
L’hiver
appelle,
sa cape d’ombres sombres est prête,
la pourriture des feuilles
la boue et nos frissons,
la force sans pareille de son enclos
de fer,
à pas de géant foule le sol.
©Dominique
Zinenberg
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