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Pieds des Mots : Archives

 

PIEDS DES MOTS
Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...

Le principe des Pieds des mots
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage...

 

Novembre – Décembre 2018

 

Séjour à la montagne…

Poème inédit de Dominique Zinenberg

 

 

Cerner la montagne ou le nuage ?

L’automne sort ses couteaux,

J’ai froid.

 

J’arrive entre chien et loup :

heure où ne chantent plus les oiseaux.

 

Douleur obscure montant des champs

descendant des montagnes

douleur usée des jours sales

aux feuilles mourantes, aux rouilles

pourrissantes.

 

Un verre dépoli fait écran

brouillant le paysage

mémoire en bouillis,

forant le sang de l’enfance

c’est une haleine fétide

qui de loin revient

des revenants tapis dans les herbes,

dans les sillons sombres,

et ce géranium encore vivace

sur le rebord de la fenêtre,

une gifle d’odeurs mordantes.

 

 

*

 

Défaut de mémoire

ou abandon ?

Indécence des souvenirs

panique-angoisse le rappel

des faits.

 

Exister un tant soit peu

loin de …

Exister même un instant

dans l’apnée de la poursuite

inlassable du bonheur

 

Plongée dans l’écriture, cette mère-amour,

le poème.

 

                                                                  *

La pluie tombait

la montagne alentour

Flammèches à travers les brumes,

pinceau de l’automne

froissement.

 

Rien n’empêchait

la torpeur

de m’envahir tout entière.

 

À peine comprenais-je

ce que je lisais.

 

Une comète pourtant s’approchait, pénétrant notre monde.

 

Des questions allaient nous surprendre.

 

La pluie tombait

les yeux des savants brillaient.

 

 

*

 

Le brouhaha familial autour de moi

des récits sans lendemains

pour moi qui ne fais que passer.

Insolite vue des montagnes par la fenêtre

feux des arbres, malgré le brouillard.

L’incendie inonde l’automne

je me sens étrangère,

un léger vide

me livre à l’abandon.

 

 

*

 

Peupliers, bouleaux, trembles près du lac

parfums fades d’eau douce

un jet d’eau, des canards, une cascade naine

et partout l’herbe gorgée d’eau, formant rizière.

Quelques coureurs

parfois nous frôlent

nuages et filaments bleus surfilant l’horizon

et peu d’oiseaux dans les arbres jaunis.

L’hiver appelle,

sa cape d’ombres sombres est prête,

la pourriture des feuilles

la boue et nos frissons,

la force sans pareille de son enclos

de fer,

à pas de géant foule le sol.

 

©Dominique Zinenberg

 

Novembre-Décembre 2018