Libation de l’automne
coupes rouille
à boire sans compter
avec noisettes apéritives
feuilles de vigne farcies
dans un froissement de vent
un craquement d’écorce
et la larme inapaisée du ciel
dont l’œil engloutit les oiseaux
est libation d’automne
et goût amer aux Libanais.
Croquis dans le brouillard
d’un peuple en surimpression
qui cherche à la lumière d’un réverbère
un éclat de bonheur,
un reste de liesse
dans l’irisation des pavés.
Un aplat anthracite
interdit désormais
l’accès à la lueur.
Qui dort encore dans la ville
fracassée ?
Un amas de déchets, un goût de sang
La rouille, les souvenirs
ensevelis, les matelas crevés
les cèdres morts
les cernes sous les grands yeux
du peuple las,
sous le dais déchiré du port
à la débâcle
des cauchemars et des colères
montent,
les corps égratignés, les âmes suffoquées
convulsent
Qui a de quoi dîner dans la ville
exsangue ?
Qui sait encore chanter sous les bâches
au milieu des décombres
Que rien ne soulève plus ?
©Dominique Zinenberg
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