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Pieds des Mots : Archives

(2010 – 2016)

 

  PIEDS DES MOTS
Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...

Le principe des Pieds des mots
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage...

 

 NOVEMBRE 2017

 

Terrasses

par Mireille Diaz-Florian

 

Elles portent une robe échancrée

Elles dévoilent la rondeur des épaules

Elles n’auront plus jamais peur des insultes au visage

 

Elles se sont glissées dans la nuit

Elles traversent les rues désertes

Elles n’auront plus jamais peur d’un bruit de pas

 

Elles ont lâché leurs cheveux

Elles ont d’un trait accentué la séduction du regard

Elles n’auront plus jamais peur des couteaux sur la nuque

 

Elles sont assises en terrasse.

Elles écoutent les palpitations de la ville

Elles n’auront plus jamais peur des rafales d’armes automatiques

 

Ils les ont aperçues en terrasse

Ils ont croisé leurs regards

Ils se sont assis à leurs côtés

Ils ont caressé leurs épaules

Doucement

 

Ils ont écouté les palpitations du désir

 

 

©Mireille Diaz-Florian, octobre 2017

 

Épilogue

par François Minod

 

Voix enregistrée de l’un des personnages.

– Les gens, ils croient, ils passent leur vie à croire. On a beau leur dire que, ils continuent à croire. Au début, on se dit, bon ils croient mais ça ne va pas durer, on va être un peu patients, on va leur expliquer gentiment. Et puis, on s’aperçoit que ça dure, ils croient toujours. Et parfois ça s’accroît en vieillissant, comme si.

C’est cela qui est troublant. On a pourtant tous les arguments, eh bien, ils n’en démordent pas, ils persistent à croire.

Certains disent qu’ils ne croient plus, que c’est fini depuis longtemps et tout et tout.

Et pourtant quand ils sont seuls, loin du regard des autres, ils se remettent à croire, en douce, mine de rien. Je le sais parce que là où je suis, j’entends leur silence, je les entends tous dans leur silence.

Parfois, je les envie de croire, je les appelle même pour croire avec eux, mais ils ne m’entendent pas, car là où je suis, personne ne peut m’entendre.

Je me dis que je suis bien là où je suis à entendre tous ces gens dans le silence de leur foi.

Il m’arrive même de rêver que je crois et puis le rêve s’arrête, je redescends sur ma planète, et je m’engouffre dans ma nuit.

 

F. Minod, Toc à Trac, suivi de Le déplieur,

Editions Hesse, 2011

 

NOVEMBRE 2017