La promesse
Les années ont feuilleté, page
à page, tous les calendriers. Après ton départ, des flaques de silence ont
recouvert la route qui aurait pu nous conduire jusqu’à toi. Le ciel parfois
s’y reflétait, mais c’était sans compter avec la permanence des ombres
grises. Pourtant, tu avais choisi juillet, les étendues dorées des
tournesols dans la plaine, pour t’en aller.
J’ai feuilleté les albums
soigneusement classés sur les étagères d’une maison désertée. J’ai fouillé
ta correspondance pour tenter de déceler, dans le trait ferme de l’écriture,
une brèche à cœur ouvert. Mais c’était sans compter avec la permanence des silences
alourdis. Pourtant tu avais choisi juillet, la stridulation vive des
insectes dans la plaine, pour t’en aller.
J’ai feuilleté des carnets
d’adresses, d’année en année, pour te téléphoner. J’ai entendu ta voix,
celle que tu glissais, de plus en plus ténue, dans le combiné. Celle qui a
disparu. J’ai décidé d’en conserver toutes les vibrations. Mais c’était
sans compter avec la permanence des mortes saisons. Pourtant tu avais
choisi juillet, le frémissement du vent frais des temps d’orage, pour t’en
aller.
J’ai regardé une photo, oubliée
de nos enfances partagées, pour te parler. J’ai reconnu l’enfant, celui à
mes côtés, qui s’était engagé à me conduire, un jour d’été, jusqu’au delta.
J’aurais aimé te suivre là-bas, dans les sables pour traverser avec toi le
miroir des marais. Mais c’était sans compter avec la permanence des pièges de
nos mémoires. Pourtant tu avais choisi juillet, les éclats violents de la
lumière dans la plaine, pour t’en aller.
©Mireille Diaz-Florian
mai 2019
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