
L’échelle est contre le mur.
Un homme s’avance.
Au bord des toits, les tuiles vernies
se sont effritées sous la force du vent.
L’humidité alourdissait la chaleur.
L’homme était resté assis, longtemps, près de la fenêtre. Mais aucun
souffle n’animait la nuit.
Dans le port, les flancs des navires
de guerre luisaient comme de grands cétacés.
Au palais, inlassablement, on faisait
brûler l’encens autour de l’Empereur.
Derrière les paravents, on devinait
les silhouettes des concubines.
À l’aube, on percevait le froissement
soyeux des kimonos.
L’homme hésite encore sur le seuil.
Il fixe l’étendue immobile de la mer.
On y chercherait en vain le
soulèvement des vagues.
La lumière dessine d’un trait aigu,
le contour des toits.
La nuit venue, Jacob a posé sa tête
sur la pierre.
Il rêve au pays de Canaan.
Le scribe a un instant suspendu le
stylet.
Il cherche le mot qui fixera
définitivement sur le parchemin,
Le pas indicible de l’ange.
Puis son geste s’arrête avec la
fulgurance de l’explosion.
Il reste sur le mur
L’ombre de l’homme
Effacé
L ‘ombre de l’échelle
Appuyée.
Sur la page du Livre,
Seul demeure,
De Jacob
Le nom.
©Mireille
Diaz-Florian
Mars 2020
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