Il pleut. Ce n’est pas une averse, non, juste
une
petite bruine discrète, légère, presque
invisible.
C’est beau la pluie, la nuit, à Paris.
Ça convoque, ça évoque, ça effleure. La peau.
Et le
reste aussi.
C’est comme ça, la pluie, la nuit, à Paris,
ça vous effleure la peau et ça ruisselle dans
les plis du
temps. Du vôtre et du mien aussi.
Du nôtre.
C’est inscrit là sur la photo, ça brille de
toute éternité
sur le pavé mouillé, à la lueur du réverbère,
ça
scintille.
Et je les vois de dos, enlacés, ils marchent
dans la
nuit. Elle est blonde et sa taille est prise
par la
ceinture de sa gabardine. Il la protège sous
son
grand parapluie noir, il porte un chapeau noir
et
les volutes de fumée dansent dans la nuit
mouillée.
C’est beau la pluie, la nuit, à Paris.

Extrait de François Minod, Au
fil de l’autre, avec un monotype de Catherine Seghers, Editions Hesse,
2008.
|