Nocturnes 4
– Nuit...
– De Chine ?
– Non !
– Nuit câline ?
– Non plus.
– Nuit d’amour ?
– Non, non.
– Nuit d’ivresse alors ?
– Non, non, non.
– De caresse.
– Non, je vous dis.
– De tendresse ?
– Nooooon !
– De quoi, alors ?
– De rien du tout. Nuit ça suffit, pas besoin d’autre
chose.
– Sûr ?
– Certain.
– OK, je note, nuit. Point.
– Non, nuit tout court.
– Tout court, vous êtes sûr ?
– Oui, nuit, tout court, sans rien autour.
– Pas même une étoile ?
– Non, rien que la nuit.
– C’est noté.
Un temps.
– C’est tout ?
– C’est déjà beaucoup, non, nuit sans rien autour ?
– C’est noir.
– Tant mieux.
Un temps.
– Très noir.
– A la bonne heure.
Un temps.
– Aucune perspective à l’horizon.
– Et pour cause.
Un temps.
– Noir clair, peut-être ?
– Non, nuit noire, point final.
Un temps.
– Vous êtes sûr ?
– Oui, final, définitif.
Un temps.
– OK, je note, nuit noire, point final.
– Ce n’est pas la peine de l’écrire le point final.
– C’est vous qui m’avez dit.
– Oui, de le marquer mais pas de l’écrire en toutes
lettres.
– Juste un point alors ?
– C’est ça.
– Le point de la fin ?
– Exactement.
François Minod,
in L’homme au banc, Editions Hesse,
2013
|