I
Je signe d’un nom
qui m’efface
d’un nom-poussière
qu’un souffle
éparpille.
II
Vie dans l’oubli
brouillard intime où tout
chavire,
mémoire embryonnaire, fœtale.
Une pluie d’oubli
gicle,
gifle l’âme
ensorcelle.
C’est le savoir de l’oubli
si sûr, si absolu
parcelle d’innocence
lambeaux des chairs
un abîme d’étoiles.
Qu’en vain
la faille de mémoire
creuse son cerne
jusqu’à l’horizon étale,
puits d’ombre d’où tu reviens.
III
On les prend par brassées,
Le vent les soulève,
On les balaie,
On les jette au feu
Par milliers,
Elles gémissent et craquent.
C’est le brasier d’automne,
Clarté d’or et de rouille
Sur les collines et dans les
bois
Les souvenirs se taisent,
Les pluies n’ont plus qu’un goût
de terre
L’autodafé des feuilles
Crache une fumée âcre
Et sur les tombes
Au cimetière
Tout un embrasement
De chrysanthèmes et de fougères
De pensées et de véroniques,
De cyclamens et de bruyères
Chatoient au bord des larmes
Dans une danse de couleurs
Et plus loin
Les oiseaux
Chantent
Entre parenthèses.
IV
L’effacement
est souffle d’infini
je n’existerai plus
tu ne seras qu’une ombre
les traces s’enfouissent dans
les strates,
bure des siècles
écorchant les vivants.
©Dominique Zinenberg, décembre
2017
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