OFFRANDES MUSICALES
1
Le ressac des mots
C’est
L’intime du rythme.
Lame de fonds, saisie pélagique
de vie
(Et les ronces aussi, les
chardons de sentes pierreuses…montée des poussières … langue sèche,
cassante, fissurée d’absence : langue aride poudrée de sable
fossilifère…
Trouée
De douceurs soudaines.)
Ton pouls de haute mer bat la
chamade.
Il devient chantre écopant les
mots des dieux et jouant de la lyre.
Les sternes, les nuages dansent
dans l’infini.
Le bleu,
Le bleu drapant le monde
(Et ne témoignant de rien)
Rallie des souffles sans mesure
aux frontières mouvantes,
Frange irisée, haillons d’algues
et
Ne s’éloignant de nulle part,
Sauf à mourir dans les ors des
soleils,
Il est stance et stèle d’air
pour l’intime de l’œil.
2
Nulle traversée qui ne soit
souterraine
Sans
parapet et sans margelle
Sur les traces d’autres pas vers
d’incertains échos, vers les ruisseaux, l’herbe folle, le mica, les
coquelicots, la nuit les lèvres, d’autres peaux, des fièvres, des mensonges
et
Blancheur des falaises à même le
vaste ciel
Étroitesse
du pont qui conduit à demain ou à
D’autres saveurs : palmes
qui rêvent, danses qui aiment loin des guerres et
Jazz dans les tavernes bleues ou
sous les chênes… les sèves, les insectes,
Mais des peurs aussi et des
faims dans la main qui tremble.
Les sourires,
Cette recherche-là, dans cette
vie,
La pagaille des désirs,
Les sourires et violettes, les
syllabes et phonèmes (phalènes d’arrière-monde)
Odeurs de vie
la
rose la personne
Et les langues et monnaies qui
circulent…
Ornières de cruauté, le cri des
crimes, la bassesse
Et mer fulgurante
Coin des rues, les urines, les
vices, d’autres noces que les champêtres et joyeuses,
Les clairons, noces de sang,
La force de l’oubli
Déversoirs des puanteurs,
saisons de séismes et d’éboulis
Mais migration et oiseaux morts
dans la glu noire.
Sans
parapet et sans margelle
Je, faisceau et appels.
Je qu’importe
Dans les pas des autres
Si valises avec des cordes pour
tout biens
Sur la crête friable des
sentiers
Écuelles
vides,
Forêt, jungle et accents
lointains,
Pas furtifs,
Du sud au nord,
Le besoin,
Herbes folles,
Herbes folles,
Soir baigné de lune, pelouse
fraîche et rire boissons
Jazz ou chant qui passe (comme
un souffle sur d’autres berges)
Mais
Le relent des rats et de la
vase,
(Dauphins, baleines assassinés)
Vannes ouvertes : les morts
face au ciel,
Traversée souterraine où tout se
mêle.
Sans
parapet et sans margelle
Vent, séparation, oubli
En haillons les gens sans toit
En consternation, en effacement,
Jambes mutilées et rien au
ventre
Poissons morts sur les grèves
Et méduses bleues,
Désastre encore
Bouche criant et linceul de
boue, nuage et plaies en pluie
Mais dans l’instant
Oubli
(Herbe douce buissons
d’aubépines À l’ombre des
jeunes filles en fleur, chemins
d’abeilles par-delà massacres et solitudes, papillons oliviers dans l’ocre
de la terre, oliviers et bonsaïs, sourire colombes et enfants qui courent
et rient)
Et la pensée qui bruisse (proche
du rien)
Ombre,
Vent, séparation, oubli
Traversée souterraine
Sans
parapet et sans margelle.
©Dominique Zinenberg
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