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Pieds des Mots : Archives

(2010 – 2017)

 

PIEDS DES MOTS
Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...

Le principe des Pieds des mots
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage...

 

JUIN 2017

Poèmes inédits :

Dominique Zinenberg – François Minod – Mireille Diaz-Florian

 

1.          Dominique Zinenberg


OFFRANDES MUSICALES

1

Le ressac des mots

C’est

L’intime du rythme.

Lame de fonds, saisie pélagique de vie

(Et les ronces aussi, les chardons de sentes pierreuses…montée des poussières … langue sèche, cassante, fissurée d’absence : langue aride poudrée de sable fossilifère…

Trouée

De douceurs soudaines.)

 

Ton pouls de haute mer bat la chamade.

Il devient chantre écopant les mots des dieux et jouant de la lyre.

Les sternes, les nuages dansent dans l’infini.

 

Le bleu,

Le bleu drapant le monde

(Et ne témoignant de rien)

Rallie des souffles sans mesure aux frontières mouvantes,

Frange irisée, haillons d’algues et

Ne s’éloignant de nulle part,

Sauf à mourir dans les ors des soleils,

Il est stance et stèle d’air pour l’intime de l’œil.

 

 

2

 

Nulle traversée qui ne soit souterraine

Sans parapet et sans margelle

Sur les traces d’autres pas vers d’incertains échos, vers les ruisseaux, l’herbe folle, le mica, les coquelicots, la nuit les lèvres, d’autres peaux, des fièvres, des mensonges et

Blancheur des falaises à même le vaste ciel

Étroitesse du pont qui conduit à demain ou à

D’autres saveurs : palmes qui rêvent, danses qui aiment loin des guerres et

Jazz dans les tavernes bleues ou sous les chênes… les sèves, les insectes,

Mais des peurs aussi et des faims dans la main qui tremble.

 

Les sourires,

Cette recherche-là, dans cette vie,

La pagaille des désirs,

Les sourires et violettes, les syllabes et phonèmes (phalènes d’arrière-monde)

Odeurs de vie

la rose la personne

Et les langues et monnaies qui circulent…

Ornières de cruauté, le cri des crimes, la bassesse

Et mer fulgurante

Coin des rues, les urines, les vices, d’autres noces que les champêtres et joyeuses,

Les clairons, noces de sang,

La force de l’oubli

Déversoirs des puanteurs, saisons de séismes et d’éboulis

Mais migration et oiseaux morts dans la glu noire.

 

Sans parapet et sans margelle

 

Je, faisceau et appels.

Je qu’importe

Dans les pas des autres

Si valises avec des cordes pour tout biens

Sur la crête friable des sentiers

 

Écuelles vides,

Forêt, jungle et accents lointains,

Pas furtifs,

Du sud au nord,

Le besoin,

Herbes folles,

 

Herbes folles,

Soir baigné de lune, pelouse fraîche et rire boissons

Jazz ou chant qui passe (comme un souffle sur d’autres berges)

Mais

Le relent des rats et de la vase,

(Dauphins, baleines assassinés)

Vannes ouvertes : les morts face au ciel,

Traversée souterraine où tout se mêle.

 

Sans parapet et sans margelle

 

Vent, séparation, oubli

En haillons les gens sans toit

En consternation, en effacement,

Jambes mutilées et rien au ventre

Poissons morts sur les grèves

Et méduses bleues,

Désastre encore

Bouche criant et linceul de boue, nuage et plaies en pluie

Mais dans l’instant

Oubli

(Herbe douce buissons d’aubépines À l’ombre des jeunes filles en fleur, chemins d’abeilles par-delà massacres et solitudes, papillons oliviers dans l’ocre de la terre, oliviers et bonsaïs, sourire colombes et enfants qui courent et rient)

 

Et la pensée qui bruisse (proche du rien)

Ombre,

Vent, séparation, oubli

Traversée souterraine

Sans parapet et sans margelle.

 

©Dominique Zinenberg

 

2.         François Minod

 

Un filet de sang
perle
sur la commissure
de ses lèvres
Sa vie
S’écroule
Et se répand
Lentement
Sur la chaussée
La bouche
grande ouverte

Il gît
Au cœur de la ville lumière
Il sera embarqué
Et inhumé
Dans le carré
des indigents
Il est sans papier
Sans demeure
Sans histoire
C’est personne ?

***

Vieux bois
Usé
lambris
Décatis

Salpêtre


Plis
Froissés
Feuilletés
Fripés

Empreintes

Ca crisse
et ça sourit aussi
Dans les gerçures

Berceuse

Ça va
Et ça vient
Tic Tac
Tic Tac

Et puis ça s’éteint

***


Écoutez
Il est là
Dans le creux
Entre deux bruissements
Il nous attend
C’est personne
Le silence

©François Minod

 

 

3.         Mireille Diaz-Florian

A l’amie sans regard, je parle du printemps

 

Ton regard

Désormais

Se pose indifféremment sur le monde

Alentour.

 

Je dois te dire

Pourtant

Ce qu’il en est sur la rive

Ici.

 

Veux-tu

Encore

Savoir le mouvement des choses

Peut-être.

 

Je sais

Je devine

Que tu avances dans les couloirs

Vers où.

 

Mon regard

Pour toi

Se pose sur l’arbre en fleurs

Là.

 

Ma main

Doucement

Effleure le souffle du vent

Tout près.

 

Sens-tu

Maintenant

Le léger glissement du jour

Déjà.

 

Tu regardes

Ainsi

Tournée vers la lumière dorée

Enfin.

 

©Mireille Diaz-Florian

 

 

FRANCOPOLIS
JUIN 2017