|
Lud'hommage...
de ses amis
|
Témoignage
de Kelig
Je me sens
complètement retourné depuis j’ai appris ta mort. Je ne
m’en remets pas. C’est plus que du chagrin. Je sais bien que tous ces
mots que tous les mots n'y pourront rien, que ce ne sont que des mots
de « craie », face à. Ils sont impuissants… Mais je
les lance quand même, à la baille, avec mes tous mes
sentiments pour toi. Ludo, je ne sais pas si tu sentiras passer ma
bredouille en bouteille à la mer... J’espère, c’est tout…
Je t'aimais pour de bon, ça a duré et ça dure...
Par amour, par amitié, et puis tout.
A toi mon copain, Ludovic Kaspar, qui était quelqu’un qu’on
n’oublie pas. Quelqu’un qui aimait les gens, les blessés de la
vie, les écorchés, les bourlingueurs, les hors norme, les
originaux, les rêveurs, les doux, les sensibles, les
sincères, les fragiles, les femmes, les vivants, ceux qui se
posaient des questions, ceux qui aimaient les mots, les êtres,
les humains. Quelqu'un qui a été l’amant, et l’amoureux
de quelques-unes, l'ami de la poésie des gens, l’ami de
quelques-uns, de quelques-unes, et un véritable ami pour moi.
Ludo a été pour moi plus qu’un pote, il était un
poteau, un vrai copain. Je pensais souvent à lui… Tout le temps,
il me semble, nous sommes restés en contact presque jusque vers
la fin, sauf ces derniers temps malheureusement… D’un coup me prenait
l’envie, le besoin de l’appeler. Il était devenu quelqu'un
d’important, pour moi. Il avait pris une grande place, chez moi, il
faisait partie de ma vie. On se téléphonait souvent. Je
l’appelais, ou lui m’appelait. On se parlait du net, de ces histoires,
on riait. On riait beaucoup. On s’est confié, aussi, quelque
fois (nous ne nous sommes pas tout dit, nous n’avons pas eu le temps,
nous aurions encore beaucoup de choses à nous dire. Mais nous
nous entendions bien, nous nous sommes dits pas mal de choses, des
trucs essentiels...) On a parlé de Kerouac, par exemple,
d’autres auteurs, de livres, de poésie... De plein de choses, de
plein d’autres choses encore. De nos familles (des galères
vécues, des difficultés pour nous à vivre), des
gens, de nos rencontres... On parlait aussi de comment on vivait la vie
de tous les jours, ensemble. De la société, du point de
vue où on était, de notre situation, précaire
(surtout par la suite….) On rigolait. On râlait. On discutait. On
bavardait. Nous nous écoutions. Nous nous parlions. J'ai
voulu l'aider, j'ai essayé… Mais pour moi-même j'y
arrivais à peine, déjà… Et puis à distance,
c’est beaucoup plus compliqué, c’est progressivement devenu
impossible. Surtout quand la vie vous attelle. On a souffert, vraiment.
Lui plus que moi, sûrement. J'ai pleuré avec lui, avec
lui, aussi, quelques fois. Avec toutes nos blessures, toutes nos
souffrances, toutes nos richesses… Nous étions amis. Je pensais
à lui. Lui aussi, je crois... Même quand on était
loin...
La dernière fois que l'ai vu, c'était lors de mon
déménagement, en août 2006. Quelle épreuve !
Il était venu nous aider. On s'est tenu la main, c'était
fort tous ces moments qu’on a passés ensemble, hein Ludo ! On
s'est salué, à la fin. Il fallait y aller. Hein ma lolo.
MERCI LUDO ! MERCI POUR TOUT ! Je t’aimais ! Je t’aime, et je
t’aimerai toujours...
On s'est serré dans les bras, même, avant de nous quitter.
Entre nous, on s'est dit au revoir, intensément. Le cœur
soucieux, aussi, pas sûr de moi, avant de partir. Dans un coin de
ma tête, je doutais, je redoutais, pour moi, pour lui, et de m'en
aller (pour nous vu notre situation, puis et tout), et de le voir
partir... J'étais inquiet... On partait, on y allait (on allait
se manquer...) Lui aussi, il avait les boules, il m'a écrit,
avec quelques autres (coucou Thierry, compagnie), ils m'ont
envoyé une lettre. Longue lettre d’amitié de Ludo.
Génial, génial. Ludo adorait le partage, et donner... Et
il était capable de véritables actes d'amitié et
d'amour (n'est-ce pas hein, qu'il en a donné...))
Puis je n'ai pas pu remonter aller le voir. Il n'est pas descendu non
plus venir me voir, dans le Sud. Ni non plus en Bretagne. Ca n’a pas pu
se faire. C’est dommage. J’aurais tant voulu te le montrer, Lud’, mon
pays, que tu viennes faire un tour à Marseille aussi… La vie
n’est vraiment pas sereine, vraiment pas tranquille. On ne s'est plus
revus... Mais nous restions en contact, en relation. On
s'écrivait. On se téléphonait. On surfait... Mais
à distance. Dans la vie, nous étions en galère,
chacun à notre façon, chacun de notre côté.
Même s'il y avait le souci de l'autre, l'amitié, qui
continuait, qui était un lien entre nous. Je me souciais gros,
pour lui. Il était resté là-bas, dans sa ville
nouvelle – qui me rappelait quelqu’un d’autre, dans son HLM (mais aussi
il l'a choisi un peu, quelque part…. Il ne pouvait pas faire autrement,
de toute façon, il n’a pas pu faire autrement, ça n’a pu
être possible…)
Je l'ai vu plusieurs fois. Ca je le garde plutôt pour moi
(précieusement), et ceux qui l'ont connu. A quoi bon en parler
trop, là ? Ca on le partage dans la vie. Tout ce que je peux
dire, c'est que chaque fois que je l'ai vu il était formidable,
et simple, et on n'a passé des moments que je n'oublierai pas.
On était nous-mêmes, l'un avec l'autre, quand on se
retrouvait. Malgré nos failles, nos fragilités, nos
différences... Avec elles on vivait, on était, on se
voyait, on échangeait. En parole, en silence, on partageait une
après-midi, un film, une soirée, un concert, une marche,
un verre, on échangeait un sourire, un rire, un regard, une
parole, une complicité… C'était sympa, chouette, super.
Génial, même !
Je l'ai vu écrire, un peu... En dire quelques mots, mes
impressions, et une partie de mes lectures, puisqu'il était
écrivain (poète, écrivain et poète), et que
ça faisait partie de notre relation. Il dégageait
puissance, décontraction et aisance à la fois. Ecrivant,
face au clavier, ou face au papier. Il avait de l’assurance, mais il la
chassait de lui-même : il ne voulait pas l’entendre. Il buvait
trop de boisson, péché mignon ? Non, pas pour lui. Il
avait une voix aussi, qu’il l’habitait. C'était un doux, un
violent doux. Un violon dingue. De ses faiblesses, il y puisait des
forces. Avec ses fragilités, il allait, il faisait, avec
conviction aussi, il était. C'était un gentil en plus, et
un affectueux, dans la vie (il avait un chat, qu'il câlinait...)
Et il était plein d'attention, avec les autres, pour les
proches. Des gestes en écriture, il en avait aussi. Il savait
partager les mots. Plus loin que l'échange, il partageait sa
vie, au beau milieu de son écriture, avec sa solitude... Il en
gardait en lui, toujours un peu. Mais il avait même
dépassé ça. Il communiquait beaucoup, il en
parlait, des ses problèmes, de sa douleur, de ses souffrances,
avec quelques-uns, quelques-unes unes avec qui il se sentait en
confiance. Dans les mots qu'il écrivait, il donnait tout. Il a
tout donné de lui ! Dans la vie comme dans l'écriture, il
suscitait l’échange, la sympathie, l'intérêt,
la compassion (attention, pas de pitié s’il vous plaît, il
était fier. A raison. Et quand vous éprouviez un peu trop
ce sentiment là c'est lui qui vous en remontrait, et de quelle
manière… A son panache ! aussi. Malgré tout.), la
compréhension, l’admiration, le désir, l’envie, l’amour,
l’estime, l’amitié, l’émotion... Et il y répondait
aussi à l’échange, de façon
généreuse. Du moment que ça le touchait, que
ça l’interpellait. Il a vécu des relations riches, avec
plusieurs, même à distance... Mais hélas, il
attirait les emmerdes aussi, dans la vie réelle (la « vie
virtuelle » était une soupape, une échappatoire
aussi, avec le risque d’y basculer… Seule la vie réelle compte,
en définitive. Ludo en était conscient, du moins la
plupart du temps…) Avec sa façon d'être, si vrai, entier,
sincère. Il a eu beaucoup d'emmerdes, trop pour un seul homme.
C’est vraiment injuste, car il a donné plein de preuve de sa
bravoure, de sa volonté de s’en sortir, de vivre, aussi… Il ne
méritait de subir pas tout ça !
Emmerdes qu'il noyait dans l'alcool... Par choix parfois, un peu,
aussi, quand même, peut-être... Mais surtout parce qu’il en
était malade… Et parce que c'était trop dur, trop lourd
à supporter... Quand on en a tant sur le ventre et sur le coeur,
en dedans tant à attendre. Et puis qu'il s’est senti
enfoncé, démuni, enfin, de plus en plus, quoi qu'il fasse
(on ne lui a pas fait de cadeau, vraiment.) Il n’a pas
été assez aidé… Et à distance, c’est
difficile, ce n’était plus possible, passé un certain
cap... J’essayais de le soutenir, de l’encourager, comme je pouvais.
Mais il y avait des limites, même entre nous... Notre relation
était ainsi. Je n’étais pas le mieux placé… Mais
qui l'était ?
Qu'il noyait dans ses mots, pour s'évader, pour affronter... Et
puis monter, creuser, atteindre, toucher. Tout en étant
lui-même, toujours, sincère, il se mettait à
l’ouvrage. Avec cœur ! A son courage. Il ne l’a pas volé. Il ne
se mentait pas. Il suivait sa voie, celle qu’il avait choisi de
suivre... C’était celle de l’amour. Il allait loin… Je crois
qu'il a trouvé beaucoup de choses, en chemin... (Et qu'on ne
parle jamais de lui comme d'un "poète maudit", par pitié,
ou je ne sais quelle autre sotte sornette.)
Il avait réussi à arrêter de boire, à une
période. Il avait essayé de guérir. C’était
bien. J'ai essayé de le soutenir, comme je pouvais... Mais
j'étais moi-même, mentalement et matériellement,
empêtré dans des difficultés impossibles, de toutes
sortes. Il fallait tenir et la pente était trop abrupte...
J'étais trop pauvre pour pouvoir aider vraiment. Et puis
après j’étais parti, ça a été encore
plus dur… Il a été de galère en galère...
Des problèmes à la con, mais concrets, qu’il n’a jamais
pu résoudre, qui lui maintenaient la tête – à peine
– hors de l’eau. J’ai fait ce que j’ai pu, pour lui, mais pour
moi aussi, il fallait que je continue. Ca a dû être dur,
très dur, ce qu’il a vécu, ces derniers temps… J'avais du
mal à suivre, par moment. J’étais largué. Et puis
il prenait souvent des distances, il savait que je ne supportais pas le
voir se démolir. Il n’aurait pas souhaité de morale, niet
! En puis, quelque part, je comprenais, il ne pouvait pas faire
autrement, c’était devenu impossible… Il faisait ce qu'il
pouvait. Il a fait ce qu’il a pu.
En écriture, comme dans la vie, il touchait le fond. Je
l’évoque, ça comptait. Il faisait bouger sensiblement les
murs de son HLM (ni lui, ni l'immeuble, ni même le «
débile » n'avaient « d'ailes » mais on parfois
aurait dit que ça vibrait, au moins… Il en aurait fallu.), avec
ses mots, ses coups de gueule, sa tendresse, son humour, l'air de s'en
fiche, royal. A l'ouest ! De la détresse… Ses doigts pianotaient
au large et en même temps à l’intime, son trait filait,
grave et doux, tendre, décalé, coloré, rigolo,
imagé, vif, parfois brusque, gras, brutal, appuyer où
ça fait mal (car il l'avait, mal, au fond.) De ses mises en
abîme, montaient souvent un sentiment, une image, une
émotion, une enfance, ou un cri, qui venaient vous ramasser,
dessous ses mots... Prenant l’humain par surprise, au dépourvu.
Il y avait une telle une tristesse, si enfouie, au fond de lui, on ne
pouvait presque pas l’atteindre… Il y a tout mis, dans ses mots. Avec
exigence, rires, cris, pleurs, joie, révolte, et humour (un
talent de dérision hors norme), avec insouciance
mêlée (enfin, insouciance, oui, et non), et une
gravité, qu’on aurait sans poids au bout de sa plume…
Ou net, sans appel.
Il s'imprégnait des apparences, au fond des apparences, les
faisait siennes, les détournait, les subjuguant aha, il allait
jusqu'à leur faire rendre âme. Leur rendant âme… En
toute inconscience… Aha. Renversant le faux, dans le faux, pour dire
vrai. En toute simplicité, m’sieur dame, à la bon’ votre.
Parfois il déconnait, tout simplement, avec un maximum d'audace,
de talent, un talent qui lui collait à la peau. Derrière,
se trouvait l'humain. Le meilleur de nous.
Souvent il évoquait sa vie, ses galères, de ceux de ce
qui l'entouraient, de sa ville, de sa vie, de ses rêves... En
compagnie... Des mots qu’il poussait à travers la brume.
Désenchanté. Mais pas battu ! Objectif de son recueil
"l'impasse aux visages" (titre qu’il ne souhait pas vraiment, lui,
m’avait-il dit) : causer de sa galère… Dixit Ludo, by himself.
Je ne suis pas le mieux à même pour en parler…
L'écriture, même si elle y s’était
mêlée, à nos vies, était devenue un plus,
entre nous, pour moi... C'est Ludo le réel, le vivant, le Lud'
dans la vie réelle, qui comptait loin, loin en premier !
Même si on semblait comme le voir, là, surgir, à
travers ses écrits... On le voyait vraiment, d’ailleurs, dans
quelques bouts de films… Qui aurait pu paraître
pathétiques, si ce n’était son génie qu’on lui
connaissait. C’était un appel… Une interpel’… Et on l’entendait
aussi, car il disait les poèmes des autres… Tout le monde
pouvait l’entendre, puisqu’il était connecté à la
toile. Et sa voix au bout du fil.
Ses paroles au téléphone, ses pleurs... Il touchait le
fond, dans sa vie, à la fin c'était de plus en plus
galère. Pourtant il se battait ! Il en a posé, des actes
de vie, pour tenter de s’en sortir ! Jusqu’au bout, il semble. La
musique n'y pouvait rien. Son groupe de copains non plus. Trop
profonds, les ennuis (et pas simplement existentiels !) Pourtant il
l'aimait, la musique, la musique vivante, oui. Lui-même
était cri et chant à la fois, en sourire, en rêve,
à l'intérieur, à l'extérieur, le
même, zoreilles dehors, zieux aussi. Même avec le gris.
C’est qu’il descendait du Nord, l’ami. Et quand un ami à lui
avait mal, il avait mal aussi. Jusqu'au bout, il est resté vrai,
et honnête dans son travail. Il poursuivait les lettres du
môme... Tout en étant un homme. Et il est allé
loin. Un grand bonhomme, Ludovic Kaspar. Pour qui je me suis fait
beaucoup de mouron, tant… Mais qui m’a lui aussi beaucoup donné,
et beaucoup appris, sur la vie, tant d’autres choses…
On n'était pas toujours adroit l'un envers l'autre, l’un face...
Des difficultés, venant aussi de moi. Je me sentais souvent
impuissant… Pas confiance – affreux doutes – je traversais aussi une
mauvaise passe, j’étais dans en mauvaise situation... Et puis
surtout avec la distance après c’était devenu difficile,
presque impossible. Mais on s’est pas oublié. Jamais.
On s'était comme ramassé tous les deux à la petite
cuillère, en fait... C'est mon ressenti en tous cas. Puis on
s'est soutenu, entraidé, on a partagé, complices. J'ai
essayé de le soutenir, assez longtemps, je n'y arrivais pas, pas
mieux, plus. Il m'avait secouru, lui aussi. En devenant mon ami. Il me
l'a montré un tas de fois. Il me l'a dit. Il me l’a dit ! Et il
adorait partager. Il m'a beaucoup donné, et encouragé
aussi. Il m'a impressionné, et surtout touché,
ému, même, tant de fois. On était comme nu, quand
on s'est vu, au début, l'un, face à l'autre. A
l'âme on était nu... On a passé par la suite des
bons moments ensemble, chaleureux, sympathiques, légers, forts,
lointains, profond (je m’en rends compte à présent, de
tout ça, ce qui était dit, pas…), trop peu. Mais c’est
quand même quelque chose d’essentiel, pour moi. Je les garde bien
au chaud, tout au fond de moi. Tu vas me manquer, Ludo, dans la vie...
Tu me manques, ta présence me manquera toujours. Je ne sais pas
si tu te rendais compte à quel point tu comptais pour moi. Quand
même, je crois bien que si, que tu l’avais senti... Et on se
l'était dit...
Il m'a beaucoup apporté.
On s'est longtemps épaulé.
Ce qu'il était pour moi... Un être cultivé, simple
et complexe à la fois, sensible, bon et généreux,
joyeux aussi, qui portait sa tristesse, qui surmontait sa peine, avec
courage, vaille que vaille Quelqu’un de brave, d'ouvert aux autres, de
sincère. Quelqu'un qui avait ses blessures, ses faiblesses, ses
fragilités, et qui vivait avec. Et bien, même. Pas mal du
tout. Il m'avait tendu la main et à j'y ai répondu. Avec
joie !
Alors tiens, c'est pour toi tous ces mots, mister Kaspar. Ludo...
A tes avions papier, à tous tes « a-héros ».
A tes lucioles… A tes rires !
On n'en a pas fini avec tes lignes, mais pour moi c’est plus pareil,
avec ta perte. La perte d’un ami très cher, plus que cher...
Pourtant je les aime, tes écrits, tu sais bien… Mais tu
comprends, ça fait mal, là.
Je me sens triste, en quelque part, toute ta part à toi, Ludo.
Je ressens de la tristesse, en sachant que je n'entendrai plus ta voix
me parler, que je ne te verrai plus... Ici, dans la vie de tous les
jours, à un côté, il y a un grand vide. Un manque.
Le manque de ta présence, ici, à toi.
Je ne sais pas où t’es, maintenant, Ludovic. Mais je souhaite de
tout mon être que tu y sois bien, que tu te sentes enfin
paisible, tranquille... Je le souhaite pour toi, de fond du coeur, en
te souhaitant bon vent. L’ami. Je salue tes mots, oui. Et surtout je te
salue toi, que j’aime.
A l’amitié,
Kelig
Témoignage
de Lolo
(Eloise)
A toi Ludo,
avec mille regrets,
De n’avoir pas eu le temps de te connaître plus,
De partager ces moments dans une ville douce et sucrée du sud,
Qui t’aurait peut-être par sa lumière
métissée et rires d’or,
Un peu réchauffé et pansé le cœur.
A toi Ludo, le meilleur ami d’un breton,
Qui chaque jour un peu plus pleure ton absence,
J’aimerais tant que tu ne fasses plus silence,
Et revienne ranimer le rire de mon compagnon.
A toi Ludo, que j’ai croisé une fois,
Généreux et tendre comme la mie,
Ténébreux et lucide sur nos vies,
Et ton livre dédicacé, les dernières traces d’un
sourire,
Toujours je le garderai serré au fonds de moi.
A Ludo, là haut sur les nuages,
Tu fais des pieds de nez, beau mage,
A tous ces malheureux terriens,
Et puis parfois je vois,
De ma terrasse quartier panier,
Mille pommes rouges sucrées,
Tomber sur le bout d’mon nez,
Alors je me dis que c’est toi,
Clown des mots célestes,
Magicien à la grâce si leste,
Qui me dit de les croquer à pleines dents
Chaque pépin une note qui pianote,
Dans la plénitude d’ton paradis
A Ludo, à jamais merci, A Ludo, tu nous as grandi,
On t’oubliera pas, car ici, on entend tout le soir,
Sherazade la douce murmurer la mélodie de ton histoire,
Echappée d’une nuit aux étoiles infinies,
Alors au revoir et à demain dans la rosée de ta
pensée,
Ecrivain.
***
Témoignage
de Juliette Clochelune
à ludo,
ma vache
meuh...
dur dur de t'écrire alors que t'es mort, que tu ne peux plus
répondre...
que te dire ? tu manques lud'...
tu avais des feux de détresse mais tu mettais une telle
énergie dans
tes écrits, tes partages, on te sentait indomptable, enfin
l'énergie...
tu voulais cesser l'alcool
tu l'avais fait à un moment et tu devais nous voir à un
de mes
anniversaires sur paris avec kelig, mon compagnon et d'autres...
tu n'as pas pu, ludo sauvage, ludo trop tendre aussi... on avait
passé
une nuit à discuter ensemble dans les pubs, puis chez toi, et
nos deux
corps criaient de tendresse... on a fait la tendresse, pas l'amour...
moi je ne pouvais pas de par ma maladie... puis de toute façon
on
voulait être amis, pas plus (tu as eu des compagnes, moi un
compagnon
par la suite...)
la tendresse pouvait crier, se partager, pas grave!
les écrits, eux, tes écrits je veux qu'ils
restent! ton
site est déjà
archivé, un autre mort mais "l'impasse aux visages" restera
avec
moi... avec ceux qui l'ont reçu... merci à mireille pour
t'avoir
édité... sur ta page de garde en pressentiment tu m'avais
écrit "à la
santé du ludo, mort et enterré entre ces pages"...
merci à mireille pour sa présence à toi... et
kelig, et les amis...
oui tu n'aimais pas les hommages, mais là, on t'écrit,
juste pour te
dire qu'on t'aime... tu le savais, hein! t'as intérêt...
et puis les jeux qu'on faisait en se répondant d'écrit en
écrit, même
perdus, on n'oublie pas... ça reste en terre archivée
dans nos
coeurs... les appels en pleine nuit aussi... nos maux d'être...
on
essayait de se soutenir du mieux qu'on pouvait... puis on a pris
d'autres chemins, moi ma santé allait en se dégradant (et
j'avais
rencontré quelqu'un il y a cinq ans, mon corps ne criait plus
la
tendresse) mais on se tenait toujours au courant, de temps à
autre,
des signes, l'amitié n'est jamais morte, et ne peut mourir...
le poème que j'avais fait avec le témoignage pour
dire oui aux dons
d'organes, dédié à une amie qui fêtait ce 26
novembre 2008 (tu était
déjà dans le trou) sa première année de
greffe
que tu avais lu à voix haute l'an dernier, mis sur ton site
à présent
disparu (pas tout)... aujourd'hui sauvegardé sur francopolis...
tu
l'as su quand elle a été greffée ce 26 novembre
2007... vous vous
étiez écrit... thierry cazals, qui illustre
décembre avec kerouac (son
livre d'artiste qui t'intéressait) lui aussi avait
partagé avec
elle... qui partage, qui combat... oui aux êtres de partage,
qui
combattent... jamais tu ne t'avouais vaincu... c'était "allez,
encore
un dernier verre, pour la route"... que tu ne souhaitais pas
arrêter
ainsi... bêtement avec ce mélange... ludo tu en
étais un sacré
combattant, tu nous battais à plate couture côté
partages...
et "tristessa" de kerouac que tu m'avais offert, un exemplaire
rare...
partage encore...
deux brûlés... je pensais que la vie me brûlerait
avant, mais non,
elle t'a eu en premier... à quand mon tour...?
tu n'as même pas su mon avc de juillet... je remonte tant bien
que
mal... encore combien de temps à tenir ainsi... ? le coeur,
les
poumons, foutus... pas réparables, pas greffables...
tu étais à l'écoute, merci ludo ami...
merci ludo de tout ce que tu partageais, tu donnais en entier, on
était entiers... avec toi, pas de demi-mesure...!
l'écrit c'était vital, un besoin de se sortir de tout
ça, mettre sa
vie, ou ses rêves, et ses secrets, et le souffle,
l'énergie, le rythme
de l'écrit! ton écrit courait, s'amusait, appelait
aussi... on voulait
le prendre dans les bras, caresser ton écriture, indomptable
écriture
qui jaillissait, criait de tout côtés, mais avec une
sacré énergie, un
sacré savoir-faire quand tu t'y mettais...
ton écrit ne peut partir, il restera... et toi tu restes en
nos
coeurs, ludo... fichu alcool, tu voulais l'arrêter, mais
fichue
enfance, fichu mal être... l'écrit ne peut tout soigner...
ni les
amis... on n'est pas assez forts... mais on aura été
là autant qu'on a
pu, on aura partagé... tes amis restent ludo, tu restes en
nous... on
ne t'oublie pas... jamais... paix à toi, Ami...
je ne fignole pas, car j'ai du mal avec les hommages, juste une
lettre
pour toi... te dire que tu es dans mon coeur... dans nos coeurs
à tous
ici...
"break on through to the other side" tu l'as traversé cet
autre
côté... j'espère que tu es libre à
présent, que ton corps, ton esprit
se sont libérés... tes écrits eux, nous les
retenons ici, avec nous...
"Adieu l'ami je t'aimais bien, tu sais..." à ta santé mon
Ludo...
Liette
***
Témoignage
de co errante
Ludo ?
Va falloir que tu m’aides, Ludo, pour que je sorte ces mots. Des mots
sur toi, demande-t-on… Pas facile.
Hommage à l’homme. Soit…
Mais je ne vais pas y arriver. D’ailleurs, je ne veux pas y arriver.
Seuls ses textes sont hommage à l’homme qu’il était.
La preuve…
Était : le verbe, le mien, celui qui reste, est imparfait. Un p…
d’imparfait. Même pas le courage de dire, ou plutôt
d’écrire les mots en entier. Ça fait pas joli... Ludo,
lui, s’en foutait. C’est bien pour ça qu’il faisait de l’immense.
On pleure sur qui ? Sur soi ou sur Ludo ?
Sur notre impuissance ?
J’avais accepté cette impuissance.
On se connaissait de près et de loin. De près, parce nos
écritures arrivaient à se parler. On se touchait. De loin.
De près, derrière nos écrans. Du fond de nos
nuits, arrivaient ces courriels. Pudiques. Sincères. Vrais, dans
leur virtualité. Juste pour se dire, pour se soutenir.
De près, parce que nos voix pouvaient être proches. On se
téléphonait. J’aimais sa voix. Ludo avait l’intelligence,
l’élégance des phrases, des mots.
De près, je n’ai pu le voir. Ludo n’était pas prêt.
Trois petites bouteilles, et deux petits lapins… Mais j’ai toujours
compris qu’ainsi, il se, il nous respectait. Ludo était fier.
Ludo était fier et généreux. Ludo, je l’aimais.
J’aimais ses coups de gueule, j’aimais sa poésie coup de poing,
coup de nord, coup de blues, coup de cœur, toujours, j’aimais qu’il
m’aime, j’aimais le lire, j’aimais le suivre dans ses projets
d’écriture, les projets que nous avions en commun, j’aimais
qu’il me suive, j’aimais les gens qui le suivaient, j’aimais
l’entendre, j’aimais moins ne plus l’entendre, j’aimais sa
délicatesse,
Je n’aime pas pleurer lorsque j’écris ça, je
déteste les hommages.
J’ai la rage, éloignez-vous !
La dernière fois que nous nous sommes parlés au
téléphone, Ludo, tu m’as dit que, de toute façon,
tu avais ce qu’il fallait dans ta pharmacie. Toi, à bout, comme
parfois, et moi, là, inquiète, sinon colère. On
s’est presque affrontés, mais tu as été plus fort
que moi.
Mais, rappelle-toi. Je t’ai dit que je ne te parlerai plus, si tu
faisais ça. Ben tu vois, ex aequo… Parce que m’en fiche presque
pas mal, et que je te parle quand même ! Ah ah !
Et lorsque brusquement, oui, on relit ce texte, écrit en mai
2007 :
LORSQUE…
BRUSQUEMENT
Lorsque j'irai
Brusquement
Là où tout finit
Je serai fier
De ne pas avoir tué
Vos âmes
Avec la mienne
Qui est une lame.
LK
Alors, je, co errante, te dis à toi, Ludo, que,
un peu
raté (mais juste un peu, hein), parce que ça fait quand
même un peu mal à l’âme, qu’on meurt un peu, quand
même, mais d’accord, j’accepte. En silence, maintenant.
Témoignage
de Thomas Vinau
Last song for Kaspar
***
Et nous, on reste lˆ...
***
tu as parcouru seul
le restant de ta nuit
le jour persiste à se lever
sur les sourires froids du ciment
les oiseaux restent des oiseaux
la souffrance reste la souffrance
ce n'est pas de la résignation
tu restes réfractaire
c'est juste que
tu es parti devant
Et nous on reste là...
****
Tu l'as finie
ta bouteille
tu l'as léchée
ta brûlure
ces deux salopes au moins
étaient là
pour toi
***
Elle et moi
on s'est pris dans les bras
en pensant à toi
c'est tout ce que j'ai
c'est tout ce que
tu n'avais pas
*
Dans l'impasse aux visages
persiste ta brûlure
persiste ta lumière
*
Et nous qu'est ce qu'on fait
maintenant
avec tout ce noir sur les bras
?
*
Ces poèmes sont pour mon pote Ludo Kaspar (rollerpen),
parti seul visiter la nuit noire.
Un de ses recueil, Mes fleurs de chien (bandonéon n°29),
est toujours téléchargeables sur le site un
endroit. fr
***
Témoignage
de Cécile
imagine cette nuit noire de nuit
cette nuit si noire que tu n'y vois plus
rien pas l'ombre d'un bris de verre
et tout au bout brille une étoile
qui bat au rythme de ta respiration
tic toc tic toc le coeur tremblant
tic... toc... tic... toc et plus lent
déjà tu n'es plus tu n'es plus et pourtant
l'étoile continue de briller en toi
***
Témoignage
de Léah
Ludo...
Je garderai ton recueil comme un
trésor. Quelquefois
dialogué avec
toi, tard dans la nuit, sur un forum ici ou là ; tu me
confiais à
mi-mots tes blessures, et tu nous donnais tes poèmes. Je sais
que,
parfois, mes mots t'ont réconforté.
Tu étais un trésor toi-même, un être rare et
précieux.
Respects, Ludo, pour ce que tu écrivais et pour qui tu
étais. Mon
immense respect.
L'âme des poètes reste,
parfois subtilement palpable... Les
réseaux de mots peuvent la capter ; et puis elle s'en retourne
on ne
sait où.
***
Témoignage
de Marlène
Généreux,
pudique, écorché, entier, rageur, honnête, insoumis…
Ludo ne se résume pas en quelques mots !
Il faut du temps pour le connaître.
Et puis après ?
On l’aime !
Quoi d’autre ?
Toujours…
Pour toi, de l’autre côté de je-ne-sais-où :
Bancale
côté cœur
Tout penche soudain.
La mer déverse son
trop plein de vagues en larmes.
Sur l’herbe grasse des
prés en pente,
Les moutons
roulent-et-boulent,
Et même les routes
s’inclinent.
Tout penche soudain.
J’ai le cœur qui boite,
Depuis que t’es parti,
Là où il ne
fait plus froid,
Là
où il ne
fait plus mal.
***
Témoignage
de Mireille
Ligne
de vie pour Ludo
Ludo tu le sais, je suis comme toi avec les hommages… Ils ne peuvent
pas dire la moitié de ce qu’on ressent, nous tous ici, Kelig,
Juliette, Co’, tes amis. Ce ne sont que des mots, alors qu’il est
question de toi. Mais puisque tu es parti devant, tu nous forces un peu
la main et on le fait de bon cœur… de plein cœur surtout.
Il faut que je mette en mots… non pas pour
pleurer devant toi mais mettre en mots parce que tu es mon ami et que
ça n’est pas la mort qui arrêtera cette amitié. Tu
peux me faire confiance. On se l’est promis, amis pour toujours
quoiqu’il arrive. En dix ans cette amitié s’est propagée
d’échanges en échanges, de livres en livres de Blondin,
Kerouac… de tendresse en coups de gueule, de textes à plusieurs
mains, de farces qu’on inventait ensemble en se tordant de rire avant,
pendant et des années après, de voyages… de voyages dans
les rues de Paname en hiver, du côté de Montmartre.
« Les Noctambules », tu te souviens ? Ca n’existe plus.
Pourtant, c’est clair comme un réverbère tout seul dans
la nuit, comme l’étoile polaire qui a froid.
Et ton chat Clafoutis… J’y pense.
Ptit Lulu - tu n’aimes pas trop qu’on
t’appelle comme ça. Je ne l’écris pas pour
t’embêter… Ca vient de « Ptit Lulu » de Gainsbourg et
puis ça te va bien, c’est tendre. Et tu sais quoi ? Tu es d’une
gentillesse sans limite … Tu cherches toujours à protéger
tes amis du malheur, mais tu ne veux pas qu’on le dise ni qu’on le
répète. Seulement aujourd’hui, peut-être que tu
peux l’accepter, puisque c’est la vérité. En toi il y a
quelque chose de profondément grave, quelque chose qui vient de
loin, dont on a parlé au téléphone, les nuits
où tu ne dormais pas de tout cet alcool avalé...
L’alcool, c’est aussi pour calmer, endormir cette chose grave et
accéder à la légèreté,
accéder à ce que les autres acceptent, jour après
jour.
Je veux aussi te dire, t’écrire et
te répéter : merci Lud’, d’avoir été
là et de m’avoir soutenue, aidée, quand j’en ai eu
besoin. Merci d’avoir compris. Comme un frère. Merci aussi pour
le « pauvre pépère » que tu as dit à
mon chien Alfred en lui grattant la tête, un peu avant qu’il ne
meure. Je revois bien la scène, c’est l’été, il y
a beaucoup de soleil et… comme dans Nabokov « … Tout est bien, rien ne changera jamais,
personne jamais ne mourra. »
Pour toi Lud’ :
Ligne de vie
Un fil de vie
D’un côté du fil
la mort et de l’autre, la vie.
Le téléphone est en dérangement. Depuis le
début du mois il sonne au milieu de la nuit, à 3 heures.
Je me réveille. Le chat s’étire et quitte la maison.
« C’est l’heure de la
beauté froide… »
Quelque chose grésille au bout du
fil puis plus rien. Il faudra que j’appelle France Telecom. Novembre a
froid sous les feuilles. « C’est l’heure de la beauté
froide… ». Avant les lueurs de l’aube sur les branches des arbres
agitées par le vent, je me souviens. Les murs et les pierres de
la maison écoutent. C’était l’heure, la sienne, vers
trois heures. Il appelait pour prendre des nouvelles. Pour lui rien ne
sonnait plus le matin à 6 ou 7 heures pour qu’il se lève
et parte rejoindre les gares, trains, RER et les autres. Il avait perdu
le temps. L’heure l’avait quitté, alors il appelait. La nuit, le
jour, parfois même entre chien et loup.
Il voulait comprendre la soif des
profondeurs. LA VRAIE.
Le téléphone est en dérangement. Depuis le
début du mois il sonne vers trois heures. Je me réveille,
je décroche. J’écoute son silence qui grésille, me
perce le tympan. Puis je me lève et dans la cuisine, je lui
prépare un café. Une tasse bien chaude, pour calmer la
soif des profondeurs, LA VRAIE. Une tasse brûlante pour lui qui a
froid.
« A l’heure de la
beauté froide. » Chacun assis d’un
côté de la table de la cuisine, chacun d’un
côté de la ligne de vie, dans le silence de la nuit qui se
perd, on partage un café. Deux amis.
Mireille, novembre 2008 - Page
Ludo sur Bleu Indigo
***
Témoignage
de Claire
finir ce qui fut commencé
On se maintient à mi-chemin
entre les extrêmes. Plaqué comme le ciel sur le haut
des falaises,
(loin au-dessus) gardant de son mieux la tension du grimpeur
et la sueur jamais suffisante pour la craie qu’on étreint
- on monte
pourtant la mer chante en dessous sa chanson
répétée, verte et grise, longues écharpes
pâles,
annulaires,
autour des galets brillants. Plate elle meurt et revient
Ce n’est pas très haut pourtant, mais c’est difficile
surtout le vertige -
d’où vient le vertige ?
l'instant d’avant tout était faisable, le ciel vous
chauffait le dos et rien ne glissait
voici que la noirceur monte du bas et vous tend, rien ne bouge
plus
en vous
je pourrais devenir SDF
sans recours
et tu continuerais à te réveiller le matin et te
sécher entre les orteils et
le monde n’a qu’une place provisoire, pour soi
on le sait mais on oublie : il se refermera, comme la mer, c’est
ainsi.
----------
- "c'est Ludo qui avait choisi ce
poème pour son site" -
* ce texte fait
partie d’un ensemble, « Age
adulte »
***
Témoignage
de Ghalia
Ludo, c’était si vrai si simple cette rencontre
en novembre chez
toi dans ce coin de banlieue, ce coin que tu aimais-haïssais.
Quelques heures à illuminer la grisaille de nos échanges,
de tes mots, de ta musique (« Tu
connais Arthur H. ? »). Dans ce bus qui nous emmenait
chez toi (« Tu es à
Paris ? » Hésitant : « J’aimerais bien te rencontrer, mais
Paris... je ne peux pas l’affronter en ce moment... »),
des sourires entre nous qui nous découvrions, debout dans le bus
bondé. Voyageurs illuminés au milieu de la
banalité, qui n’existait plus.
Ludo, c’est le quotidien qui te
déchirait d’en-dedans. Tu maîtrisais l’essentiel,
l’intense, le vrai, ce à côté de quoi tant de
personnes passent. Tu ne comprenais pas qu’on puisse vivre sans
intensité, sans amour, sans vrais combats, ceux sur
soi-même surtout. Vaillamment, tu reprenais ce
combat-là
jour après jour, cherchais autre chose. Tu essayais de vivre.
Tu n’as plus tenu, l’ami. Ce
n’est pas
le virtuel dans lequel tu as basculé, c’est bien plus loin
encore, et ça fait mal de se dire qu’il n’y aura plus
d’échanges, ni en vrai, ni autrement. Restent tes mots, qui
touchent au plus profond qui les lit, crèvent toute surface.
Moi, je perds un peu des miens. Triste, te les envoie, avec ceux des
autres. Puissent-ils te réchauffer un peu, là où
tu es.
Ghalia
Témoignage
de Thierry
La nuit est longue à cotoyer l'abcès
en négation de soi
La tête prise en conscience
Léchée par les démangeaisons
migraines gellules alcools
Ton univers de lunes sang
Toujours plus de gellules toujours plus de migraines
sur la plaie
invisible la plaie la trop visible plaie
En soustraction du reste
Il n'y a pas d'oubli
possible
Au mieux probable
Les mots creusent sans sépulture
Toujours en filigrane l'insistance d'en finir
Chambre d'exils
Toi qui le sais brisé
Exsangue
Te le retiens au plus ténu des fils
Il n'est plus là qu'en apparence
(à Ludo K. - Sept 2007, modifié en Décembre 2008)
***
|