Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








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réflexions sur la peinture extraites
de Livre d'heures pour un quotidien positif

Claude Morenas





Le paysage dessiné me traverse et ressort par ma main      il me pénètre de regard et de souffle    
et circule en tout mon corps par le sang rénové     les mains outils du regard donnent la
forme     et le souffle le sens       qui sait tout ce qui passe par le regard

Scruter les visages et les formes     y chercher un autre arrangement de molécules    frôler
l’étrange de s’y promener



laissez choisir ce qui en moi me dépasse    sans autre contrainte que celle que m’impose ce
qui me vient     y aura-t-il de l’inexprimable enfin     ce que je cherche de plus loin  de plus
profond  de mieux caché  enfoui     le résultat d’un engrangement quotidien      un mélange du
fond de moi qui ressortirait     en harmonies   passages  contrastes  désir  appuyé flou nuances modulations      c’est alors  que peindre une odeur deviendrait facile

je voudrais que peindre m’exalte et coule de source     et remplir mon atelier de toiles qui me solliciteraient toutes de m’y consacrer à corps perdu et sans me retenir      il est temps que je
mette d’accord ma tête et ma main (…)


Voir l’objet sous toutes ses faces à la fois     envers    endroit dessus dessous dedans  dehors et
en même temps     lui faire dire de quoi il est fait      mais ne pas en désintégrer la matière     l’agresser  le disséquer     le réduire à des morceaux qui donnent une vision du monde
blesssante



faire parler l’invisible à travers la forme respectée     et non prendre un scalpel de violence    
dire le contenu des choses par l’âme     par le regard laser de la pensée     qui pénètre sans détruire     traverse sans casser

que l’objet intérieur irradie     poser un regard de voyant      voilà ce à quoi je voudrais
 parvenir

et que ta vision de peintre interroge avec la même rigueur le monde qui t’environne  on voit
dans le fait de peindre la matérialité des toiles qui s’empilent alors qu’il s’agit pour le peintre
de s’accomplir


De la vie concentrée densifiée  devenue solide      un nœud     créer c’est cracher ce noyau    
de tout son être     toutes  forces mobilisées le pondre dit-on     accoucher  mettre bas    avec
de la souffrance


Je venais de penser en couleurs l’après-midi  dans cet atelier silencieux isolé   présent dehors
par ses regards écarquillés  de larges fenêtres sans être dérangée d’aucune autre présence que
la mienne

je me dirigeais vers l’une ou l’autre toile selon un choix non préconçu consciemment    l’était-il
 plus profondément en moi    là où  se fabriquait lentement ce déroulement de désirs de bleu de mauve et d’orange de pourpre  d’ocres de bruns sourds de ciels      qui se retrouvaient
d’une toile à l’autre diversement répartis     sans que le  sujet m’imposât réellement une
gamme de tons qui lui soit propre

à tel point que je me demandais à quel niveau se situait ce langage qui  m’échappait
je sentais bien que ce vocabulaire de couleurs émanait d’une source profonde naissant à
l’intérieur de moi    et qu’il était  seul important qu’il coulât     quelles qu’en dussent être les apparences extérieures




Nous sommes le siège de force secrètes      qui nous gouvernent  imperceptiblement

J’ai voulu peindre toutes les chairs    toutes les chairs palpables des êtres des objets et des plantes      je veux peindre ce qui sss’en échappe     toutes les âmes      la réalité de tous les impalpables

non pas à côté  en dehors  mais plus profond    dépouillé pour ne garder que l’essentiel    à
travers les âges et les costumes     la vérité de toutes les expressions  sentiments  rencontres 
reçus et déchiffrés

des être habités au-delà de leur chair     mais puisque tout subsiste ce qui a été est et qui sera    
en une ligne continue     la mémoire elle     est déjà  bien de ce monde- là


    


 




textes et peintures

Claude Morenas
avril 2008


Créé le 1 mars 2002

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