Stéphane Méliade Six poèmes en rouge page 2
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-- Arènes--
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-- Filtres à feux posés sur le sommet de nos têtes --
Ils s'ennuyaient parfois, privés de pénombre, loin du centre de la Terre dont ils étaient venus un jour, tous en même temps, chacun choisissant l'un de nous. Toutes sortes de feux, ceux d'en-bas comme ceux d'en haut, transitaient par nous, en croisière de chair. Hauts de notre hauteur, les filtres à feux s'appelaient régulièrement de visage en visage, comme de vallée en vallée, pour ne pas oublier leur densité natale. et nous aurions juré que nous parlions et non pas eux tout ça parce qu'en cas d'orage ils se retournaient dans nos cheveux comme dans un lit Les filtres à feux ignoraient à quoi nous servions. Ils nous aimaient pour cela, pour le mystère qui se dégageait de nos gestes ordinaires, rites magiques à leurs yeux. Ils aimaient particulièrement les moments où l'un de nous se baissait pour ramasser ce qu'avait laissé tomber l'autre, comme si nous avions décidé de les ramener au pays. le mien surtout se mettait à s'effriter et rougeoyer ému à l'idée que je pouvais prendre feu je choisissais toujours ce moment pour aller à ta rencontre mon filtre incandescent posé sur le sommet de la tête Le soleil devait murmurer, seulement murmurer, traduire à l'un ce que disait l'autre et réciproquement, en prenant garde de ne pas jeter nos corps à terre ou en l'air par un simple jeu de lumière. la réunion avait lieu autour d'un rosier qu'ils avaient élu comme chef pour ses qualités de couleur et nous parlions longuement autour de lui de ce qu'il fallait faire pour retrouver la racine de tous les feux tout en restant debout
23-06-2003
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"Le matin le médecin me réconforta ; pourquoi être triste ? Après tout, j'ai mangé les anchois, les anchois ne m'ont pas mangé." -- Franz Kafka
-- Inoubliable rideau rouge --
Désignés les dos viennent ouvrir le rideau rouge on ne verra pas leur regard que je croise souvent si cela arrivait la scène serait plongée dans le réel et la vie sur terre deviendrait possible
La pièce peut commencer pour la faire surgir il faut des mots soucieux des noms froids qui brûlent dans l'air cassent le corps sans espoir de justice et rendent la vie imprononçable sauf pour ces fous que je croise souvent leurs bras autour des flancs leurs yeux fermés par les portes des institutions qui les empêchent de tout nous dire Étrange de repenser aux belles maisons de ceux qui tuent les belles maisons au milieu des arbres leurs jolis porches ouverts aux vents
La pièce n'a que quelques mots que je croise souvent elle dit je t'aime tant et quelque chose éclate dans ma tête comme la parodie d'une vision sérieuse
Du milieu de la salle se lève une femme infiniment belle mais pas belle comme un spectacle plutôt comme le gémissement d'une fleur la face grise d'un rêve rouge tombé plus bas que monde avec cette sorte d'humour que seuls possèdent les chants les plus purs Mais le plus beau c'est le rideau gorge rougie de cris petit chemin de plis il vous présente la nouvelle vie qui va se jouer ce soir avec sa façon si tendre de s'ouvrir qu'on se croirait vivre en d'autres temps que je croise souvent 13-01-2002
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