Dans les bras de l’exil
Combien de temps
Les villes où habitent mes bien-aimés
Vont-elles me repousser
Et les villes de l’exil
Chaleureusement m’accueillir ?
Combien de temps
Vais- je chercher
Dans les cafés .. dans les trains
Dans les rues .. sur les bancs
L’ombre d’une main
Caressant mon épaule
La douceur d’un mouchoir
Recueillant mes pleurs ?
Ô Damas
Ô Damas
Combien de temps attendre
Pour que la fleur de mes jours
Cesse sa fanaison
Pour guérir mon errance
Et fuir les fantômes de ma solitude ?
Combien de temps
Vais-je user
De ma patience et de mon souffle
À courir derrière le destin
Pour que mes vœux s’exhaussent ?
Ô Damas
Où que je me dirige
Où que j’avance
Je tourne autour de ton zénith
Je retourne dans tes bras
Tes palpitations sont les miennes
Ton nom est mon talisman
Ton cœur est ma boussole
Ô Damas
Retrouve-toi libre de toute la douleur
Habille-nous des robes de ton rêve
Échappe aux blâmes qui te blessent
La longue attente du fond de mon exil
Je t’en prie avant ma mort
Permets-moi
De me réfugier dans tes bras
Ne fût-ce qu’un instant
Mon âme alors
Trouvant enfin
Son apaisement
Poème publié dans Sonnets pour chanteurs et chansons de
poètes,
anthologie 2015 de l’Association du verbe poaimer.
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Retour sur les ailes
des
couleurs damascènes
Nostalgie
M’asseoir et pleurer
Devant le tableau du « Vieux Damas »
L’embrasser
Le sentir
Exhalant la robe de ma mère
Avec Amour
Désir
Et mélancolie …
Respirer dans ses odeurs et ses couleurs
Le parfum des nuits damascènes
Les senteurs du lys et du jasmin
Déchiffrer avec les doigts
Devenant mon regard
Tel un malvoyant errant
Les reliefs des arbres
Des maisons
Des minarets et des églises
D’intérioriser leurs détails
Tenter de m’accrocher aux cils du pinceau
Pour m’unir avec l’esprit de la couleur
Favorable à mon rêve nostalgique
Pour revenir, là-bas
En remontant le cours du temps
Quand à même le sol
Du patio d’une antique demeure
La musique d’une fontaine
Faisait danser les pétales de rose
Au gré de l’eau
Me berçant dans mon sommeil
D’où m’éveillent
Les murmures courtois
Du café à sa cardamome
Et le chuchotement de mon bien-aimé
Effleurant le bout de mon nez
Avec une fleur de jasmin
***
Habitée par Damas
Comment m’éloigner de Damas
Alors que la rivière barada
Coule de mes yeux comme une eau bénie
Comme l’eau de Zamzam
Puis ruisselle
Et ondule
Dans mes veines
Comment abandonner Damas
Si avec chaque souffle
De mes poumons soupire
S’éparpille
De mélancolie
L’effluve du jasmin
Si les bigaradiers ont la souplesse de mes hanches
Diffusant dans ma bouche
La saveur de leurs fruits confits
Gratifiant de leurs fleurs
Mon cou
Mes poignets
Mes chevilles
Si les roses damascènes
Etendent leurs baisers sur mes joues
Déposent leurs secrets sur mes lèvres
Et leur eau me parfume
Et me purifie
Comment adoucir mon désir de Damas
Et ses étoiles
Scintillent dans mes pupilles
Si ses brises exaltent
Leurs chuchotements courtois
Entre les mèches de mes cheveux
Enivrant mes lettres
Auxquelles s’abandonnent mes pages
Laissant la braise de mes mots
Au fond de mon cœur
Les gens habitent les villes
Les gens habitent Damas
Moi je suis habitée par Damas
Comment écrire sur le pays du levant
Sur mon l’alphabet
Sur le dictionnaire de l’Amour
Les gens ont leurs religions
Leurs univers
Et moi Damas
Je n’existe que
Si tu existes
©Rime Al-Sayed
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Rime AL-SAYED est née en Syrie. Venue en
France pour finir ses études supérieures en
économie, après de longues années de formation et
plusieurs diplômes universitaires, le destin la met sur le chemin
de l’écriture. Depuis juin 2011 elle écrit pour
véhiculer des messages de paix et d’amour dans un monde
où le conflit et la mort sont devenus des menus quotidiens. Elle
a publié en 2013 son premier recueil de poésie en
édition bilingue arabo-française Quand il s’est
levé dans mes yeux, aux éditions Scribe - l’Harmattan. Ce
recueil a remporté la même année le prix du
concours de poésie Halaly, organisé par le Centre
culturel égyptien et l'Association Égypte aujourd'hui.
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Rime
AL-SAYED participe à des lectures et
festivals de poésie en arabe et en français à
Paris, ainsi qu’à des expositions collectives de photographie et
de calligraphie arabe. Elle travaille actuellement dans les domaines de
la traduction et de l’enseignement de l'arabe, tout en suivant ses
passions poétiques et artistiques.
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