PRÉLUDE
« La sagesse commence dans l’émerveillement »
(Socrate)
Des autorités de tous bords
martèlent l’urgence de se reconnecter à la faculté
d’émerveillement ; de la cultiver. Enchanter à nouveau ses heures
est plus que jamais une exigence ; pour soi, pris dans la course
effrénée de l’homme contemporain, dans une société d’immédiateté, aux
activités frénétiques, à l’ère de ‘l’ultra-technologisation’ de la
personne. Exigence aussi pour la
Planète - aux dérèglements majeurs - essoufflée du comportement du
terrien ; allant jusqu’à mettre en danger la survie de bien des peuples.
Conséquences des dégâts irréversibles causés à l’environnement.
Trace 2018 :
L’éloge de l’émerveillement est une création suscitée par cette
situation. Ralentir. Prendre le temps. Et partager - dans le temps – par
le biais de l’art – lieu de mission privilégié – par l’esthétique du passage du temps – des
atomes d’émerveillement, empreintes de pas du pèlerin dans le
vent.
Offrir des objets ‘rencontrés’,
de différentes natures, substances et textures : corail, basalte,
pierre-terre, coquille d’huître, galet, bois, verre. Objets trouvés
parfois cinq décennies et plus de cela, au
long de la vie ordinaire ; en piochant mon jardin, sur la plage,
face à ma porte d’entrée ; en forêt, ou aujourd’hui, venus à ma
rencontre sur mon balcon, en appartement. Objets qui nourrissent,
de façon nouvelle, l’émerveillement du pèlerin. La coïncidence du
regard m’ouvrant à d’autres sphères,
que je partage, jubilante. Autres
démarches : transcrire l’émerveillement
devant la peau, organe
des sens si révélateur de notre vécu, à la fois si secret sous nos pas. Conter aussi la
rencontre avec l’étoile, évoquée par le biais autre du carton et de l’encre.
Offrir ces objets d’éblouissement d’hier, qui n’ont
en rien perdu de leur faculté de fascination : appropriation de leurs
textures de croissance, de vieillissement, traces naturelles du temps
qui passe, comme aussi des rayures, perforations, et autres avaries de la vie : traces de tempêtes, de prédateurs… Calligraphie
particulière à l’allure de signes et symboles. Traces aussi de la mémoire personnelle - différente
dans le cas des deux étoiles : celle de l’intuition, et celle de la voie lactée.
Et, par le biais de l’interdisciplinarité, en conter – aujourd’hui – la
rencontre gravée en moi, ou encore,
transformée. Tous ces objets étant transplantés de leur habitat premier
dans un nouvel environnement.
Autres moments
merveilleux : plonger en moi – en quête de manières renouvelées.
Elles sont comme dictées et alimentées
de l’intérieur, comme si j’étais étrangement connectée à une source.
Compositions éphémères où les objets sont, pour la plupart, préservés
dans leur intégralité, le choix porté sur eux demeurant l’acte crucial.
Objets précieusement gardés,
ils entretiennent l’émerveillement. Permettent le partage. Suscitent la plongée dans
les eaux de l’Inconscient, pour une transcription de la vision
activée ; comme aussi la gratitude qui en découle. Cela, avec mes
mots d’aujourd’hui – pèlerinage -signature dans le temps de la trace
intemporelle du temps.
Offrir ces cadeaux inconditionnels
de l’Univers : Trace
2018 : L’éloge de l’émerveillement. Si la fleur invite d’emblée à ce sentiment, ces
objets divers – amalgame d’éléments hétéroclites – ont été
soigneusement choisis, aussi pour leurs apparences, tout autant
porteurs d’émerveillement ; l’apparence n’étant jamais la vérité. Percer la vérité
au-delà de l’apparence. Dépasser l’image pour atteindre la réalité de l’objet. Vivre
l’expérience. Abolir les
frontières.
Jeanne Gerval ARouff
Floréal,
île Maurice – 31 octobre 2018
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Pas 1 – L’AÏEULE ÉVEILLÉE…
-
l’instant émerveillé
Barrière corallienne
gardant des vagues-voltige
rives îliennes
L’AÏEULE
veille rétrécie
- entente éléments-îliens
-
corail
vide au rancart.
Impermanence
- senteur océane
nimbée
de sable sidéral
présence
dense retient tes pas
t’ouvre
le cœur.
Inconditionnelle
bienveillance
de
joie habitée
recueillie yeux mi-clos
sourire permanence
l’esprit vaste
L’ÉVEILLÉE.
Au front
l’omnivoyant ourna* saillant.
Surplombe sa tête la bosse-Sagesse
l’instant
émerveillé.
20 août 2018
* Dans le bouddhisme, symbolise le troisième œil.
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L’AÏEULE DES MASCAREIGNES

Corail trouvé d’un tas rejeté le
2 août 2018.
Composition
éphémère du même jour.
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Pas 2 – L’ANCÊTRE DES PROFONDEURS
aux
signes et symboles
Échouée de la dernière vague
coquille d’huître amputée de son double
vidée de sa perle
des eaux profondes
aux lumières
crépusculaires
signe son
pèlerinage.
Traces du temps,
de tempêtes
de prédateurs
calligraphie de
symboles
écriture-vie
ouverte aux cœurs de toutes terres
l’ANCÊTRE
des PROFONDEURS
squelette animé
de face et de
profil
retient ton œil.
Incisé au front
l’Œil de la
perception
ouvre sur l’Invisible –
toi vidé de toi-même -
t’ouvre au mystère
l’Ancêtre -
Sagesse des profondeurs.
10 -15 juillet 2018
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L’ANCÊTRE À L’ŒIL OUVERT
- de face et de profil

Coquille d’huître trouvée en
2004.
Présentation éphémère du 10
juillet 2018.
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