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Archives : Vue de Francophonie

 


L’éloge de l’émerveillement…

 (I)

par Jeanne Gerval ARouff *

 

Un parcours initiatique en temps réel, comme toute l’œuvre de Jeanne, qui vous plonge dans vos souvenirs d’avant vous-mêmes, d’avant l’humanité, peut-être même d’avant le monde… et à travers ses règnes et ses œuvres, naturelles ou non naturelles, vous met devant la révélation de l’insondable, comme si depuis un œil caché le monde même, ou son néant originaire, vous retournait le regard que vous vous efforcez d’y plonger, et vous vous retrouviez ainsi pris dans un miroir mouvant…  Un objet trouvé un instant quelconque peut se révéler un condensé de symboles agissants, l’œil et l’esprit de l’artiste le transforment en clé de passage. Et nous voilà transformés nous-mêmes… rendus tels des matières recyclées à la source intarissable de tout éveil, l’émerveillement : ce simple, nu, irréductible phénomène dont l’art seul sait se nourrir véritablement.

D.S.

 

PRÉLUDE

« La sagesse commence dans l’émerveillement »

(Socrate)

 

Des autorités de tous bords martèlent l’urgence de se reconnecter à la faculté d’émerveillement ; de la cultiver. Enchanter à nouveau ses heures est plus que jamais une exigence ; pour soi, pris dans la course effrénée de l’homme contemporain, dans une société d’immédiateté, aux activités frénétiques, à l’ère de ‘l’ultra-technologisation’ de la personne.  Exigence aussi pour la Planète - aux dérèglements majeurs - essoufflée du comportement du terrien ; allant jusqu’à mettre en danger la survie de bien des peuples. Conséquences des dégâts irréversibles causés à l’environnement.

Trace 2018 : L’éloge de l’émerveillement est une création suscitée par cette situation.  Ralentir. Prendre le temps. Et partager - dans le temps – par le biais de l’art – lieu de mission privilégié – par l’esthétique du passage du temps – des atomes d’émerveillement, empreintes de pas du pèlerin dans le vent.

Offrir des objets ‘rencontrés’, de différentes natures, substances et textures : corail, basalte, pierre-terre, coquille d’huître, galet, bois, verre. Objets trouvés parfois cinq décennies et plus de cela, au long de la vie ordinaire ; en piochant mon jardin, sur la plage, face à ma porte d’entrée ; en forêt, ou aujourd’hui, venus à ma rencontre sur mon balcon, en appartement. Objets qui nourrissent, de façon nouvelle, l’émerveillement du pèlerin. La coïncidence du regard m’ouvrant à d’autres sphères, que je partage, jubilante. Autres démarches : transcrire l’émerveillement devant la peau, organe des sens si révélateur de notre vécu, à la fois si secret sous nos pas. Conter aussi la rencontre avec l’étoile, évoquée par le biais autre du carton et de l’encre.

Offrir ces objets d’éblouissement d’hier, qui n’ont en rien perdu de leur faculté de fascination : appropriation de leurs textures de croissance, de vieillissement, traces naturelles du temps qui passe, comme aussi des rayures, perforations, et autres avaries de la vie : traces de tempêtes, de prédateurs… Calligraphie particulière à l’allure de signes et symboles. Traces aussi de la mémoire personnelle - différente dans le cas des deux étoiles : celle de l’intuition, et celle de la voie lactée. Et, par le biais de l’interdisciplinarité, en conter – aujourd’hui – la rencontre gravée en moi, ou encore, transformée. Tous ces objets étant transplantés de leur habitat premier dans un nouvel environnement.

Autres moments merveilleux : plonger en moi – en quête de manières renouvelées. Elles sont comme dictées et alimentées de l’intérieur, comme si j’étais étrangement connectée à une source. Compositions éphémères où les objets sont, pour la plupart, préservés dans leur intégralité, le choix porté sur eux demeurant l’acte crucial.

Objets précieusement gardés, ils entretiennent l’émerveillement. Permettent le partage. Suscitent la plongée dans les eaux de l’Inconscient, pour une transcription de la vision activée ; comme aussi la gratitude qui en découle. Cela, avec mes mots d’aujourd’hui – pèlerinage -signature dans le temps de la trace intemporelle du temps.

Offrir ces cadeaux inconditionnels de l’Univers : Trace 2018 : L’éloge de l’émerveillement. Si la fleur invite d’emblée à ce sentiment, ces objets divers – amalgame d’éléments hétéroclites – ont été soigneusement choisis, aussi pour leurs apparences, tout autant porteurs d’émerveillement ; l’apparence n’étant jamais la vérité. Percer la vérité au-delà de l’apparence. Dépasser l’image pour atteindre la réalité de l’objet. Vivre l’expérience. Abolir les frontières.

 

Jeanne Gerval ARouff

Floréal, île Maurice – 31 octobre 2018

 

Pas 1 – L’AÏEULE ÉVEILLÉE…

           - l’instant émerveillé

 

  Barrière corallienne

    gardant des vagues-voltige

       rives îliennes         

             L’AÏEULE

                  veille rétrécie

          - entente éléments-îliens - 

              corail vide au rancart.

 

          Impermanence 

             -  senteur océane

           nimbée de sable sidéral  

         présence dense retient tes pas

              t’ouvre le cœur.

             Inconditionnelle bienveillance

                   de joie habitée      

      recueillie yeux mi-clos         

             sourire permanence         

                  l’esprit vaste   

                           L’ÉVEILLÉE.

       Au front          

       l’omnivoyant ourna* saillant.

  Surplombe sa tête la bosse-Sagesse  

             l’instant émerveillé.  

 

20 août 2018

 

* Dans le bouddhisme, symbolise le troisième œil.

L’AÏEULE DES MASCAREIGNES

 

L'Aieule 2018 - Corail 18

 

Corail trouvé d’un tas rejeté le 2 août 2018.

Composition éphémère du même jour.

 

Pas 2 – L’ANCÊTRE DES PROFONDEURS

             aux signes et symboles     

 

      Échouée de la dernière vague 

coquille d’huître amputée de son double

                 vidée de sa perle 

                      des eaux profondes

               aux lumières crépusculaires 

                    signe son pèlerinage. 

 

        Traces du temps, 

       de tempêtes de prédateurs     

                  calligraphie de symboles     

                       écriture-vie 

   ouverte aux cœurs de toutes terres

     l’ANCÊTRE des PROFONDEURS    

          squelette animé    

                         de face et de profil    

                              retient ton œil.

 

                     Incisé au front   

                 l’Œil de la perception     

           ouvre sur l’Invisible –

      toi vidé de toi-même -       

t’ouvre au mystère

 

 l’Ancêtre - Sagesse des profondeurs.

 

10 -15 juillet 2018

         

L’ANCÊTRE À L’ŒIL OUVERT

- de face et de profil

L'Ancêtre, sur fond bleu 9

 

Coquille d’huître trouvée en 2004.

Présentation éphémère du 10 juillet 2018.

 

Pas 3 - ŒIL À ŒIL AVEC L’ANCÊTRE

            DES FORÊTS 

                             - tous en un.

 

                  Arbres recueillis

                   le soleil déjà couché      

                          tes pas en alerte.

 

           ŒIL à ŒIL

               surgi de la nuit    

                   l’Ancêtre des forêts

                             œil frontal épanoui  

                                 ton cœur dilaté 

                            arbres de l’alphabet

                  Arbre de la Connaissance 

             Arbre-image du vivant Cosmos

                        Arbre de la Croix 

                        Arbre d’éternité  

                        Arbre de l’Éveil  

                        Arbre du pèlerin  

                   Arbre-Père des cultures 

                   Arbre-socle de l’Univers   

                        Arbre du temps 

 

            Intarissable recommencement  

            TOUTES RACINES RÉUNIES. 

 

11 juillet – 11 septembre 2018

  

L’ANCÊTRE DES FORÊTS

SURGI DE LA NUIT

l'ancetre des forets 009

 

Bois trouvé en 1972.

Composition éphémère du 11 juillet 2018.

©Jeanne Gerval ARouff

 

 

* L’œuvre de cette grande artiste et écrivaine mauricienne a fait l’objet de plusieurs articles dans la rubrique Créaphonie de notre revue de 2013 et 2014. La présente rubrique accueille depuis le précédent numéro (septembre-octobre) une nouvelle série d’articles rendant témoignage de son œuvre en mouvement.

 

 

recherche Dana Shishmanian

pour Francopolis novembre-décembre 2018

 

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