parfois j’ai envie de poésie,
comme si je n’écrivais pas de poésie,
j’ai l’impression d’être à l’attente
du mystère qu’elle porte en soi,
avec son pouvoir de te prendre aux tréfonds,
pour te faire sentir la vie,
mais en tant de visages,
s’émerveillant de ses mots,
de ton image en miroir
lorsque tu te rencontres avec toi et le monde,
il te semble que c’est alors que tu vis,
dans ce jeu fascinant de paroles
qui roulent sans cesse le monde
et toi en même temps,
et tous les mondes qui ont existé et existeront,
comme un vieux chant venu de très loin
ou de tout près qu’il te semble
te
reconnaître comme dans un miroir
ou
peut-être ne serait-ce pas toi,
parfois j’ai envie de poésie,
comme si je n’avais jamais écrit un seul
vers,
je me cherche à travers elle,
comme on cherchait
l’eau miraculeuse
de la guérison,
avec
chaque mot vient vers moi
le
murmure d’un secret à peine perceptible
et
l’étrange certitude que je suis autre chose,
et
ceux que j’aime, j’aimerais alors leur dire :
- Arrêtez-vous un instant de ce que vous faites,
écoutez le susurement de mon eau,
buvez-en avec moi,
laissez guérir toutes vos blessures
et attachez à vous l’arc-en-ciel comme une
ceinture
qui relie au ciel cette argile miraculeuse,
n’épuisez plus votre corps qui sent la douleur,
le plaisir, toutes les tentations,
à le connaître vous pouvez le comprendre,
vous aimerez la lumière,
vous serez à même de l’élever en vous,
l’eau
de la guérison coule en chacun,
et
l’envie d’être la poésie même,
parfois j’ai envie de poésie,
comme si je n’écrivais pas de poésie,
c’est alors que je commence à sentir la vie,
être le poème que j’écris.
1.09.2020
©Sonia Elvireanu
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