Derniers
jours de l’année
Frêle lumière à travers les ossatures noires
des arbres et arbustes
fond de feuillage vert foncé le long du mur
du cimetière
éclat jaune de primevères en fleurs
matin blême de Paris
pratiquer le vide
vide de mes entrailles
comme liquéfiées
sous les secousses et les spasmes
sucs nauséabonds vents et rots qui me
libèrent
homme orchestre homme fontaine
vide de la rue des jours de fête de fin
d’année
et des grèves qui ne cessent pas
vide de communication, de partage,
d’imagination
vide d’espoir au niveau mondial
guerres, révoltes, intrigues, stratégies
subir les choses
au-delà le vide est absolu
libérateur
transformateur
celui du Cosmos
jours entre Noël et Épiphanie
les portes s’ouvrent
accès direct au néant, à l’infini
occasion inouïe
pour enfin se regarder
en profondeur
essayer de comprendre
lire l’état de l’être
l’état du monde
sortir de l’enfilade ininterrompue
d’images et de discours vides
bavardages vains dans ma tête
ça parle ça écrit sans arrêt partout du texte
du discours
profusion du sens partout
comment arrêter ce flux de sons et d’images
comment sortir de la prison du sens à tout
prix
qui tourne en rond
retrouver le silence
grâce au vide
relier les vides entre eux
et recommencer
nu.
©Victor Saudan
Paris, le 29
décembre 2019.
Présent dans notre numéro de mars-avril
2020, Victor Saudan est un écrivain suisse. Pour faire
connaissance, voici quelques liens sur la toile : sa notice d’auteur
sur site de l’éditeur Le
petit véhicule ; son site,
avec un choix de ses textes.
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