Une
Vie, un Poète
JACQUES DUPIN
présenté
par Dominique Zinenberg

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Jacques Dupin est
né à Privas , en Ardèche le 3 mars 1927 et s'est
éteint le 27 octobre 2012, à Paris. Il passe son enfance
au sein d'un hôpital psychiatrique dirigé par son
père.
Il fait ses études de droit et d'histoire à Paris.
Dès 1947, il rencontre René Char qui préfacera en
1950 son premier recueil: Cendrier du voyage.
De
ce mal qui, pour votre bonheur, s'étire dans
la longue saignée des siècles,
je suis l'exacte et pure abstraction,
- le nœud d'asphyxie formelle.
Ignorez-moi passionnément ! 1
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A partir de sa rencontre avec Miro et Giacometti en
1954, Jacques Dupin partage son temps entre la critique d'art et la
poésie. Il publie en 1961 une monographie sur Miro, en 1963 une
autre sur Giacometti ; il est le premier à écrire sur
Tapiés. Il consacre une rétrospective à ses amis
Michaux et Brancusi, une préface au catalogue sur Francis Bacon.
Parallèlement, pendant plus de cinquante ans,
Jacques Dupin écrit et publie des recueils de poèmes
comme - Gravir - Embrasure - Écart et Coudrier.
« Lire Jacques Dupin, dit Bernard Simeone, c'est
éprouver avec effroi et jubilation – une jubilation indemne de
toute excitation, de tout enthousiasme artificiel – la
matérialité du langage quand il se tend à la
pointe de lui-même et devrait se perdre dans l'indicible ou le
vague. » Le critique ajoute un peu plus loin: « La force de
l'énoncé, l'intensité panique de la
profération, qui caractérisent depuis toujours la
poésie de Jacques Dupin, auraient pu le conduire à la
surdité, à un enfermement ...
La beauté de son oeuvre est au contraire
d’avoir, au bout de tant de violence et de refus,
préservé une écoute réelle, une possible
fraternité sans redondance. Jacques Dupin est proche en sa
solitude. Parce qu'il déleste continuellement la poésie
de cette illusoire purification qui le hante, et qu'il pointe en elle
l'impossible catharsis.
A le lire nous sommes fortifiés par cette extrême
maturité, ce courage. »
Voir aussi « L'IMPOSSIBLE CATHARSIS DE JACQUES DUPIN »2
Jacques Dupin, Écart, POL éd.
par Bernard Simeone,
et lire des extraits sa poésie
sur :
La pierre et le sel
- Jacques Dupin, la poésie comme une
déchirure
«
Écrire
depuis toujours, pour quelqu’un, pour personne, écrire pour les
pierres… écrire pour un inconnu, pour un aveugle, pour un
inconnu aveugle… âcre le résidu de ce brasier, de cette
fumée, de ce jet de pierres vers l’autre, vers l’ombre de
l’autre, vers cet inconnu qui attend, qui est là, qui
était là, depuis toujours…
Écrire sans point d’ancrage, sans point de mire, risque absolu,
espace ouvert… précipice de la langue, laconisme de funambule,
¬ et le volubilis de la mort qui s’accouple à
l’écriture, qui s’enroule autour » ... et plus.
Nous n’appartenons qu’au sentier de montagne
Qui serpente au soleil entre la sauge et le lichen
Et s’élance à la nuit, chemin de crête,
À la rencontre des constellations... et plus
Francopolis - coup de coeur des
membres-avril 2014
« Dans
ce pays la foudre fait germer la pierre.
Sur les pitons qui commandent les gorges
Des tours ruinés se dressent
Comme autant de torches mentales actives
Qui raniment les nuits de grand vent »... et plus
et aussi sur le site Matricule des Anges
« pour répondre à ce que
serait le mouvement de l'écriture, je dirai que c'est pour moi
une question d'élucidation du souffle. Ce que nous nommons
l'impalpable, dans un poème, est pour moi toujours très
dur, pas du tout nébuleux. Il s'agit de laisser
l'écriture, qui m'est propre quand même!, venir à
la langue qui en sera l'expression, et ceci presque sans moi, comme si
j'étais traversé, que l'écriture se servait de moi
comme d'un médium. Ce qui m'intéresse, c'est d'aller vers
quelque chose qui n'existe pas et qui ne commence à être
que dans l'élaboration de l'écriture.... »
***
Auteur de
plus d’une vingtaine de recueils de poésie,
Cendrier du voyage, GLM, Paris, 1950 ; rééd. Fissile
éditions, Les Cabannes, 2006
Art poétique, PAB, Alès, 1956
Les Brisants, GLM, Paris, 1958
Le Grésil, POL, Paris, 1996
Écart, POL, Paris, 2000
De singes et de mouches suivi de Les Mères
(rééd.), POL, Paris, 2001
Coudrier, POL, Paris, 2006
et plus…
Il a
aussi publié quelques Essais sur l'art contemporain
Joan Miró, Flammarion, Paris, 1961 ; nouvelle édition
augmentée en 1993
Miró sculpteur, Poligrafa, collection Fotoscop, 1972
Textes pour une approche sur Alberto Giacometti, Maeght éditeur,
Paris, 1962
L'Espace autrement dit, éditions Galilée, Paris, 1982
Matière du souffle (sur Antoni Tàpies), Éditions
Fourbis, Paris, 1994
et plus…
Et aussi Essai sur la poésie
M'introduire dans ton histoire, POL, Paris, 2007
Théâtre
L'Éboulement, éditions Galilée, coll.
Théâtre/rupture, Paris, 1977
quelques Études
Jean-Pierre Richard, « Jacques Dupin » in Onze
études sur la poésie moderne, Seuil, 1964, coll.
Points et plus
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Quelques liens pour en apprendre plus sur cet
auteur:
Article sur Jacques Dupin sur Remue.net
« DUPIN Jacques (né en 1927). Cofondateur en
1966 de la revue L’Éphémère avec Yves Bonnefoy,
Paul Celan, Louis-René des Forêts, André du
Bouchet, Michel Leiris et Gaëtan Picon, Jacques Dupin occupe une
place majeure dans la poésie contemporaine dont son œuvre
reflète depuis un demi-siècle les questionnements et les
métamorphoses…
Article dans le Nouvel Observateur
« Il faudra en fait se souvenir de lui comme d'un artiste qui a
abrité en lui les passions conjointes de l’écriture et de
la peinture, deux activités connexes, au fond… »
Article dans Le MONDE fr.
culture
A
la Libération, il vient à Paris pour y étudier le
droit. Il y découvre Picasso,
le surréalisme et Kafka. En 1947, il rencontre René Char
et lui montre ses
essais poétiques. Trois ans plus tard, Char préface son
premier recueil,
Cendrier du voyage. Entre-temps, Dupin est entré aux Cahiers
d'art, où il
s'initie auprès de Christian Zervos…
France culture, lui rend
hommage
- «
Gravir », « L’embrasure », « Fragmes »,
« Ballast », « Échancré »,
« Le grésil », « Les mères »,
« Écart »,
« Contumace »… toute sa vie et ses recueils durant, Jacques
Dupin n’a cessé d’écrire contre….
À ne pas manquer, cet Hommage à Jacques Dupin
"poète par contumace"
1927-2012 sur France Culture
à Écouter…
lecture de sa poésie et l'entendre lui-même nous parler de
poésie.
Il a toujours écrit des poèmes dès qu'il a su
manier un rayon.
" La poésie est une blessure de la langue"
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1.
Réédition aux Éditions Fissile
et son œuvre des années 1960-1970, est rassemblée sous le
titre Le corps clairvoyant dans la collection de poche Poésie / Gallimard,
et ses livres
plus récents aux éditions POL
notamment Coudrier (2006) Voir
sur ce cite la vidéo où l'auteur lit quelques
poèmes.
par
Bernard Simeone
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Jacques Dupin
présenté par Dominique Zinenberg
Francopolis
avril 2014
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