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rencontre avec un poète du monde

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ARCHIVES : VIE – POÈTE 


 

Une Vie, un Poète :

Robert BRÉCHON

(1920-2012)

(suite du numéro précédent)

Robert Bréchon
(photo reproduite du site Babelio)

Pour la présentation du poète, voir notre précédent numéro de janvier.

***

 

Sélection de textes

par Mireille Diaz-Florian

(suite)

 

 

A Robert Bréchon   

 

Feuilleter les livres de R.

M’arrêter sur une page

Entre les pages

Relire sachant l’avoir déjà lue

 

Lire avec la distance nouvelle

Celle de sa mort sue

Apprise plutôt

Là-bas, via Augustales

 

Je marche dans Pompéi

Surgie des cendres

Splendeur de la lumière

Qu’il ne verra plus

 

Découvrir alors

L’évidence du présent

Annonce de la mort

L’apprendre sachant l’avoir niée

 

Ouvrir Contre-Chant

Dans le satin des pages

Aux éditions Chambelland

Lui aussi disparu

 

Lire dans le silence

Pour retrouver sa voix

Suivre les lignes

De nos regards mêlés

 

                    ©Mireille Diaz-Florian

 

Pompei

 

 

Extraits de Contre-Chant   Chambelland  1987

 

Texte 1

 

Paysage

 

Ce coin de ville escalade la colline

Ces maisons dévalent le coteau

 

L’espace se renverse doucement

Sous mon regard et sous mes pas

 

J’erre à la recherche du lieu

Dont ce lieu-ci est la monnaie ou le leurre.

 

 

 

Texte 2

 

 

Homme provisoire

Dans son berceau d’oubli

 

mendiant d’images ogre affamé d’étoiles

Homme inverse au pas lent à la ceinture d’aubes

 

Aux jours plombés d’attente

Aux gestes ajourés de vent

 

Une musique s’efface au loin

Et toute vie est étrangère.

 

 

Texte 3

 

Le poème naît dans le silence de la chambre

Il sort des murs, des meubles, de la rumeur de la rue,

        et du port.

Comme les objets des natures mortes sortent de

        l’espace pour s’éveiller sur la toile.

Il n’y a pas d’autre espace, pas d’autre silence que

        celui du cerveau.

Cette lampe, cette chaise et ces voix au-dehors sont

        en moi.

Je les ai ramassées dans ma conscience comme des

        objets perdus.

Je noue tout cela dans un grand mouchoir de mots

J’en fais le seul bagage que j’emporterai tout à l’heure

        sur mon épaule

Pour affronter le jour comme un vagabond.

 

 

Texte 4

 

Endormi

L’oubli replié sur mon visage comme une aile immense

J’erre immobile dans un espace sans arête

Un souffle mental me fait dériver vers les terres

        chaudes

J’embrasse déjà le jour et la saison

 

Des corps comme des idées

Des pensées femmes

 

La nuit est d’un autre âge.

 

 

Sélection : Mireille Diaz-Florian

 

Une vie, un poète

Francopolis janvier 2017

Francopolis février 2017 (suite)