Extraits de Contre-Chant Chambelland 1987
Texte
1
Paysage
Ce coin de ville escalade la
colline
Ces maisons dévalent le coteau
L’espace se renverse doucement
Sous mon regard et sous mes pas
J’erre à la recherche du lieu
Dont ce lieu-ci est la monnaie ou le leurre.
Texte
2
Homme provisoire
Dans son berceau d’oubli
mendiant d’images ogre affamé d’étoiles
Homme inverse au pas lent à la ceinture d’aubes
Aux jours plombés d’attente
Aux gestes ajourés de vent
Une musique s’efface au loin
Et toute vie est étrangère.
Texte
3
Le poème naît dans le silence de la chambre
Il sort des murs, des meubles, de la rumeur de la rue,
et du port.
Comme les objets des natures mortes sortent de
l’espace pour
s’éveiller sur la toile.
Il n’y a pas d’autre espace, pas d’autre silence que
celui du cerveau.
Cette lampe, cette chaise et ces voix au-dehors sont
en moi.
Je les ai ramassées dans ma conscience comme des
objets perdus.
Je noue tout cela dans un grand mouchoir de mots
J’en fais le seul bagage que j’emporterai tout à l’heure
sur mon épaule
Pour affronter le jour comme un vagabond.
Texte
4
Endormi
L’oubli replié sur mon visage comme une aile immense
J’erre immobile dans un espace sans arête
Un souffle mental me fait dériver vers les terres
chaudes
J’embrasse déjà le jour et la saison
Des corps comme des idées
Des pensées femmes
La nuit est d’un autre âge.
Sélection : Mireille
Diaz-Florian
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