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aar
| Envoyé lundi 20 février 2006 - 13h14: | |
Yves est athée, crin pur jamais une prière mais seul, il traite Dieu avec un D majuscule lui glisse, le dos tourné un poème une graine de tournesol l'amène sur les routes du monde qui au fond de la poche qui perché sur l'épaule il l'amène voir les châtaignes l'automne quand les châtaignes sont joufflues et cuivrées de soleil les baleines de Patagonie les boulevards de Paris en ce moment même on les dits au Tibet tous les deux les chaussettes mouillées jusqu'à la laine le houx crépite dans le feu le thé complote dans la théière le lait de yak bout les copains rient une timbale à la main cabossée d'étoiles filantes
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Cri
| Envoyé lundi 20 février 2006 - 14h12: | |
"Voyez-la monter du désert. Elle semble appuyée sur l'amant mais commande son pas. Filles de Jérusalem réveillez-la. Qu’elle imprime aux sables et à l’homme son sceau de flammes et de silences. Car leur amour est fort comme la mort". Le Sacre des amants (d’après le Cantique des Cantiques) Yves heurté 31440 Cierp-Gaud 1/04/04
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Juliette
| Envoyé lundi 20 février 2006 - 15h08: | |
merci aar et cri pour poursuivre le partage, un conte de noël occitan d'Yves Heurté La Barbe (conte de Noël occitan hilarant) Quand ce père Noël débarqua face aux neiges éternelles du Beciberi, dans le hameau de Taüll, il découvrit un pays où manquait ce joujou si fragile qu'on appelle liberté. Il se dit : "A quoi bon déposer sous la cheminée une poupée ou un sac de bonbons pour un enfant qui ne peut même pas aller à l'école parce que ses parents sont trop pauvres ?" Que faire, se dit le père Noël, pour leur apporter dans ma hotte un brin de justice et de liberté? Rien. Ce n'est pas mon boulot et je n'ai pas un sou. Ma seule richesse, c'est cette barbe aux merveilleux poils blancs dont je suis si fier. Mais je ne peux pas la distribuer ! Et qu'est-ce que les enfants en feraient ? Lui vint une inspiration subite : " Mais j'ai les mots ! Les mots sont pour tout le monde ! " Il cacha donc sa hotte derrière un gros buisson pour que personne ne lui pique ses cadeaux et debout sur un banc au milieu de la place de Taüll, il essaya de parler, parler, parler aux gens. Mais comme il n'en trouvait aucun, aucun, aucun pour l'écouter, il se mit à crier crier, crier, crier et toujours rien, rien, rien, sauf qu'on le considéra comme un fou. Cela le fit rire, rire, rire, et comme personne depuis longtemps ne riait plus dans ce pays, non seulement les gens sortirent de leurs cabanes pour l'écouter mais ils coururent dans tous les villages voisins puis dans tous ceux de la vallée pour dire : - Eho, les gens! Vous savez ce qui nous arrive ? Venez voir ce drôle de gros barbu qui n'arrête pas de rigoler depuis trois jours et trois nuits, debout sur un banc, devant l'église Santa Maria de Taüll ! Et c'était si étonnant et si extraordinaire d'entendre rire un barbu sans même savoir d'où il sortait ni pourquoi il riait qu'ils furent de plus en plus nombreux à monter à Taüll, d'abord pour sourire puis pour rire eux aussi, comme ils ne l'avaient jamais fait depuis des générations de misérables. Tout le monde repartait aussi pauvre mais un peu plus libre, et la barbe légendaire se retroussait par dessus l'épaule du Père Noël aux vents râpeux des gorges des Mulieres. Comme il troublait l'ordre public dans toute la vallée, la police exila le père Noël (mais personne ne se doutait que c'était lui !) en le traînant de force à Lerida. Mais là, entre deux éclats de rire, il criait à qui voulait l'entendre : « Hé, les gens, y en a-t-il un seul parmi ceux qui vous écrasent, un seul capable de rire plus fort que moi ? » Il criait aussi : « Hé, les gens, tous les vieux devraient abandonner le pouvoir dès qu’il leur manque plus d’une dent sur deux, ou s'ils sont obligés de se servir de leur pot de chambre plus de deux fois dans la même nuit. » Ces discours, qui semblaient blagueurs et bien inoffensifs, parurent insupportables à ceux qui tiraient la moindre ficelle de l’état. Ministres, généraux, professeurs, médecins et concierges protestèrent énergiquement. La plupart ne savaient même plus sourire depuis longtemps. Quant aux notables édentés, et ceux qui pissaient au lit, ils étaient persuadés qu’ils pouvaient emprisonner des milliers de citoyens aussi bien que n’importe quel jeune ministre de la justice. Ils firent courir le bruit que ce vieux fou-riant cherchait le pouvoir pour lui-même, ce qui était faux : jamais un Père Noël n'a eu la moindre envie de se faire mousser dans la politique. Il a déjà assez de boulot comme roi des cheminées. Les tyrans prétendirent qu’il mitonnait en douce la révolution : ce qu’il n’avait jamais caché. Rire et faire rire sur les défauts des autres et surtout des puissants a toujours été un bout de révolte. Et le Père Noël se disait: " Quand ils seront moins pauvres et un peu plus libres, la gaieté reviendra dans les villages, et je me dépêcherai de reprendre ma hotte et mon vrai boulot. Pour le moment, faisons-leur cadeau d'un poil de liberté…". Le ministre de l'ordre public laissa ce vieux fou rire en se caressant la barbe et prêcher ses sottises sur la grande place de Lerida, en pensant qu’elles le ridiculiseraient, mais tout au contraire sa popularité ne cessa de s’étendre. Ce Père Noël, s'il n'avait pas de vraie mitraillette tirait en l'air des balles de rire qui retombaient un peu partout. Non, ce n'étaient pas des balles perdues ! On commençait à pousser au passage des notables des rires assassins. Quant à lui, au lieu de se contenter comme autrefois de monter dans son taxi traîné par des rennes, il n'arrêtait pas de tirer sur sa barbe, debout sur un banc, (ah ah ah !) ,en racontant des histoires drôles sur ceux qui rendaient les gens chaque jour plus pauvres. Quand on lui préparait une embuscade ou un attentat, il le savait toujours d'avance. ( on n'est pas Père Noël pour rien) Il se mit à marcher derrière les défilés militaires en chantant à tue-tête : - Nadaou ! Viva Nadaou ! Ce qui, là-bas, veut dire "Noël ! Noël !" Mais personne ne se doutait que celui qui chantait ainsi Nadaou en se tirant le poil était le père Noël en vrai. Quand les soldats avaient fini de vider sur lui leurs chargeurs, comme le Père Noël est invulnérable - même pas une entorse dans les cheminées, depuis le temps - ils ne trouvaient sur l'herbe que quelques poils de barbe blanche. Le maire de Lerida décida de boucler le casse pieds à l’ombre d’un cachot pour le « protéger ». A ceux qui osèrent protester, il fut répondu: « La loi est pour tout le monde »...Un moyen de jeter au trou les individus qui ne seraient pas ce « tout le monde ». L’honnête maire de Lerida comptait sur l’oubli qui finit toujours par avoir la peau des prophètes. Il ne savait pas qu'il avait affaire à un sacré bonhomme sans armes que rien ni personne n'avait jamais pu mettre au garde à vous devant ce qui lui semblait injuste. Le vieil homme à barbe blanche, à peine enfermé, fit savoir aux autorités que pour sortir du trou, il se verrait obligé d’employer les grands moyens. On lui fit savoir par retour qu’il pouvait toujours y aller. Dès cet instant, notre barbu se remit à rire encore plus haut, à en faire péter les murs ! Un fou rire tonitruant, de jour comme de nuit, dont on se demande encore comment il a jamais pu sortir de la gorge d'un homme. (mais le Père Noël en est-il un ? ) On lui fit dire qu’il ne gênerait que ses gardiens, ce qui était évident, et que riant ou pas un prisonnier mis à l’ombre derrière des murs d’un mètre d'épaisseur et une porte de chêne de deux pouces devient vite insignifiant, ce en quoi on le connaissait bien mal. Car la jubilation du vieil homme maltraité le rendit si costaud, si plein de sève, que son illustre barbe se mit irrésistiblement à pousser. A pousser jour et nuit, comme les soies du porc. Elle encombra bientôt la cellule, au point que le gardien en chef la donnait en spectacle à ses petites amies. Pour une fois, tout le monde était d’accord : prisonniers, geôliers et visiteurs riaient à perdre haleine. Cette prison devint la plus joyeuse de Catalogne et cette immense barbe blanche la plus généreuse et la plus célèbre de toute l'Espagne. Pour alimenter son heureux possesseur il fallut tous les matins se frayer un chemin à travers poil jusqu'à ses lèvres. Cela dura jusqu’à cette fameuse nuit de Noël ( pardi ) ! ) où la poussée de cette toison drue, jointe à celle d’un éclat de rire à vous faire sonner les cloches et arrêter les pendules, effondra la porte du cachot. Les gardiens accourus "s’embarbificotèrent". Il fallut une nuit entière à tous les barbiers de Lerida pour dégager ces malheureux. Tout le poil enfin libre en profita pour dévaler les marches vers le tribunal. En pleine audience où l'on jugeait une mère qui avait volé pour nourrir son enfant, trois juges, un procureur, et deux avocats durent être évacués par les fenêtres avant qu’elles ne soient elles-mêmes "embarbées". Le bon peuple de Lerida, attroupé sur la place, faillit mourir de jubilation en voyant jaillir vers le ciel, de chaque cheminée de la prison des brins de barbichettes blanches du Père Noël que rebroussaient le vent. Comme cette plante qu’on nomme « misère », la barbe du Père Noël envahit tout, pendit de partout. Une grande marée poilue surgit dans les lieux les plus officiels. On fit appel à des mercenaires et à tous les corps de police, armés de ciseaux, de faux, et de taille haies. "Embarbousée", la police! Le seul résultat de cette tonte fut que Lerida se couvre d’une fine poudre de poils qui démangeait, grattait, chatouillait, papouillait, titillait, et faisaient rire irrésistiblement pauvres et riches dès qu’ils ouvraient leur fenêtre. Dans la rue, on éternuait, on pleurait, on se grattait. Il arrivait parfois, en urgence, d'être obligé de gratter le dos de la voisine. Aux sommations des sentinelles, on osait répondre: « La barbe ! » Bref, on était heureux et on se sentait libre, surtout à Taüll où chacun était fier. Ce barbu mystérieux, un soir de Noël, n'avait-il pas démarré son célèbre rire révolutionnaire pile devant l'église de Santa Maria. La création tardive d’un Ministère de répression du Poil ne servit à rien. Devant la panique des administrations, la paralysie des transports et "l’embarbement" irrésistible des rouages de l’état, le maire décida, suprême sottise, de jouer au héros national. Puisque personne n'y parvenait, il irait seul couper la barbe du Père Noël à sa source, c’est à dire trancher dans son cachot la gorge de son rival. Car ce sacré père Noël barbu avait conquis le pays sans bouger un poil de sa prison. ( Façon de parler…) Après l’avoir claironné dans tous les journaux, le maire sortit un beau matin de sa mairie, le coupe-coupe au poing et un sac de rasoirs sur le dos. Il se fraya aussitôt un chemin à travers barbe vers cette prison où le vieux riait nuit et jour pour se faire pousser son poil. Son plan était simplet : pénétrer par la grande porte sous les applaudissements, se frayer un chemin vers la racine velue et trancher d'un seul coup le rire et la gorge du vieux. Il s'embarbaficota une semaine entière à se frayer un chemin à travers les couloirs velus. Quand il se barbait trop, il reprenait souffle à un vasistas avant de replonger dans les profondeurs hirsutes et hilares où il se perdait à nouveau. Le soir de Noël, (tiens tiens !), il fut éjecté comme un noyau par la fenêtre de la lingerie tandis que, par la grande grille sortait le plus vieux bonhomme du monde, tout souriant et la barbe d'argent peignée au quart de poil, juste comme on la voit sur les gravures. On dégagea à la pelle mécanique munie d'un peigne d'acier les restes de barbe qui encombraient la ville pour hisser notre père Noël, d’épaule en épaule, jusqu’au balcon de la mairie. Lerida n’étant plus gouverné par les tristes se passa désormais de policiers, de psychiatres, et même d'animateurs. Tout le budget servit à alimenter le grand ministère du Rire qui engloba l’Éducation nationale, les cours de la Bourse, et bien entendu la Santé. Enfin, fait unique dans une démocratie, on créa un ministère de la bonne humeur, fêtée le 25 décembre bien entendu. - Et que fit-on de cette immense masse pileuse, direz-vous ? Eh bien, messieurs dames, elle fit la fortune de Lerida. On en confectionna des matelas pour amoureux et des millions d'ours en peluche. - Et le père Noël? Il retrouva sa hotte derrière le buisson où il l'avait cachée et reprit, le sourire au lèvres en pensant à son coup bolide, sa tournée des cheminées. Et quand se passait cette affaire fabuleuse? - Il y a deux ans ou deux mille siècles. A un poil près. Yves Heurté
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Cri
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 02h56: | |
Et si c'était ainsi, l'éternité, un chant fait de silence ? Si c'était d'un amour l'infinie patience ? Une envie douloureuse d'être la nuit, la neige, et la cantate ? Yves Heurté Les premiers vers que j'ai lus de lui. J'étais conquise Christiane
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Yves par lui-même
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 10h57: | |
Yves se présentait ainsi sur notre site francopolis : "Un ami m'a dit: " Au fond, tu es un manuel qui a mal tourné " C'est vrai. J'ai tout de l'artisan qui fait des chaises quand il en a besoin. Adolescent sous le nazisme, je ne pouvais confier mes " grosses bêtises de guerre" qu'à mon Journal de Nuit qui aura attendu soixante ans avant d'être enfin publié par un éditeur anglais. Jeune homme, la fille dont j'étais amoureux avait décidé de sauver mon âme en péril en faisant de moi un comédien dans une troupe d'évangélisation. (oui oui ! Hélas, j'étais si mauvais sur scène que j'aurais fait marrer le Christ en croix. On me relégua donc à rédiger des bouts de dialogues et mon incapacité de comédien donna un tâcheron dramaturge. Enfin, petit bourgeois épris de bougeotte, devenu un travailleur manuel des pieds si j'ose dire, j'allais traîner mes pénates et mes écrits dans les déserts, quitte à en ramener des sacs de mots brûlants, difficiles à traîner chez les éditeurs. Médecin et homme de village jamais achevé, j'ai pu finalement pallier à cette rusticité en me bricolant une prothèse littéraire d'une quarantaine de bouquins et d'une trentaine de textes de théâtre ou livrets d'opéra. Je suis bon pour mourir dans les draps des mêmes mots dans ce même village avec la même femme. En attendant, je fais ce soir mon devoir de Francopolis devant mon pré où des pouliches se poursuivent en un train d'enfer en se souciant comme Colin tampon de mon petit galop littéraire. YV " |
   
flo
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 11h22: | |
Une petite et rapide webographie d'articles ou de lieux qui lui sont consacrés: Son site : http://yves.heurte.free.fr/ Un article de Juliette Schweisguth sur Francopolis: à cette adresse : http://www.francopolis.net/francosemailles/yvesheurte.htm Yves Heurté, l'homme de toutes les générations Et une mini-thèse sur son oeuvre à cette adresse http://jeunet.univ-lille3.fr/auteurs/heurte01/sommaire.htm Yves Heurté : des livres pour résister par Jean-Christophe Angelo (Maîtrise SID, 2001) un article de Pierre Bachy sur son site à ces adresses : http://bachy_pierre.blog.lemonde.fr/bachy_pierre/2004/12/heurt_yves.html et http://users.skynet.be/pierre.bachy/heurte-gensmontagne.html Heurté Yves Vous, gens de montagne Un article de Thierry Guichard : Yves Heurté Se libérer soi-même, à cette adresse: http://www.livre-poitoucharentes.org/Pages/archives_ASR/aut1999/heurte.html
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Rob
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 13h18: | |
Et aussi un superbe disque de Martine Caplanne sur des textes d'Yves: Bois de mer, cliquez sur discographie... http://www.martine-caplanne.com/ |
   
laurence
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 15h59: | |
et quelques articles, livres, ou textes d'Yves (qui seront complétés par la suite au fur et à mesure) sur le site : http://www.silamots.net/ où yves participait avec entrain et bonne humeur depuis sa création. Tous les membres de Feuillets Mobiles, des amis d'yves, se joignent à moi pour exprimer et renouveler à ses proches et sa famille toute notre sympathie, et nos pensées émues en ce jour. Laurence |
   
Juliette
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 16h11: | |
juste à savoir que l'article citée par l'amie florence n'est pas que de moi mais co-écrit avec cécile en plus, cerise sur la gateau, un poème de jml vers yves merci à vous de réunir tous ces liens liette |
   
laurence
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 16h35: | |
------- C'est un très bel article Liette, que j'avais lu il y a quelques temps avec émotion. Merci aux rédacteurs et à l'équipe de francopolis. ------- |
   
Cécile
| Envoyé mardi 21 février 2006 - 22h42: | |
Un article auquel Yves tenait beaucoup... http://www.francopolis.net/francosemailles/sabinesicaud.htm
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Teri
| Envoyé mercredi 22 février 2006 - 00h25: | |
Quelques textes d'Yves sur Pleutil et bien sûr au Salon de lecture de Francopolis |
   
Juliette
| Envoyé vendredi 24 février 2006 - 12h34: | |
un texte de Yann l pour Yves Un écrivain meurt Tournant ainsi la dernière page De son grand œuvre Un écrivain meurt Et mille autres Dans les brumes du chagrin Noircissent d’autres pages Content d’autres histoires Ainsi est-il toujours là Au secret de nos encres Dictant Du murmure silencieux De la mémoire A nos plumes endeuillées La poésie Des espoirs futurs Yann L |
   
Juliette
| Envoyé vendredi 24 février 2006 - 13h27: | |
Le sacre des amants n'est pas une traduction plus ou moins littérale et mystique du célèbre Cantique des Cantiques mais un essai d’interprétation de cette relation sublimée des amants. J'ai tenté de sauvegarder sans trahir, dans cette transposition rapprochée du langage contemporain. Le fait de retenir surtout le caractère érotique du poème ne le prive pas, pour ceux qui voudraient en faire une autre lecture, de son caractère mystique. Plus sacré peut-être que certaines traductions qui ont trahi les gestes et dires universels des amants pour les in humaniser ? Y H Sacre des amants CHANT 3 Elle De quels ravins secrets remontent ces fumées ? D’où nous vient ce cortège que précède une ivresse d’encens ? Une femme dit : « Ce n’est que caravane de quelque parfumeur... » Mais du désert sort la litière de Salomon ses soixante guerriers, soixante épées dressées pour le protéger de sa nuit. Dites-moi, filles de Jérusalem qui a taillé son trône dans un cèdre, dans l’ébène ses marqueteries ? Est-il vrai, filles de Jérusalem que vous avez brodé son siège de roses nues pour qu’il en rêve et de pavots pour l’endormir ? Lui Qu’elles sont belles sous le voile les deux colombes de tes yeux, ta chevelure qui dévale sur mon front, comme un troupeau de chèvres enivrées de lauriers ! Ton cou est cette tour qui garde deux seins innocents et jumeaux. Mais ce soir, le ruban de tes lèvres teint d’écarlate et de carmin je voudrais tant le rompre ! Avant que meurent les ténèbres, femme, mon paysage, entre tes vallées et tes monts à perte de vue et de sens, je ferai le nomade. Après m’être soûlé de vin de palme ton vin de femme m’achèvera. Je deviendrai faucon aux cages de tes jambes. Je veux l’anis de tes tendresses, petite sœur, et le miel de ta ruche entre tes lèvres ouvertes, puis ta robe où m’enfouir en ses senteurs de lait. Mais ce matin tu m’as fermé ton jardin, et ta source tu l’as scellée entre tes grilles. Ne me reste qu’un grenadier, le nard, le safran, la cannelle et moi seul sur la terre. Mon désir d’homme est ton jardin, ma seule source au creux de ton val. Elle Faites qu’un vent violent se lève couche les fleurs de mon jardin et brise toutes ses barrières. Qu’il s’affole en parfums pour que mon bien aimé ose forcer sa porte et voler tous mes fruits. Lui J’entre, je cueille, je récolte je mets sous ma langue ton miel Entre mes lèvres, soudain coulent les ruisseaux clairs de ton haleine Amis, fêtons le Sacre de l’amour. Que chaque nuit s’ouvrent à la lune vos jardins, filles de Jérusalem ! Mais par la biche et par le cerf ne touchez pas à ce corps endormi d’amour avant que mon désir l’éveille. Yves Heurté
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Juliette
| Envoyé vendredi 24 février 2006 - 13h46: | |
autres liens... Des textes d’Yves dans l’arbre de Noël des membres de Francopolis http://www.francopolis.net/contesdeNoel/livrepage1.html Et dans le Livre-anniversaire de Francopolis http://www.francopolis.net/livrefranco/LIVREANNIVERSAIRE.html
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