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TÉMOIGNAGE D'UNE LECTRICE
Isabelle Servant J'ai longtemps ramé pour l'avoir,
ce fichu recueil, de la France ce n'est pas très facile, je ne connaissais
pas encore la librairie québecoise de Paris et à l'époque
je ne savais pas qu'on en parlerait tant que ça. Pour être
tout à fait franche, je ne savais même pas qu'il existait
un prix
J'ai été un peu surprise,
je connaissais, par son écriture, un autre Mathieu Boily (de loin,
bien sûr, sur le net, donc pas vraiment)
Les textes que j'avais lus de lui étaient notablement plus longs
et beaucoup moins distanciés, ils semblaient prendre comme principe
premier de chercher à la racine des choses et des gens, de manière
tout à fait remarquable.
"sur l'autoroute l'écho de la mer comme un oiseau plus loin on chemine dans un léger
brouillard orange
le large est venu perdre quelques plumes ici" quand même en relisant ce texte, je me dis que cette écriture est extraordinairement concentrée et extraordinairement efficace et exacte. "une haleine de prophète pour ce qui restera d'éveil" j'adore Mais de manière générale, pour écrire un poème comme Mathieu Boily, il faudrait pouvoir dire des sentiments simples avec des mots simples et qu'ils éclatent dans le simple de l'être comme un boulet de canon. Ca paraît simple, mais ça ne l'est pas du tout. Je ressens cela, mais non c'est encore beaucoup trop à la surface, plongeons. Là, il y a encore les habitudes, les modes, les usages, les bienséances. Là, le subconscient, les pulsions, les complexes, les racines. Il faut aller encore plus bas, encore plus loin, encore plus simple et là j'y suis. Mais si les représentations
sont déconstruites sans pitié, et on imagine bien Math Boily
vidant ses représentations à la poubelle, les mots, eux,
sont choisis, rechoisis, re rechoisis pour ce qu'ils évoquent et
surtout pour ce qu'ils n'évoquent pas. En tout cas, pas pour leur
beauté, ni leur couleur, ni leur son, seulement pour leur vérité
crue, et même ces mots de vérité crue sonnent faux.
Et puis encore travaillés retravaillés pour qu'ils se débarrassent
de leurs images, leurs habitudes, leurs modes. Des mots sans sensualité
et pourtant qui touchent, sans images et pourtant qui
Le chemin du non détourné.
Isabelle Servant , le 18 juin 2002 |
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Créé le 1 mars 2002
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