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Grand Poète Roumain:
Lucian Blaga 
(1895 - 1961)

Autoportrait  

Lucian Blaga est muet comme un cygne.
Dans sa patrie
la neige de l'être tient lieu de mots.
Son âme est en quête,
quête muette et séculaire,
depuis toujours,
jusqu'à l'ultime frontière.
(trad. Jean Poncet)........suite
 
                                                 photo/Hélène Soris


Présentation  par  Hélène Soris

Lucian Blaga est né le 8 mai 1895 à Lancràm en Transylvanie.
Il  décrit sa maison natale :
« La maison paternelle de Lancram village situé entre la petite ville de Sebes Alba
et la cité de Balgrad ( Alba Iulia) , était un vieux bâtiment, assez massif,
ressemblant aux autres maisons environnantes
. »

et aussi :

« Mon village, qui porte ton nom
Les sons des larmes
Aux maternels appels profonds
Je t’ai choisi cette nuit là
Comme seuil du ponde
Et sentier des passions

Gloire à celui qui m’a dirigé
Du gouffre du temps
Et vers toi m’a appelé
Qui’l soit à jamais loué,
Village de larmes souffrant
. »

Son père était un prêtre instruit, sympathisant de la culture allemande .
Sa mère avait des racines macédo-roumaines.  Cette  famille avait un notable degré de civilisation
et de culture  et un goût prononcé pour l’art.
Pourtant le don de la parole était venu  à Lucian Blaga plus tard qu’aux autres enfants.

Il avait du  s’éloigner de Lancram  pour ses études et il  vivait avec  la nostalgie de son village,
du calme des montagnes.

Il a des curiosités littéraires et philosophiques précoces.
Ce sont les œuvres de Bergson qui le conduiront vers ses premiers essais philosophiques.
Afin d’avoir la certitude de sortir sain et sauf de la première guerre mondiale
il s’inscrit à la faculté théologique de Sibiù , bien que  n’ayant pas  de vocation cléricale .
Il continue ensuite ses études à Vienne où il se familiarise avec les  directions philosophique du temps.
Il y découvre aussi la littérature expressionniste.

C’est en 1919 qu’il écrit " Poemele lumini "( les poèmes de la lumière )
et un recueil d’aphorismes  "Pietre pentru templul meu"  ( Pierres pour mon peuple)



    En voici quelques extraits :


Philosopher , c'est essayer de répondre avec la maturité aux questions que se posent les enfants.


Les plumes d'autrui :
Tu peux te parer des plumes d'autrui mais ne pourras voler; les oiseaux savent cela . Pas  les hommes

Inscription sur une fontaine :
Ce qui est profond n'a pas d'éclat.

L'homme et ses penchants :
Comme l'homme devient vite esclave de ses créations :
Il était à prévoir que celui qui était jadis le serviteur des dieux devienne un jour le serviteur des machines.


Avertissement :
les étapes brûlées dans le passé deviennent autant d'obstacles dans le futur.

Le rêve est l'âme de l'âme.

Les tombeaux sont des sortes d'instruments de musique qui multiplient indéfiniment le silence au monde.

La langue est le premier grand poème d'un peuple.





Il sera  d’abord journaliste, puis optera pour une carrière diplomatique fertile à Varsovie, Prague, Berne, Vienne, et deviendra ministre plénipotentiaire à Lisbonne .
En 1939 il obtient à Clij une chaire de philosophie de la culture qu’il  illustre jusqu’en 1948 .
Lucian Blaga a eu une activité prodigieuse  comme poète, dramaturge, philosophe, essayiste; sa personnalité s’est affirmée pendant toute  l’entre deux guerres dans la culture roumaine.

Il est mort en 1961 à Cluj, laissant une œuvre de traducteur de la poésie universelle et surtout de la culture allemande.

( d’après  Romul Monteanu )

Il apparaît  que Blaga traduit  précisément l’image roumaine ce qui explique qu’il ait été traduit depuis les années 1970  dans un grand nombre de langues .
La nombreuse dislocation de phrases, l’isolation de l’épîthète, la non détermination, voilà quelques unes des structures de sa poésie. La transposition en est  plutôt difficile en français.
 Puisque nous avons eu sous les yeux  trois traductions différentes du poème « LA TERRE », nous  avons eu l’envie de vous les présenter. Vous y ressentirez comme nous les différences 
Pour ma part celle que j’ai préférée est de Paul Miclau  qui souligne que Blaga prend parfois des libertés même dans les structures les plus fixes.
Vous  aurez peut être d’autres préférences , dictées par votre  tempérament ou  par l’image que vous gardez de la Roumanie si vous avez eu la chancede la connaître au travers d’un voyage.

 LA TERRE

Nous nous sommes couchés sur l'herbe : toi et moi.

L'air fondait comme cire au feu du soleilet roulait son flot tel un fleuve à travers la campagne.


Un silence pesant s'était emparé de la terre.

Une question m'est tombée alors au tréfonds de l'âme.

La terre n'avait-elle donc rienà me dire ? Cette terre impitoyable d'horizon sans fin, assasine de mutisme,rien ?


Afin de mieux l'entendre j'ai collémon oreille à la surface du pré - incertain et soumis -et sous le pré j'ai entendules battements de ton coeur.


La terre répondait.

 
tr. de  Jean Poncet

On s’étendit sur le dos dans l’herbe, toi et moi.

Nues fondues, comme la cire embrasée par le ciel, s’écoulaient le long des chaumes, dans une vraie rivière.
Un silence pénible s’était emparé de la terre

et, sur ce, une question jaillit, tomba au fond de l’âme.

N’avait-elle donc rien de quoi me faire part, à moi ? Elle, toute cette terreimpitoyablement large et d’un criminel mutisme, rien donc ?

Afin de mieux écouter, j’ai collé mon oreille à la glèbe, obéissant et sournois – et, sous la glèbe, il me fut donné d’entendreles battements de ton cœur tumultueux.

 La terre me répondait.


tr. de Constantin Frosin

On s'est allongés dans l'herbe : toi et moi.

L'air fondu telle la cire sous les flammes du soleilcoulait dans les champs comme une rivière .


Un silence sourd dominait la terre et une question tomba jusqu'au fond de mon âme .



La terre, n'avait-elle rien à me dire ? Cette terre trop immense dans son silence meurtrier ,rien ?


Afin de mieux l'entendre j'ai posémon oreille sur l'herbe  -- incertain et soumis  --et sous la glèbe j'ai entendu les battements sonores
de mon coeur
 
la terre répondait


tr. de Paul Miclau  






  Site à visiter

Né dans le village de Lancram en Transylvanie (province située au nord-ouest de la Roumanie)

La Roumanie pour les amis

Lucian Blaga ou le dernier système philosophique

quelques poèmes de ce grand poète expressionniste

et encore un peu plus

La poétique du signe chez Lucian Blaga et dans la poésie française

Citations.ca


Créé le 1 mars 2002

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