Aux éditions
Hélices dans la collection « Poètes ensemble !
» vient de paraître un recueil intitulé «
Melancholia si » de Laurence Bouvet.
Sous ce très beau titre, en une trentaine de feuillets, Laurence
Bouvet nous propose en autant de poèmes son
intériorité, ses images, ses rythmes d’inspiration, sa
façon de dire qui éveillent en nous des résonances
rares, d’une grande qualité.
Cette auteure jeune, psychologue/ psychanalyste de formation apporte
à la poésie contemporaine une voix nouvelle (et les
responsables des
éditions
Hélices ne se sont pas trompés en la
publiant)
Feuilletons son recueil : il s’ouvre par un poème
intitulé
ELLIPSE
"
Homme en noir
Descendu de la colline
J’ignore ton nom.
Ce poème se
termine par cette strophe :
De loin tu t’avances
Immobile en ma
mémoire
Sans rejoindre tes pas
"
Tout au long du recueil, des images poétiques donnent
au détour du texte une dimension onirique que seule une
poésie intense peut offrir : poème
INTUITION
" C’était un
regard en absence
Porté au désert d’une improbable attente "
Cet autre poème
:HALLUCINATION
" C’est une voix de femme distante et glacée
Se glissant belle et sombre à la tombée du soir
Pour réveiller l’oubli des dormeurs encensés
Et profaner lascive les tombes d’ivoire "
Créer son
propre imaginaire, donner vie aux choses endormies : CONTINUER
" Ce serait comme réveiller
Un puits endormi
Comme de donner la parole au sable
De polir d’un seul doigt un galet
Ou de changer la couleur du charbon "
Donner à voir :
NOROK
" Il avait accueilli la révérence avec
la grâce
Des peupliers courbés aux vents de passage "
Dans le poème
éponyme MELANCHOLIA SI,
tristesse et noirceur sont de rigueur
" Les rimes sont des sépultures
Leur encre est plus noire que celle des tombeaux
Elles servent aux troubadours sans guimbarde
Et aux cantonniers dans les fossés "
Le recueil se termine
par le poème POSTÉRITÉ
" Mieux que les livres d’Histoire
Les vieux murs de pierre racontent le passé
D’ailleurs
Si on leur donnait la parole
Avec un peu de ciel dans les yeux
Et de la beauté dans l’échange
Ils parleraient tout bas "
En poésie, la
forme et le fond sont étroitement liés, bien sûr.
Laurence Bouvet, dans le poème LA
MORT DU POETE, nous donne un bon savoir-faire de l’alexandrin
" Puisque les rimes ne sont que neige fondue
Venant se briser au marbre de la statue
A l’ordre établi des silences contrariés
Des semis à l’arrachée des ailes froissées "
En quatrième de
couverture, Pierre Kobel* nous
dit que ces textes « sont
traversés d’ombres et de lumières, rythmés par une
respiration haletante, installant des paysages minéraux aux
ciels tourmentés, ils s’inquiètent du monde avec
générosité »
Voici donc un
recueil qui devrait recevoir de la part de tous les amoureux de
poésie une totale adhésion pour la qualité de la
langue, du maniement de la poésie, de la construction des
images… Une belle réussite ! Souhaitons que dans l’avenir,
d’autres recueils, d’autres poèmes parus dans des revues papier
ou sur des sites Internet, viendront forger une œuvre poétique
conséquente.
Michel Ostertag
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*
Pierre Kobel est enseignant.
Il anime le Club-poésie de Champigny
**
Melancholia si de Laurence
Bouvet,
Éditions
HELICES, Collection « Poètes Ensemble ! » au
prix de 9 €
Un entretien avec Laurence
Bouvet, dans lequel elle parlera d’elle et de ses modèles
en poésie complète cette présentation du recueil
à la rubrique
Francosemailles.