(2010-2016) |
Une escale à la rubrique "Coup de cœur" :
découvrir un poème qui nous a particulièrement touché
par sa qualité, son originalité, sa valeur.
(un tableau de Bruno
Aimetti)
À Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes,
d'un niveau d'écriture souvent excellent,
toujours intéressant et en mouvement.
Nous redonnons vie ici à vos textes qui nous ont séduit
que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.
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Poème Coup de Cœur du Comité
JANVIER 2017
Jean Diharsce, choix Éliette Vialle
Seyhmus
Dagtekin, choix Dominique
Zinenberg
Coral Bracho, choix François Minod
Alena Meas, choix Dana Shishmanian
Gaston Miron, choix Gertrude Millaire
Jean DIHARSCE, choix
Éliette Vialle
Seyhmus DAGTEKIN, choix Dominique Zinenberg
Coral BRACHO, choix François Minod Ce
vide nous pousse Pour entrer dans l’hôtel
les locataires montent Par l’escalier extérieur qui débouche sur notre
chambre et ils la traversent. Pendant la journée et jusque tard dans la nuit
nous les voyons défiler le geste absent entre
deux portes : celle qui donne sur la
rue et celle qui ouvre sur le couloir. Ils ne se retournent
jamais pour nous regarder. J’ignore si leur indifférence est
affectée, mais je sais que ce vide nous pousse
à perdre consistance. S’il n’était des enfants
qui parfois Se retournent et
soutiennent notre regard, je douterais que nous sommes ici. * Que tombe cette pluie fine Dans
cette obscure vérité qui
déploie ses manteaux et ses ivres marées pour nous protéger, qui
déploie ses ailes tristes pour nous chasser, pour
dire que oui, que
tombe cette fine pluie devant le seuil ; qu’elle
tombe comme battement d’ailes, comme très brève irruption. Comme
un messager qui, trempé et brûlant de fièvre, vient
de loin. Il
apporte les plis, il apporte les mots. Mais
le dessin de la pluie s’étend et
ne laisse pas écouter. Il ne laisse pas voir ce
qui advient. Et c’est que ce
qui s’approche ce
qui nous parle et
nous saisit par les épaules avec force ; ce
qui nous gronde et nous ébranle c’est la pluie, ce
sont les confins qui s’estompent. Nous
grelotons, brûlants, face à cette porte, face
à ce pont levis que personne n’abaisse. Personne
ne s’apprête à écouter. Cette
obscure vérité, cette légèreté oscillante Comme
le murmure d’infinies chauves-souris, toutes
jaillissant d’un seul coup dans
les vives galeries du sang, toutes cherchant à sortir
des tours. Pour
dire que oui, que
tombe cette fine pluie contre le seuil, qu’elle
tombe sur les murs ; qu’elle
les efface peu à peu. Coral Bracho, in Chambre
d’hôtel, Ultramarines, Al
Manar, 2015. Traduit de l’espagnol par Modesta Suarez, Álvaro Ruiz
Rodilla, Nathalie Galland. Coral
Bracho (Mexico, 1951) est poète et traductrice. Elle a
publié plusieurs recueils parmi
lesquels Huellas de luz, Si rie el
emperador. Elle est lauréate de plusieurs prix nationaux et
internationaux. Elle appartient à cette génération d’écrivains, de poètes nés
dans les années 50 au Mexique, c’est-à-dire au moment d’une rénovation de la
poésie mexicaine contemporaine, dans l’héritage des Modernes et des
Avant-gardes, dans une sensibilité extrême à la langue, de la poésie pure aux
mots ordinaires. Elle en est une des grandes voix.
Alena MEAS, choix Dana Shishmanian
Gaston MIRON (1928-1996), choix Gertrude Millaire JE T’ÉCRIS Je t’écris pour
te dire que je t’aime que mon
cœur qui voyage tous les jours — le
cœur parti dans la dernière neige le
cœur parti dans les yeux qui passent le
cœur parti dans les ciels d’hypnose — revient le soir
comme une bête atteinte Qu’es-tu devenue
toi comme hier moi j’ai noir
éclaté dans la tête j’ai froid dans
la main j’ai l’ennui
comme un disque rengaine j’ai peur d’aller
seul de disparaître demain sans ta vague à
mon corps sans ta voix de
mousse humide c’est ma vie que
j’ai mal et ton absence Le temps saigne quand donc
aurai-je de tes nouvelles je t’écris pour
te dire que je t’aime que tout finira
dans tes bras amarré que je t’attends
dans la saison de nous deux qu’un jour mon
cœur s’est perdu dans sa peine que sans toi il
ne reviendra plus *** Poème tiré de son recueil, L’homme rapaillé
sur le site Les voix de la poésie Auteur
québécois, décédé 14 décembre 1996, une soirée était organisée pour souligner
ce 20ème anniversaire de sa mort au Patriote de Ste-Agathe, sa
ville natale. Lecture de
ses poèmes par Hélène Dorion, Raöul
Duguay, Jean-Paul Daoust, Jean-Guy Paquin, Benoit Davidson, Patrick Dubé et Noémi Thébalt. (Information du Nord St-Agathe) Voir site Radio-Canada |
Coup de cœur
Éliette Vialle, Dominique Zinenberg,
François Minod, Dana Shishmanian,
Gertrude Millaire, Mireille
Diaz-Florian,
Michel Ostertag
Francopolis janvier 2017