La
tendresse
La
tendresse c’est
Ton
regard qui se pose sur moi
Lorsque
je m’embrume
D’une
cigarette…
La tendresse c’est
Ta
main qui se pose sur la mienne
Pour
qu’elle tremble un peu moins
Et
se réchauffe un peu plus…
La
tendresse c’est
Quand
tu te frôles au milieu
D’une
foule bruyante
Et
qui nous poussent l’un contre l’autre…
La tendresse c’est
Quand
ton doigt fragile
Vient
frapper à ma porte
Et
que tes yeux m’appellent « amour »…
La tendresse c’est
Quand
de corps fatigués
Tu
t’alourdis sur mon épaule
Et
souris à ton rêve intérieur…
La tendresse c’est
Mais
à quoi bon les mots
La
tendresse c’est toi !
Couleur musicale…
Un son grave, puissant, résonnait sur la Terre, en écho dans tout
l'Univers. C'était le Do. Le Do originel, vibration éternelle de la Vie.
Tout semblait dormir, baigné dans les profondeurs d'une teinte sombre,
proche du néant : le Violet. Le Violet
primordial !
Des notes perlées de pluie vinrent ricocher joyeusement sur l'écorce de la
terre, faisant timidement sortir les premières pousses de cette carapace
noire et sèche qui se colora peu à peu. De jolies petites fleurs Indigo dégagèrent un parfum aussi délicat que la rosée, bercées de
bruissements d'insectes qui frémissaient au ras du sol. La note Ré se fit
entendre, plus douce que la brise du matin.
L'herbe poussa sur la Terre, et bientôt toutes sortes d'animaux
commencèrent à la brouter, emplissant le silence de leurs mugissements,
pépiements et autres cris de joie ou de douleur. La peine, la colère, la
peur ou le désir s'exhalaient de la Terre, et la note Mi, modulable à
l'infini, inonda de Bleu tendre la planète
qui devint alors la plus belle dans l'immensité du Cosmos !
Enfin, l'Homme foula pour la première fois le sol de la Terre, et sa voix
s'éleva, mélodieuse et conquérante. La Terre regorgeait de forêts, de
plaines et de vallons d'un Vert intense où l'Homme
régnait en Maître. Mettant son intelligence au service du moindre de ses
besoins, il devint le jardinier du monde, dont il puisait sa subsistance.
Avec la note Fa, l'Homme affirma sa suprématie sur toutes les espèces.
Devenant conscient de son individualité propre, il put alors dire :
"Moi".
Des enfants naissaient des hommes, et avec eux la lumière de l'Amour. La
note Sol, celle des berceuses et des comptines, illumina d'un Jaune ensoleillé les cœurs et les âmes, reliant les humains au monde
merveilleux de l'Imaginaire et des rêves. Ce fut un moment de prospérité et
de bonheur dont les hommes se souvinrent longtemps, perpétuant de
générations en générations le souvenir de ces mythes et légendes
fantastiques.
La note La entama son chant triste et nostalgique quand les hommes
commencèrent à être nombreux sur la terre et à s'entre-déchirer. Une lueur Orange brillait derrière leurs paupières tandis que montaient vers le ciel
leurs plaintes aux harmonies mineures, chantant le regret d'un paradis
perdu. L'Humanité évoluait en bien et en mal. Elle le fit jusqu'au
paroxysme. Tandis qu'une partie des hommes s'entre-dévorait, d'autres
groupes et associations se formaient un peu partout, apportant l'espoir et
la consolation aux âmes en détresse.
La Terre se sentait déchirée. Partagée entre le désir d'un idéal qui lui
semblait encore inaccessible quoique tout proche, et la tentation
irrésistible de retourner au chaos primordial, de rejoindre les Abymes et
le Néant. Tendue à se rompre, une longue corde flottait entre le ciel et la
terre, le feu d'un Rouge Sang, brûlant chaque
jour un peu plus sa résistance. Espoirs, peurs, jamais les sentiments
n'avaient été à ce point exacerbés. Ils s'exprimaient dans des dissonances
étranges, parfois très belles, qu'ils infligeaient à la note Si. Note si
fragile pourtant, et si merveilleuse : la note dite "sensible"…
Une harmonie cosmique enveloppait peu à peu la terre, ébranlant tout
l'Univers. Il suffisait maintenant de si peu de choses pour atteindre la
Perfection ! Il ne restait à parcourir qu'un minuscule intervalle jusqu'à
l'Octave. L'octave suprême, rédemptrice : la couleur Blanche
Les hommes sauraient-ils la voir, et l'entendre ?
Théorème
Toi qui es
Ma terre et
mon soleil
Mes gouttes de
pluies
Et mes champs
fertiles.
Toi qui es ma
lune
Et la
brillance de mes étoiles
Ma voie lactée
et mes stigmates
Incandescent
et douloureux
Comme champs
de blés murs
"Je
t'aime mon amour!"
Toi qui
montant d'alcoolé
Et tapis de
fleur royale.
Toi qui es ma
nuit de veille
Et mes matins
à regard fatigué.
Toi qui es mon
horizon lointain.
Toi qui es ma
clé de sol.
Toi qui es mon
sol d'amour
Quand je me
fais sac de charrue.
Toi qui es
neige immaculée
Au roc noir de
ma vie
"Je
t'aime mon amour!"
Toi qui es mon
bouquet de fleurs
Posé, serein,
au cœur de mes mots.
Toi toutes
lettres de ces mots que j'emploie
Pour t'écrire
ces non phrases de mes poèmes.
Toi qui es jet
d'eau
À la
sécheresse de ma nuit.
Toi qui trop
souvent reste
Seul songe aux
heures grises de solitude.
Toi qui
m'emprisonne
Et m'ouvre la
cage de ma vie
"Je
t'aime mon amour!"
***
Poète lorraine vivant à Metz, Marie-Jeanne
Heusbourg
a été publiée à Francopolis dans la sélection d’octobre
2014. Présence sur FB.
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