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Coup de coeur : Archives 2010-2011

  Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


À Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement.
Nous redonnons vie ici  à vos textes qui nous ont séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.


Poème Coup de Coeur du Comité

AVRIL  2013

Danny-Marc
Amina Saïd
Éric Dubois
Marie Cholette
Jean-Marc La Frenière


DANNY - MARC
M

Dany-Marc,  choix Dana Shishmanian

Nous n’avons plus vingt ans

Nous n’avons plus vingt ans
mon amour
le temps presse
N’attendons pas que les pivoines d’avril
deviennent poussière d’éternité
N’attendons pas que la nuit
mette à mort le soleil de l’aube

 
Nous n’avons plus vingt ans
mon amour
le temps presse
Partons à la rencontre

de ce temps d’avant

 
Celui de toi que je ne connaissais pas
Celui de moi que tu ne savais pas
Ce temps d’avant
Celui de toi sans moi
Celui de moi sans toi

 
Viens donnons-nous la main
et reprenons ensemble
le tracé de ton enfance

 
Apprends-moi tes chemins de mousse
                   et tes sentiers de ronces
                   le parfum des sous-bois
                   et la course des torrents

 

Apprends-moi

Viens donnons-nous la main
          et partons aussi
          découvrir la terre

 

Moi je t’apprendrai mes rêves
                   
la lumière des lagunes
                    là où les flamants roses
                    sont couronnés de nuages

 

Nous écouterons le grand silence
du monastère des hauts plateaux
et ensemble nous ferons
notre prière sur le monde

 
Nous n’avons plus vingt ans
mon amour             le temps presse
N’attendons pas

 
Un jour les gestes d’être deux
pourraient sombrer
                   sous le poids du temps
Seules resteraient alors
les larmes de nos cœurs désarmés


Danny-Marc, Un grand vent s’est levé,
PIPPA mars 2013 (collection Kolam poésie)

Voir aussi des extraits dans Recours au poème


AMINA SAÏD



Amina Saïd , choix de André Chenet

Le silence est un message de l'ombre

le silence est un message de l’ombre
qui ne franchit aucun seuil et se nourrit
de la lumière et de son absence

le silence est un signe quand la parole
fait erreur ou reste inachevée

le silence est un jardin du ciel
qui adresse au ciel une prière muette
en forme de paysage

le silence est une question
posée à la question

le silence est la maison où habite le poème
où il prend corps
tout en se condamnant au silence

le silence est une musique dont les notes
sont les planètes et leurs étoiles

le silence est une saison où mûrit le fruit
d’un poème sans mots

le silence est une vibration de l’immobile
un chant à naître dans la gorge
d’oiseaux en forme de voyelles

le silence est une errance
qui indique discrètement le chemin
au milieu du chemin

le silence est la main qui ouvre le poème
la voix tremblée de l’âme d’où surgit
ce que nous sommes et ne sommes pas

le silence est le rêve de l’être qui rêve
sa naissance d’avant sa naissance
et tait son premier cri

le silence est le miroir qui lave la parole
dans l’eau la plus nue de la parole

le silence est un miracle inachevé
où le monde prend forme d’un seul coup

Amina Saïd est née à Tunis, en 1953, d'une mère dauphinoise et d'un père tunisien. Elle vit depuis de nombreuses années à Paris, où elle a fait des études de langues et de littérature anglophone à la Sorbonne.
Amina Saïd est membre du jury du prix Max-Pol Fouchet. 
Elle est aussi traductrice et en particulier la traductrice attitrée (anglais/français) de l'écrivain philippin F. Sionil José. 

Bibliographie
Paysage, nuit friable, Barbare, 1980
Métamorphose de l'île et de la vague, Arcantère, 1985
Sables funambules, Arcantère/Écrits des Forges, 1988
Feu d'oiseaux, Sud, 1992 (Prix Jean-Malrieu)
Nul autre lieu, Écrits des Forges, 1992
L'une et l'autre Nuit, le Dé bleu, 1993, Prix Chalres-Vildrac, 1994
Marcher sur la terre, La Différence, 1994
Gisements de lumière, La Différence, 1998 
De décombre à la mer, La Différence2001 ; 

La douleur des seuils, La Différence, 2002
Au présent du monde, La Différence, 2006

Contes
Le secret (contes de Tunisie), Critérion, 1994
Demi-coq et Compagnie (fables de Tunisie), l'Harmattan, 1997

CD.
L'horizon est toujours étranger, CD, Artalect, 2003




ERIC DUBOIS



Eric Dubois, ce qui me plait dans ce texte, c’est son côté pascal, vendredi saint, ce côté incarnation-réincarnation-résurrection, comme un tutoiement avec le ciel. choix de Michel Ostertag.

Mourir de la mort des signes
de la mort des vivants et des morts
Mourir de la vie des êtres
de la mort du temps renaissant
Mourir de la mort des images
de la mort du ciel réincarné
Mourir des corps absolus
de la mort de la chair présente
Mourir de la mort de la mort
de la mort du sang qui reflue
Mourir des vignes et du sel
Mars 2013





MARIE CHOLETTE

Marie Cholette choix d' Éliette Vialle

Âme désaccordée

Je n’ai jamais rien su du vent à part sa force l’éclatement des brisants la fuyance du nom sa dérive sur le fleuve du regard et de la main la déroute de l’œil et du geste

Le corps se stylise au bord de la grande marée sur le peu de sable de l’estran qui lui reste

une statue devant l'emportement des eaux

Sur cette portée verticale des notes liquides des notes d’écume au passage s’accrochent des blanches des croches des noires des doubles-croches

Oh corps désaccordé piano maritime béluga agonisant abandonné à l’écart du souffle puissant du fleuve la furie de la mer joue l’éternité et les cymbales les timbales du nordet à rendre folle

L’angoisse on dirait suspendue au tangage de l’air face au regard fixe du temps et le souffle se cherche une issue jusqu’aux lèvres le vent comprime le visage

L’étouffement bleu guette comme une légère étoffe secouée garrottée au cou de la statue et plus loin un empan de mouettes virevolte.

(Tiré du recueil de poèmes de MARIE CHOLETTE « Chorégraphies », Québec, Éditions Au long cours, 1988)


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JEAN-MARC LA FRENIÈRE


Jean-Marc La Frenière, cet auteur respire l'âme de son peuple et de son pays, choix Gertrude Millaire

VIENS-T’EN PRINTEMPS

Schnaille ! schnaille ! maudit hiver !
J'attends que les lilas tètent les abeilles,
les chants d'oiseaux qui pendent
aux oreilles des arbres,
les petits brins de foin
qui se prennent pour la mer
et les fourmis quittant le port.

J'attends les mirabelles,
le crin-crin des cigales
sur le cou du matin,
la grande main du vent
giflant le désespoir
et la joue du malheur,
les nuages délaçant
la ceinture du froid
pour exhiber sans gêne
le sexe du soleil.

La terre troquera son gros pull de neige
pour la dentelle du pollen,
les tuques des poteaux
pour des boutons en fleurs,
le terreau des couleurs
où germe l'arc-en-terre
dans sa robe lyrique.

Une alouette chante
dans le fond de ma poche.
Un caillou s'impatiente
dans le ruisseau des pas.

Allez viens-t-en printemps !

Je prends déjà ma hache
pour une ligne à pêche,
mes raquettes pour un canot,
mes skis pour une plage,
le frimas des moustaches
pour la barbe à papa,
mes dix doigts pour une main.

Je ne fais plus de chasse-neige
mais de la chasse-galerie
au-dessus des forêts.
Je fais la vague
au milieu des flocons.
La sève monte à bord
comme de l'eau dans l'eau
faisant des bulles d'air.
Les érables sont saouls
et les chevreuils bandés.

Jean-Marc La Frenière, auteur Quécois connu et reconnu.



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Gueule de mots, Francopolis











Coup de coeur
 Éliette Vialle, Gertrude Millaire,
 Michel Ostertag, Dana Shishmanian,
 et André Chenet

Francopolis, avril  2013

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