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Coup de coeur : Archives 2010-2011

  Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


À Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement.
Nous redonnons vie ici  à vos textes qui nous ont séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.


Poème Coup de Coeur du Comité

FÉVRIER 2013

Edmond Fayet (Edmond Michon)
Haïkus d'hiver québécois
Eric Dubois
Zeno Bianu



EDMOND FAYET

M

Edmond Fayet,
  choix d'Éliette Vialle

A la différence de l’étoile qui se consume, et tout d’un coup implose, disparait, même si sa lumière se diffuse encore dans l’univers, ou prenons encore l’exemple de la pierre, qui au fil des décennies, des siècles, des millénaires est érodée par le vent, par les intempéries, son souvenir reste intact comme si nous étions face à face depuis une éternité. Le miroir ne se brise pas, le flux et le reflux des vagues sur la plage n’efface étrangement aucune des lettres gravées sur la sable, ni si ce visage gravé, ni ce regard aux yeux profonds adroitement dessinés ; ni cette voix, lancée ainsi en l’air, et qui devrait se perdre dans les confins de l’oubli. De la même manière que le bibelot la nuit, assiste à des débats serrés entre de grands écrivains dans la bibliothèque et dont les ouvrages personnifieraient leur présence, j’assiste, présent et muet, de jour comme de nuit, à la manifestation de sa personne, j’entends le son de sa voix, je perçois clairement son visage et pourtant, il ne s’agit ni d’un être humain, ni d’animal choyé, mais ce dont je parle je le lui donne un visage, inhumain….mais je sais, je serai transpercé par son regard qui m’interrogera en silence, de jour comme de nuit, tant que le jour et la nuit, je la regarderai !

Liens :
Facebook
- Edmond Fayet (Edmond Michon)

Romans
1) « Parcours accidentés »:(roman)
2) « Cette année-là » (roman)
3)
« « Pourquoi pas » (roman)




HAÏKUS D'HIVER



Haïkus d'hiver et de divers auteurs, tirés de la Revue Haïkus - Dossier hiver, choix Gertrude Millaire

En sortant de l’usine
mon ombre
couchée sur la neige

Hélène Leclerc

trottoir verglacé
à petit pas
sur d'autres pas

au parcomètre
mon vingt-cinq sous
perdu dans la neige

André Duhaime

Ciel de février
De virgule en virgule
La lune diminue

Jean Deronzier

ni ciel
ni terre
que du blanc fou

Francine Chicoine

percées de soleil
dans la poudrerie fine
il neige de l’or

Hélène Bouchard



ERIC DUBOIS


Eric Dubois, poète, lecteur, récitant et performeur, choix Michel Ostertag.


Il y a l'immobilité du souffle

la carapace du dedans

Les montagnes d'or
l'héritage de la mémoire

Cette envie de renaître
d`être vu

Sur les écrans du temps

On écrit pour inscrire
son nom

On écrit pour continuer
la chaîne

Nos mots sont les maillons
d'un long discours

Que déroulent des années
sans fermoir

Il y a ce besoin de dire
même quand tout est dit

On peut toujours dire
autrement

Il faut occuper les chaises
vides


Eric Dubois : Responsable de la revue de poésie en ligne "LE CAPITAL DES MOTS" -
Blogueur "LES TRIBULATIONS D'ERIC DUBOIS"  et plus sur Présentation de l'auteur (Textes-Bio et plus)





ZENO BIANU

Zéno Bianu, né à Paris, d'une mère française et d'un père roumain, choix de Dana Shishmanian.

Danseurs de paradis
(pour Terrence Malick)

Jusqu’à la fin des temps
et plus loin encore
dans tout ce bleu
qui n’est que toi
jusqu’à la fin des mondes
et plus loin encore
bien plus loin
sans jamais rien comprendre

dans tout ce bleu
qui n’est que toi
je remonte
vers la source
des hommes-questions
vers tous ceux
qui interrogent
la source sans source

je remonte
vers l’intérieur de tout
mille astres noirs
au fond de mes poches
je mets lentement au jour
cette force d’éden
de cœur en cœur
de lèvre en lèvre
de vie en vie

l’univers tout entier
suspendu
au visage d’une femme

je mets du baume
au monde
je marche l’immensité

 je glisse et reglisse
le long des désolations
je remonte
vers les cendres fertiles
au jour le jour
à la nuit la nuit
j’écoute sans relâche
cette voix qui parle en moi
je l’écoute
aimanté par l’impossible
aimanté
par le fond des mondes

oui je dérive
vers la nuit de la nuit
je m’abandonne
aux avant-postes
des grands effondrements
je remonte
en fièvre pétrifiée
en étincelante déploration
mon âge se compte
en milliers d’étoiles
dans tout ce bleu
qui n’est que toi

j’accueille le jamais plus
comme si l’inquiétude
ne pouvait plus neiger en moi
dans tout ce bleu
qui n’est que toi

comme au premier jour
et les villes basculent
et les fleuves rebroussent chemin
dans la profondeur
des profondeurs
la sève circule
chez les danseurs de paradis

(du volume Le désespoir n’existe pas, Gallimard, 2010)



Zéno Bianu est né à Paris en 1950 d'une mère française et d'un père roumain, réfugié politique.
Il est en 1971 l'un des signataires du Manifeste électrique (avec Michel Bulteau et Matthieu Messagier).

En 1973, il séjourne pour la première fois en Inde. L'Orient laissera une empreinte durable sur son écriture de Mantra (1984), La Danse de l'effacement (1990) et au Traité des possibles (1997).


Après un voyage décisif au Tibet en 1986, il s'attache à restituer le chant des poétiques extra-européennes : poètes indiens contemporains dans La Parole et la Saveur (1986), poètes classiques chinois dans La Montagne vide (1987), poèmes d'amour du VIe dalaï-lama dans L'Abeille turquoise (1996), paroles des Indiens précolombiens dans El Dorado.


En 1992, il fonde Les Cahiers de Zanzibar, revue «hors de tout commerce», avec Alain Borer, Serge Sautreau et André Velter. La même année, il traduit, pour une mise en scène de Lluís Pasqual, Le Chevalier d'Olmedo de Lope de Vega, qui sera créé en Avignon. De cette collaboration naîtront également Le Livre de Spencer d'après Christopher Marlowe (1994) et Le Phénix de Marina Tsvétaiéva (1996).

Texte © Editions Arfuyen

De ses 25 recueils parus depuis 1971 citons ci-dessous les tout derniers :
- Le désespoir n'existe pas, Gallimard, 2010
- Jimi Hendrix (aimantation), Le Castor Astral, 2010
- John Coltrane, Le Castor Astral, 2012

Visiter son site : Amour de papier








Coup de coeur
 Éliette Vialle, Gertrude Millaire,
Michel Ostertag,
Dana Shishmanian
Francopolis, février 2013

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