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Entrevue avec André
Duhaime par Gertrude Millaire Ma première curiosité était de connaître la définition d’un haïku. 1. La définition de André Duhaime : ... un haïku, c’est tenter de dire l’instant dans l’instant.
« C’est ma définition après 20 ans d’expérience. » Disons aussi que c’est une forme d’écriture qui nous vient du Japon qui date de quelques centaines d'années mais qui peut très bien s’adapter à notre siècle et peut se pratiquer dans presque toutes les langues. 2. A savoir ce que André Duhaime pense des règles, du décompte des syllabes ainsi que de l’emploi ou non des articles… voici ce que j’en retiens. André me précise qu’il faut savoir que la langue japonaise n 'a pas d’article, ni de pluriel, ni nos conjugaisons. Par contre en français, écrire sans article peut rendre le texte assez saccadé, genre télégramme. L’allemand, par exemple, est une langue qui se prête bien au haïku car les mots s’empilent par suffixe et préfixe. Concernant la règle des 17 syllabes, il faut retenir qu’au Japon, il y a aujourd’hui 2 grandes écoles de pensées : Celle du poète Kyoshi : forme poétique traditionnelle au Japon qui garde la tradition même s' il a démocratisé le haïku en le rendant accessible à tous. Pour lui, tout haïku doit comporter trois vers, de cinq, sept puis cinq pieds. Tout haïku doit comporter un "mot de saison", et un seul. Celle du poète Hekigodo : forme plus expérimentale de la poésie donc plus ouverte à l’exploration. Donne une plus grande liberté au haïku… sans s'astreindre aux règles absolues et même en explorant les interdits! Cependant la règle des 17 syllabes ne donne pas
nécessairement un haïku. 3. Et pour toi Hélène qui me demandait si le kigo était obligatoire, André Duhaime me précise qu’un kigo c’est faire allusion à la saison. Mais en français il n’y a pas beaucoup de 5 ou 7 syllabes ( pissenlit d’été – verglas de janvier) et ainsi le haïku en français parle de son quotidien sans obligatoirement nous donner la saison. Un kigo dévoile la saison par les mots.
Par contre pour les débutants, il existe en japonais, un dictionnaire des mots de saisons, le Saijiki traduit en français. Vous trouverez le lien et un peu plus sur le site de M. Duhaime. 4. À la question s’il était préférable de changer le nom pour le haïku français (à l’exemple de Claude Esteban qui appelle les siens, « des écorces ») André Duhaime ne voit pas l’intérêt de changer
de nom car il peut y avoir le Haïku 5/7/5 et le haïku libre
pourvu que ce bref poème parle au sens, parle d’un instant de
vie, que ce soit quelque chose qu’on ressent plutôt que
quelque chose qu’on analyse avec l’intelligence. 5. Aux exemples donnés à savoir
quel serait selon lui la meilleur forme de haïku :
Forme -1- Insecte noyé Forme -2- Insecte noyé Forme -3- L’insecte André Duhaime trouve que les 2 premiers ont un style un peu trop saccadé. Comme il mentionnait plus haut, le japonais est une langue sans article mais le français a ses propres limites et a besoin parfois de ces articles pour être compréhensible et élégant. Il préfère donc la version 3, cependant il suggère une forme plus tragique en gardant le punch pour la fin : Version Duhaime: Sous un ciel obscur Et maintenant si on parlait un peu de sa découverte
des haïkus. André Duhaime avoue avoir eu un vrai coup de foudre pour ce
genre de poésie en découvrant les haïkus de Jack
Kerouac, romancier et poète franco-américain avec lequel
André se trouve quelques affinités, ayant quelques parents,
partis jadis pour la Nouvelle - Angleterre. D’autres grands poètes
aussi comme Claudel et Eluard ont marqué son goût
pour le haïku et ainsi en 1981, il publiait son premier recueil
de haïkus : Et comme un mordu, un obsédé presque, il se nourrit de
cette passion et il met 2 ans à préparer une anthologie
du haïku avec la participation de Dorothy Howard, qui sort en 1985,
Et depuis André Duhaime continue à faire connaître
le haïku, en publiant toujours et toujours
et en tenant des ateliers-écriture. Il entretient des correspondances qui donnent des renkus…Et ici on
peut dire que l'arrivée d'Internet a grandement servi André
Duhaime. ''Beaucoup moins connu et donc moins pratiqué que le
haïku, le renku ou "poèmes liés" offre néanmoins
des contraintes et des défis poétiques des plus stimulants,
c'est un échange de haïkus entre deux ou plusieurs poètes."
De
l'un à l'autre autres renkus: Chez
Marylène , JMR
et Agena Village
de plus , sa passion le mène à nous offrir sur son site : H A Ï
K U De plus en 2001, il publie une autre anthologie, Chevaucher la lune Anthologie du haïku contemporain en français
regroupant quelque 600 haïkus d'une centaine de poètes
Avant 1997, il n’avait que trois ou quatre sites en français qui parlaient du haïku, maintenant il y a multiplication de ces sites. Et son site " Haïku
sans frontières "ne cesse de se développer.
" Haïku sans frontières " Une ouverture sur le monde qui regroupe plus de 181 auteurs de 23 pays et comprend 1810 haïkus et 1610 traductions. Deux des plus grands spécialistes du haïku ont rédigé les textes de présentation: Alain Kervern, auteur de Bashô et le haïku (Bertrand-Lacoste, 1995), André Duhaime... se caractérise par l’exploration du haïku, du renku et du tanka, et l’adaptation à la sensibilité québécoise de ces formes classiques de la poésie japonaise. Une façon intelligente et sensible de découvrir
la vie à travers Alain Kervern, France, disait: En feuilletant ce recueil, vous touchez la sensibilité du quotidien à travers toute la francophonie. De Belgique, Bill BILQUIN "tendre nuit d'été De France, Daniel BIGA "un brin de coriandre Du Québec, Jacques Gauthier "un enfant engrangera Du Japon, Tota KANEKO "kokyuu-to-wa konna-ni higurashi-o suu koto desu " Un voyage à travers les odeurs, les nuages, la lumière et les bruits de la terre. Ce livre parfume nos matins de fines herbes semées à tout vent sur le sable, la neige ou la glace. "trottoir verglacé Présentation:
Depuis la fin des années 1970, parallèlement à l'écriture de poèmes dits traditionnels et à l'exploration des possibilités littéraires de la forme «récit de rêve», sujet de sa thèse de Maîtrise ès Lettres en création littéraire (Université d'Ottawa, 1994) et de deux recueils, son activité littéraire se caractérise par la pratique des formes classiques de la poésie japonaise, l'acclimatation du haïku, du renku et du tanka à la sensibilité occidentale et leur diffusion par des articles à caractère pédagogique, par des anthologies et, depuis 1997, par la création d'un site Web dont il est cowebmestre-directeur littéraire En versions papier ou électronique, il a publié plusieurs
recueils de poèmes; ses poèmes ont paru ou ont été
repris dans des revues de création littéraire, des recueils
collectifs, des anthologies, des manuels scolaires et sur des sites
Web, tant en français qu'en traduction (anglais, croate, japonais,
néerlandais, roumain, russe et serbe) Il anime des ateliers
d'écriture et fait de la traduction de poésie.
bibliographie de André Duhaime "Cet autre rendez-vous", haïkus choisis, préface de Robert Melançon, Ottawa (Ont.), Éditions David, 1996. "Quelques jours en hiver et au printemps", renku, en collaboration avec Gordan Skiljevic, dessins de Louise Mercier, Ottawa (Ont.), Éditions David, 1997. "Haïku sans frontières: une anthologie mondiale ", sous la direction d'André Duhaime, haïkus, Ottawa (Ont.), Éditions David, 1998. "De l'un à l'autre", renku, en collaboration avec Carol LeBel, encres de Gernot Nebel, Ottawa (Ont.), Éditions David, 1999. "Haïku et francophonie canadienne", sous la direction d'André Duhaime, encres de Gernot Nebel, Ottawa (Ont.), Éditions David, 2000. " Chevaucher
la lune : une anthologie du haïku contemporain en français",
sous la direction d'André Duhaime, encres de Gernot Nebel et
de Joscelyn Vaillancourt, Ottawa (Ont.), Éditions David, 2001.
Il a créé le site HAIKU SANS FRONTIÈRES en 1997. Ce site est principalement consacré au haïku, mais il est aussi ouvert au renku et au tanka. Il essaie de faire connaître ces formes poétiques d'origine japonaise ainsi que les poètes qui les pratiquent. On peut y lire des poèmes de divers poètes français et francophones, et des poèmes de poètes étrangers, dans la langue originale et en traduction française, notamment 30 poètes japonais contemporains. Commentaires dans la revue Mushimegane no 15 Sur le site Clicnet Je remercie André Duhaime pour sa disponibilité et sa participation à cette présentation et sa grande passion et générosité à nous faire découvrir le haïku, forme poétique très appropriée pour initier les jeunes à la poésie.
Gertrude Millaire
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Créé le 1 mars 2002
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