Petits tours de champ & Vision annotée des airs que se donne la Francophonie |
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CONTE Le masque de Majak Il est un marcheur solitaire,
Qui traverse montagnes et océans à la recherche de véritables trésors. Il va ici et là pour ramener des quatre coins du monde de mystérieux masques. Mais encore plus précieuses sont les histoires de ces objets envoûtants dont seul lui connaît les secrets. Alors quand Majak le voyageur arrive avec son immense sac et son sourire malicieux, Tous les enfants accourent pour écouter les contes des masques magiques. Regardez celui-ci les enfants ! C’est
le masque du lapin. On raconte que l’homme qui porte ce masque devient plus
rapide que le vent. Son ancien possesseur m’a conté son histoire.
Elle commence avec un petit garçon qui s’amusait à attraper
les lapins, en leur courant après. Il avait acquis une rapidité
incroyable et il était capable de capturer ces pauvres petites bêtes
à mains nues. Mais bientôt le magicien du vent croisa sa route
et lui dit : « Petit homme, qui t’autorise à te jouer de créatures
plus faibles que toi ? » Le garçon ne répondit rien,
mais le magicien furieux lui jeta un sort. Aussitôt, d’énormes
oreilles de lapin poussèrent sur la tête de l’enfant. Il avait
l’air ridicule et cela lui déplut. Alors comme si sa rapidité
lui donnait soudain l’audace du malin, il dit : « Partout où
tu iras, je te suivrai vieil homme, jusqu’à ce que tu me libères
de ce sortilège ! » Mais à peine avait-il fini de prononcer
ces paroles, que déjà le magicien du vent était parti
d’un souffle. Le garçon poussé par sa fierté, se lança
alors dans une course folle. Il courait comme jamais,
pour rattraper le magicien du vent. Toujours plus rapide, l’enfant commençait
déjà à rattraper le vent. Alors le vent devint tempête.
Le petit garçon courut de plus belle et il se rapprochait à
nouveau de la tempête. Alors la tempête devint tornade. Et le
garçon qui accélérait toujours plus, atteint une telle
vitesse que le sort se brisa. Mais la course continua. Plus tard, on retrouva,
à côté de l’enfant évanoui, un étrange
masque représentant un lapin. Personne ne sut jamais si le garçon
avait dépassé le magicien du vent, mais depuis ce jour l’enfant
était condamné à ne plus jamais courir. Pourtant certains
racontent, que des années après ils l’auraient vu courir au
loin, là où le vent souffle, vêtu de deux grandes oreilles
de lapin.
Le
voyageur Majak, assis sur son gros sac devant une dizaine de petits enfants,
continua ainsi à raconter des histoires merveilleuses sur ses masques.
La bouche béante et les yeux grand ouverts, ils l’écoutaient
avec fascination comme sous l’emprise d’un charme magique. De toutes couleurs
et de toutes matières, les masques défilèrent, toujours
plus beaux, toujours plus mystérieux. Il y avait le masque de la vérité
qui permettait à celui qui le portait de voir clair dans le cœur des
hommes. Il y avait aussi le masque de la reine des fées qui se mettait
à briller lorsque qu’une petite fée était proche de
vous. Le masque de pierre rendait aussi invisible qu’un rocher sur une montagne.
Et les enfants écoutaient émerveillées par tant de beauté
et de magie. Mais parmi eux, Thöm n’écoutait plus. Il était
absorbé dans la contemplation d’un autre masque aux couleurs écarlates.
Ou bien était-ce les deux yeux émeraudes de cet objet qui contemplaient
Thöm. Il en émanait une force étrange et Thöm, la
ressentait. Elle venait à lui. Il n’aurait pas su expliquer pourquoi,
mais il voulait à tout prix posséder ce masque.
Alors quand tout le monde s’en fut aller et que Majak le voyageur avait enfin pu rejoindre la taverne des marcheurs, laissant ses affaires sans surveillance, Thöm se faufila discrètement devant l’énorme sac. Il était presque plus grand que Thöm et beaucoup plus large que lui. Des dizaines de masques étaient accrochés dessus et il devait sûrement y en avoir encore plus à l‘intérieur pensait Thöm. Mais ce petit garçon n’oublia pas pourquoi il s’était rendu ici à ses risques et périls. Il se mit immédiatement à la recherche du masque qui l’avait envoûté. Il ne mit pas longtemps à le trouver, à croire que l’étrange objet lui-même, l’appelait par on ne sait quel artifice. Quand Thöm le prit dans ses mains une sensation inconnue le parcourut comme un frisson. Le masque brillait légèrement entre ses mains et ses yeux émeraudes dégageaient une sorte de poussière d’étoiles. Instant magique. Alors comme agissant par la volonté du masque, Thöm le porta à son visage. Un tourbillon lumineux, puissance fabuleuse, entoura l’enfant. Le soulevant du sol le pouvoir du masque le pénétra. La scène qui lui sembla durer une éternité s’arrêta au bout de quelques secondes laissant Thöm debout, avec le masque sur le visage et un incroyable sentiment de légèreté et de liberté parcourant son esprit encore sous le choc. Thöm eut alors envi de sauter et de courir dans tous les sens. Et bondissant à une hauteur incroyable, il partit à toute vitesse, libre comme l’air, dans les plaines environnantes. Portant le masque Thöm était libre. Il pouvait dépasser les limites que la nature impose. Il courait sur les rivières, sautait par-dessus les montagnes, déplaçait la matière d’une simple pensée. Il se jouait d’elle et trop téméraire il croyait la maîtriser. La force de ce masque était grande mais obscur son pouvoir était. Et Thöm devenait toujours plus audacieux. Thöm était maintenant assis au sommet de l’arbre majestueux, qui trônait au centre du village depuis des âges lointains. Il regardait le soleil qui dans sa course rejoignait l’horizon, laissant place à l’obscurité et sa reine lune. Thöm se souvint alors de son rêve le plus cher. Il voulait aller plus loin que nul autre voyageur et de ses pieds fouler le sol de ce cercle argenté qui de là-haut nous observe. Mais avec le masque ce rêve n’en était plus un, il pouvait le faire. Enlève le masque. Ne vois-tu pas la lune gigantesque cacher le ciel ? Ne sens-tu pas qu’elle va inévitablement s’écraser sur nos terres et réduire à néant tout ce qui t’entoure ? Enlève le masque. Il ne peut plus rien pour nous. Son pouvoir, assez fort pour attirer la lune, ne pourra pas la renvoyer à sa place dans les cieux. Ne pleure pas. C’est le masque qui l’a fait. Ce masque recèle un pouvoir bien trop grand pour un enfant comme toi. Enlève le masque. Ne comprends-tu pas que ce voyage vers la lune sera le dernier ? Majak se tenait en bas de l’arbre. C’était un petit homme à l’aspect mystérieux. Il avait un petit sourire en coin qui avec ses petits yeux brillants lui conférait un air malicieux. Il tendait son bras, la main ouverte, en direction de Thöm. L’enfant perché sur l’arbre regardait la lune horrifié. Elle était immense et toujours plus proche. Il aurait presque put la toucher. Mais il retira brusquement le masque de son visage couvert de larmes et le lança à Majak. Une lumière blanche l’aveugla dans l’instant. Recouvrant peu à peu la vue, il vit qu’il était allongé au sol. C’était le soleil qui l’éblouissait et la lune semblait bien lointaine. Il vit enfin Majak qui tenait le masque. Il faisait jour et Thöm était allongé devant l’énorme sac du voyageur. « Je vois que tu l’as enfin retiré. Le masque du rêveur. Il suffit de le mettre pour partir au loin et de l’enlever pour revenir. Mais n’oublie jamais que certains rêveurs solitaires se sont perdus en route et ne sont jamais revenus. » Il est un marcheur solitaire, +++ Jérome Salomon
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Créé le 1 mars 2002
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