Petits tours de champ
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Mon premier festival : Barjac 2003

 par Jean Guy 
 

Festival, en voilà bien un mot typiquement estival..! Pour moi ce fut le premier, pas un des plus célèbres, non pour moi ce fut Barjac que beaucoup par ici connaissent déjà sans doute. Barjac, petite Bourgade du Gard septentrional, on y fait du bon vin, " Côtes du Vivarais contrôlé ". Le rosé bien frais (Grenache, syrah, cinsaut) y est parfait à condition de n’en pas trop abuser bien sûr. Surtout que les nuits peuvent être longues et que le matin il faut quand même se lever et s’occuper des tartines des gosses.

Ce dont on peut par contre abuser c’est de chansons, de Chansons de Parole, c’est le nom que le festival s’est donné.

Chansons de Parole, chansons à textes quoi, mais pas seulement, de parole aussi, je veux dire de fidélité mais peut-il en être autrement de ce festival placé sous le parrainage de Jean Ferrat cet homme de parole? Peut-il en être autrement avec entre autres au programme, cette année, ces femmes et hommes de parole, Francesca Solleville, Jacques Bertin, Anne Sylvestre ou Christian Camerlynck que j’ai découvert dans la petite salle du Lion d’Or chantant Debronkart, Leprest…

Mais n’ayant pas réservé à temps je n’ai pas pu tout voir, alors juste quelques mots sur deux ou trois choses que j’ai vues et entendues.

 

Bravo d’abord à ce Christian Camerlink que j’ai découvert aux après-midi du " Lion d’Or " dans un spectacle très " théâtral " à l’atmosphère assez noire – mais quel punch !- sur des textes de Debronkart, Leprest, Laurent Sillano et Mouron… Mouron très sympathique qui un autre après-midi nous donnera un " spectacle biographie "à propos de Brel. Je ne suis pas sûr que ce soit une vraie réussite. Un peu trop hagiographique comme c’est trop souvent le cas en ce moment. Je me demande aussi comment une chanteuse peut vraiment exprimer cette peur cette hantise des femmes dont l’œuvre de Brel est si pleine. De ce que j’avais entendu chanter par Christian Camerlinck,  je regrette qu’elle n’ait pas chanté du Mouron car elle a vraiment du talent et quel punch aussi.

Et puisqu’il s’agit de chansons il peut y avoir quelques petites fausses notes. Bien que sans aucun doute très bonne musicienne, je crois que Jeanne Cherhal en fut une. Très à l’aise à son piano, gentille, mignonnette, mais aguicheuse, cabotine, racoleuse, clins d’yeux en veux-tu en voilà au public, ses textes restent à la hauteur de l’herbe jaunie de la campagne environnante par temps de canicule et de sécheresse. Elle avait quand même son public, j’allais dire sa claque, sur les gradins de la cour du splendide château de Barjac. A se demander si la dizaine de personnes qui a quitté la salle pendant  le tour de poésie de Jacques Bertin qui lui a succédé sur la scène n’en faisait pas partie.

 

Magnifique Jacques Bertin... Bien sûr il chante assis comme pour se fondre à son auditoire, économe de gestes comme pour se faire oublier, comme pour se retirer derrière le chant. Magnifique  Jeune fille blonde tirée de son dernier album. Quelques trous de mémoire quand même mais qu’importe, Bertin possède le chant, il est chant, chant poésie, poésie chant. Son chant est poème et ses textes, les siens, ceux de Bérimont, de Ferré, de Giraudoux sont chants. Bertin transforme tout ce qu’il chante en souffle intime, ce souffle vital qui nous fait vivre. Sublime.

Etonnante Anne Sylvestre, 69 ans, que je voyais pour la première fois sur scène. Si je ne partage pas toujours l’enthousiasme des ses fans pour ses textes, j’avoue avoir été subjugué par sa présence. Quelle forme, quelle aisance, quel humour vrai, et c’est sans démagogie, sans racolage, par sa simple présence limpide, qu’elle mène le public, j’allais dire par le bout du nez, jusqu’au terme de son spectacle  Partage des eaux , public qui en redemandera, et j’étais de ceux-là, encore et lui fera une formidable ovation. Forte et intense émotion lors de son interprétation de sa  Sorcière comme les autres qu’elle chante encore, et encore mieux trente ans après l’avoir crée et qui semble être de plus en plus d’actualité.

Anne Sylvestre succédait à un inconnu pour moi, Mélaine Favelec, espèce de barde scout à long poil qui a failli transformer les gradins en salle de classe où les chahuteurs auraient pris le pouvoir. Mi bretonnant, mi rock-folk, parlant un peu trop de ses chansons avant de les chanter, les  Hohé  qu’il demande au public de reprendre en chœur dans sa première chanson vont le poursuivre pendant plus d’une heure mais à la place on entendra des Olé ! plus espagnols que celtes. Il réussira à s’en sortir à force de sympathie et de gentillesse et sans doute de talent. A l’entracte, j’entends dire par un de ses fans qu’il a mal construit son récital et qu’il mérite qu’on l’écoute mieux qu’il n’a réussi à se faire écouter ce soir. A écouter donc.

Jean Ferrat est assis sur les gradins juste dernière nous, la scène est vide, on attend Francesca Solleville et soudain de la sono nous parvient les premières notes de Ma France . J’avoue que de savoir Jean Ferrat si proche et d’entendre cette chanson résonner dans cette cour de château par une fabuleuse nuit d’été, j’en ai encore la chair de poule. Hommage à Jean Ferrat présent, quelle chanson pouvait mieux rendre également hommage aux intermittents du spectacle en lutte contre tous les messieurs Thiers d’aujourd’hui.

Francesca arrive toute menue, légèrement boitillante. Qu'elle est belle ! son regard est de diamant, elle est rayonnante et même si à 71 ans ses aigus souvent métalliques sont fragiles, tout près de la cassure, quelle intensité, quelle force de conviction, quelle qualité d’émotion vraie, profonde elle nous transmet. Elle nous donnera un extraordinaire Epilogue d’Aragon sur une musique de Ferrat, texte majeur qui, au-delà du caractère politique qu’il a indéniablement, nous dit, à chacun de nous, notre destinée d’être humain.

…./…

Songez qu'on arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable

…/…

Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant
En face pour savoir en triompher Le chant n'est pas moins beau quand il décline
Il faut savoir ailleurs l'entendre qui renaît comme l'écho dans les collines
Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l'ensemble des chants

Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu'une voix se taise
Sachez-le toujours le choeur profond reprend la phrase interrompue
Du moment que jusqu'au bout de lui-même Le chanteur a fait ce qu'il a pu
Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse

 

 

Francesca Solleville terminera par  Le chant des Hommes d’Ikmet que Bertin nous donnera également le surlendemain.

Lors d’un bœuf d’après soirée nous avons eu également droit, sur le coup de 2 ou 3 heures du matin, à une douzaine de minutes de bonheur grâce à Allain Leprest qui autour de trois de ses chansons, La Gitane, Ya rien qui s’passe et C’est peut-être.. a créé un mini spectacle sur le thème  le ticket du bonheur … fabuleux… Il faut rendre hommage à ce merveilleux pianiste non-voyant – dont j’ai malheureusement oublié le nom – qui l’a accompagné dans l’aventure. Leprest , vous avez dit  habité  !

 

Mais Barjac, c'est aussi le village, une architecture que je trouve magnifique, ce sont les apéros au chêne vert, au café du Midi, les rencontres dans les magasins, au camping de gens qu'on ne connaissaient pas ou qu'on avait rencontré il y a 12, 13 ans à 1000 kilomètres de là et perdus de vue depuis, des gens rencontrés sur le web. Ah c'est toi ! …..

Ah! les commerçants y sont aussi super sympas.

Bravo Chansons de Parole, bravo Barjac et à l’année prochaine.

 

Jean Guy

 

le site de Chansons de Paroles

 





 


 

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Créé le 1 mars 2002

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