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Une pierre clamait à qui passait
Qu’elle était la plus forte,
qu’aucune autre chose
En ce domaine ne la surpassait.
«Vous êtes douée pour l’inutile prose,
Fit une plume volant par
là. – Réellement ?
Forte, vous dis-je, et d’une résistance ;
Rien ne peut me détruire : on me
lance
Et même en retombant lourdement,
Je reste intacte. De plus, je
suis rapide
Pour dévaler du vide.
– D’une motte de terre, sans doute ;
Ce qui ne vous met guère en
déroute.
Mais seriez-vous aussi à votre
aise
À vous jeter d’une falaise ?
Relèverez-vous ce défi ?
À moins que du précipice vous ne
faites fi
Comme vous le prétendez, termina
la plume.
– N’ayez crainte, j’assume
Ici et devant toute cette
assemblée.»
On alla au bord d’une falaise ; d’emblée
L’on s’élança : «Dégagez le
terrain
Car je serai en bas avant vous,
c’est certain,»
Hurla la pierre
Qui, effectivement, arriva première
Mais... en se fracassant sur un
rocher :
Il n’y avait pas mieux pour se
faire moucher !
La plume ? Transportée doucement
par le vent
Se posa sur la roche sans
fracas.
On se prête souvent
Des qualités que l’on n’a pas.
& & & &
Le Loup et les Bergers
(fable d'Ésope mise en vers)1
Un Loup de sa tanière vint à
sortir
Et errant par-ci par-là vit sous une tente
Des Bergers en bonne entente
Qui faisaient rôtir
L’un de leurs moutons.
«Ah ! fit-il avec le plus dur des tons,
Quels cris auriez-vous poussé
Si je vous avais détroussé
D’une seule bête !
Et comme frappe au sol la tempête,
Vous tomberiez sur moi pour avoir ma tête !»
Acte ou parole
Ne jouent guère le même rôle
Selon qu’ils sont le fait de quelqu’un d’autre
Ou qu’ils sont du nôtre !
1.(Les fables d’Ésope sont
libres de droits)
David Claude est né le 05 Juin 1971 à Valenciennes mais toutefois
Mosellan d’adoption depuis trente ans.
Amoureux de la littérature
classique, il commence à rédiger ses premiers poèmes à l’âge de dix-sept
ans, puis écrit des nouvelles avant de s’essayer à la fable, art
permettant de dire ce que les uns disent tout bas ou que d’autres taisent
; ainsi son écriture est dirigée dans le sens inverse de ce lieu commun
«Toute vérité n’est pas bonne à dire». Religion, immoralité, l’honnêteté
et la vérité, l’amour sincère et le geste noble, la famille, la nature et
les conflits sont ses thèmes privilégiés. Ses fables en vers sont morales
mais ne se veulent nullement moralisatrices car l’auteur sait qu’il est,
comme ses congénères, englué dans ses propres défauts.
Beaucoup nieront déceler une
seule vérité dans ses fables, néanmoins comme se plait à le dire ce
Fabuliste : «Nier une vérité n’en fait pas moins d’elle une vérité...»
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