Petits tours de champ
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Vision annotée des airs
que se donne la Francophonie







 
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Richard Séguin
Spectacle solo 2003

 par Gertrude Millaire 


    (photo/Gert )


auteur-compositeur interprète
seul à la guitare et son harmonica nous offre des chansons connues, des pièces instrumentales et le vent des Appalaches... et bien sûr le tout bien orchestré avec ses gravures en image de fond.

Ce nom ne vous dit rien ?
Pourtant Richard est un artiste intègre, ouvert sur le monde et sensible aux plus démunis ( violence faite aux femmes), artiste engagé toujours en marche de combat. Aujourd’hui il se porte à la défense de (l’eau au Québec) en s’impliquant au sein de la Coalition Eau Secours! et travaille au projet de l’alphabétisation, pour ces adultes qui ne savent ni lire ni écrire.

En 1990 Richard  est nommé Artiste pour la paix. C’est en 1994 qu’il se retrouve au nord de Sept-Îles sur les terres ancestrales des montagnais pour rencontrer son ami Florent Volant (chanteur montagnais) rencontré lors d’une manifestation des Artistes pour la paix. De ce vécu il en tire une très belle chanson « Le son des songes » tiré de son album " D'INSTINCT " comme un pont qui le relie à son ami Florent.

"JE T'ENTENDS RÊVER DE TERRES FÉCONDES
GUIDÉ, NOURRI PAR LE SON DES SONGES"


Ce nom ne vous dit toujours rien ?
Pourtant dès 1975 , il part en tournée, en France, Belgique, Allemagne et y retourne en 1982, en 1988 il s’envole vers le Sénégal où il participera, dans le cadre du Sommet de la Francophonie qui s’y tient, à l’émission « D’accord Dakar » et en 1989 s’envole en Europe pour les Francofolies de Larochelle et le Botanique de Bruxelles.

… toujours rien ?
C’est lui qui a dit : La gravure est pour moi le geste qui accompagne les mots. Tout comme on écrit des chansons, les gravures sont faites d'encre, de lumière et de temps. J'ai été initié à la gravure sur bois par Yvan Lessard. "«Nous sommes dans un monde d'accélération; la technique de gravure est une boutade au temps

C'est lui qui a créé "Le Sentier Poétique" ,
une marche de quelques kilomètres en pleine nature avec les poètes d'ici.
"Au Québec, l’intégration de l’art au paysage et au jardin a toujours été une pratique populaire. À propos du Sentier poétique, Richard Séguin nous confie les pensées suivantes: "Les mots habitent avec le paysage rural ou le paysage urbain, cette liberté de donner à lire la poésie dans les lieux publics, démontre à quel point les poèmes sont vivants, qu’ils ont une vie dans l’espace et le temps, et ils nous procurent une façon différente de voir le réel, de le penser. (...) Laisser les mots des poètes se frayer un chemin dans le plaisir des rencontres, des conversations, des impressions, il y a là quelque chose d’essentiel."

Le paysage, écrin de la poésie
 
(photo/Gert)

« Trouver des mots et des notes, dessiner, graver lentement des histoires. Avancer, travailler, chanter, chercher, créer des sentiers en offrande aux poètes, réfléchir, pacifier. Être l’amant, le père, l’ami, le frère, avec la même droiture, la même vérité, le même engagement. Prendre la route, découvrir avec plaisir, aller vers les autres. S’indigner, partager, pleurer, rester debout. Avec tant d’humanité. Et au-delà de tout, raison de tout, aimer, aimer toujours.
Libre et vulnérable.   Voilà Richard Séguin, l’homme qui marche. »
(tel que présenté su son site)

Que le spectacle commence !

En tournée au Québec jusqu’en 2004, il s’arrête à Gatineau le temps d’une chanson. Tout le monde est au rendez-vous, même moi j’y suis. Oh que oui!
Le ton est à l’échange, la communication. Heureux de nous retrouver, il nous présente sa vieille guitare (1956) son harmonica et sa deuxième guitare douze cordes. Sur le ton de la confidence, il nous parle de son père et de son lieu de naissance.
-    Il y a les langues maternelles et les silences paternels. Mon père était de ceux-là.
-    Je suis né à Pointe aux Trembles. Ce nom vient du fait que dans la région il y a beaucoup de peupliers et de trembles. Savez-vous que le peuplier est le plus vieil arbre ? Et on lui donne le nom d’arbre à musique car la moindre brise le fait chanter.

Et il enchaîne avec sa chanson / Chevrolet 59 / tiré de son album Microt Climat.

"Je suis passé sans raison devant la maison.
Je ne sais pas pourquoi, j’ai eu chaud, j’ai eu froid…"

Puis nous raconte sa visite dans les terres ancestrales des montagnais chez son ami Florent Volant avant de nous offrir / Le son des songes/
Suite à l'invitation de Florent Volant dans ses terres ancestrales je prends le train jusqu'à Sept-Îles, le train continue un peu plus loin... et s'arrête en pleine forêt... sans gare. Au poteau 285, je débarque, je suis seul au monde. Il est 17:00 heures et je n'ai plus aucun moyen de communiquer. Par chance je vois  Florent et ses amis  venir à ma rencontre. Après une longue marche, nous arrivons dans une grande tente où  parents et amis sont réunis. J'ai passé 15 jours et la  grand-mère de Florent m'a demandé d'apprendre un texte dans leur langue par respect de leur tradition et ainsi transmette leur culture par voie orale.
( Il nous a fait entendre ce texte mais ne me demandez pas de vous l'écrire... tradition orale.)

Enfin marcher
dans tes sentiers
respirer la liberté

Enfin marcher
jusqu'à nos passés
jusqu'aux mystères
au fond des hivers
…..  

JE T'ENTENDS RÊVER DE TERRES FÉCONDES
GUIDÉ, NOURRI PAR LE SON DES SONGES


Touché par certaines tragédies,  il nous remémore le drame qui s’est passé dans un petit village près de la frontière. Une jeune fille meurt des suites de son accouchement et son ami se donne la mort pour la rejoindre et ça se passe en 2000.  /Murmures et serments/tiré de ce dernier album solo

…et le temps qui s’arrête 
tout près d’une frontière 
le village est muet 

Et il poursuit avec /des bouts de papiers/ tiré de son album Aux Portes du Matin
Il avait dans son entourage, une personne très colérique, difficile à vivre jusqu'au jour dit-il où je me suis aperçu qu'elle ne savait ni lire ni écrire. Maintenant avec l'aide du  programme "Alphabétisation des Adultes" il sait lire et écrire et sourire.

Les bouts d'papier qui traînent dans rue
Sont comme les livres qu'il n'a jamais lus
Quand tu sais juste écrire ton nom...
Un nom perdu parmi tant d'autres
Presque inconnu...


Puis il rend hommage à Clémence Desrochers, poète et humoriste québécoise, première femme à avoir dénoncé le travail des femmes dans les usines en interprétant son texte / La factrie /

Comme on dit dans la fleur de l'âge
J'suis entrée à factrie d'coton
Vu qu'les machines font trop d'tapage
J'suis pas causeuse de profession
La seule chose qu'j'peux vous apprendre
C'est d'enfiler le bas d'coton
Sur un séchoir en forme de jambe
En partant d'la cuisse au talon

...

une anecdote  termine la première partie:

Si tu avais un souhait, juste un ?
-    Ne rien faire de la semaine.
Mais savez-vous que c’est du travail ne rien faire : pas de lecture - pas d’écriture - pas de musique…

Un jour j’ai rencontré Roberto qui m’a dit :
"Aujourd’hui  je n’ai rien fait et beaucoup s’est fait en moi."

*     &      *   *    &     *    

En deuxième partie,
il revient  en force avec ses chansons plus connues, plus engagées, plus rock comme /Les p'tits pouvoirs/ et /Protest Song

"On a les pluies acides
Le fast food insipide
L'arsenal de missiles
Made in U.S.A.

Le Président s'avance il est fier de rappeler
Qu'on fait tous partie d'une belle société
Armée pour la paix, le cash va rentrer
Et l'histoire ne fait que recommencer
Comme dans tous les westerns ..."

puis comment être insensible  au problème de l’eau potable au Québec!  Ici, ce sont souvent les artistes qui sonnent l'alarme. Plusieurs ont défendu notre langue. D'autres comme Richard Desjardins avec son film l'Erreur boréale, dénonce les coupes à blanc et demande protection de nos forêts. Richard  Séguin s'engage avec d'autres artistes à la protection de l'eau potable au Québec.
/Porteurs d'eau

"Quand le temps fuit autour de nous
et que je vois dans ton combat
la survie du moindre ruisseau
....
Nos rivières ont mémoire du temps
où l'on buvait au creux d'la main
lumière d'été, rumeur de l'eau

Porteurs d'eau, porteuses d'eau
c'est fait de lacs, c'est fait de mots
c'est la colère qui veut parler
c'est la rivière qui veut couler
Porteurs d'eau, de lac et de mots." (extraits)


Puis il se fait tendre avec sa chanson /belle Ancolie /tiré de son dernier album  qu’il a composé  suite à son incapacité de trouver les bons mots pour une amie en  peine d’amour.  Ancolie est une fleur qui retient l’eau.

Déracinée, troublée
dans ton accent hésitant
les mots  se brisent
mais ne font jamais semblant
Louisa, louisa la pluie
comment trouver les mots  qu'il faut
pour apaiser ton coeur blessé
Amour amour
fais-toi léger
pour tous ces jours
qui sont si lourds
amour amour
fais-toi léger
pour ce chagrin
entre tes mains. (extraits)

Et  avec sa très belle chanson /Pleure à ma place /tiré de son album Aux portes du matin
- Mon inspiration dit-il vient souvent de faits simples, de la vie au quotidien. Nous avons tous dans nos familles, un paratonnerre, celui qui reçoit les confidences de tout le monde. Chez-nous, c’est mon cousin. Quand ça ne va pas, on lui téléphone: un problème, il a la solution et chaque fois que je lui demande :
Comment ça va ?
il répond :
Bien. Ça va bien. merci.
mais cette fois-ci dans le timbre de sa voix, j’ai entendu :

Pleure à ma place
J'sais pas comment
Avec le temps je suis resté
Celui à qui on peut se confier
Celui qui en crève d'être le plus fort

Y'a tant d'histoires
De mal d'amours
Jamais domptées
Y'a des chagrins
Comme des secrets
Jamais confiés
Les larmes ont besoin de se raconter


Pleure à ma place
J'sais pas comment
J'ai des poèmes restés cachés
C'est comme ça depuis tant d'années
Les tiroirs vont bientôt craquer

Y'a tant d'histoires
Pleure à ma place
J'sais plus comment
C'est pas l'alcool qui brûle ma langue
C'est pas la rage qui m'fait souffrir
J'ai une fenêtre qui veut s'ouvrir (extraits)

Le spectacle s'est terminé dans des applaudissements comme un serrement de main, une belle amité  et une envie d'y croire.


"j'laisserai  pas mon coeur
mourir à petit feu

les yeux ouverts
un premier pas
un peu de lumière

RESTER, RESTER DEBOUT
MALGRÉ LE TEMPS QUI MENT
LE TEMPS QUI DIT VRAI
RESTER, RESTER DEBOUT
JOUR APRÈS JOUR ET MALGRÉ TOUT
RESTER DEBOUT"

(extrait de Rester debout,tiré de l'album D'instinct)

Gertrude Millaire

Entendre un extrait de "C'est plein de vie"

T’as fait un jardin dans la cour
Là où il n’y avait que des pierres
T’as dégagé les fleurs autour
Pour qu’elles s’étirent dans la lumière
Avec tes mains l’eau du ruisseau
S’est fait un nid dans la clairière
T’as mis du printemps dans l’hiver
Sur le lit le ciel et la mer
... c'est plein de vie

Aussi des photos, des liens, les paroles de chanson et entendre des extraits : http://www.glacombe.com/seguin.html

et l'entendre sur cette émission radio :http://www.rockdetente.com/emissions/pgm_star/archive-seguin.asp

et lire aussi le comte-rendu de ce spectacle
par Valérie Lessard dans le journal Le Droit
Les Arts, lundi 6 octobre 2003, p. 28

Ajout d'une suite de François Bellefeuille (Lachine)

Richard Séguin, l’authentique.

À l’heure de la téléréalité, à l’heure où l’on fabrique de plus en plus de chanteurs à la carte, il est rassurant de constater qu’il y a encore des artistes qui restent fidèles à leur démarche artistique, Richard Séguin en fait partie.

Assistant à son dernier spectacle acoustique dans les vieux entrepôts de Lachine, je fus foudroyé par ce regard camouflé par la chevelure du grand guerrier, celui qui va au bout de ses convictions.

Porteur d’espoir et d’authenticité, Séguin a toujours su toucher nos âmes en transmettant ses émotions avec un doigté tout en douceur. Respectant la vie comme il se doit, Séguin nous amène dans nos derniers retranchements par ses mots et ses silences porteurs de sens. En pleine possession de ses moyens, il a su nous toucher droit au cœur avec la précision du chasseur aguerri.


Voulant immortaliser ce moment, j’ai choisi Séguin, le vrai, pour autographier ma B.C.RICH, cette guitare qui a su adoucir mes moments les plus intimes.  C’est avec étonnement et j’oserais même dire avec une certaine fierté que l’artiste a acquiescé à ma demande.

Honoré, mais surtout touché par ce geste, je suis reparti guitare en mains qui j’en suis sûr ne sonnera plus jamais comme avant car ce Patriote des temps modernes a laissé sa trace.  Avant de quitter la salle, Séguin,  de sa propre initiative a voulu m’offrir son pic, celui qui sait si bien faire vibrer les cordes de sa Gibson, mais malheureusement il l’avait oublié dans sa loge.  Ne voulant pas faire attendre inutilement ses fans, il m’a salué avec ce regard sincère, celui qui vous touche droit au cœur.


Passant près d’une année et demi sans ce pic, quelle fut ma surprise de le retrouver en cet automne par l’entremise d’une spectatrice que j’ai rencontrée par un pur hasard.  Séguin m’avait vu discuter avec celle-ci étant la dernière de la file et lui a remis 2 pics, un pour cette admiratrice et l’autre pour moi au cas où elle me rencontrerait un jour, ce qui fut fait!  .  Geste démontrant la grandeur de cet artiste, celui qui respecte ceux et celles qui l’accompagnent dans sa démarche artistique.

Sincère merci Richard !

François Bellefeuille (Lachine)
dimanche 8 octobre 2005

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Créé le 1 mars 2002

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