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PEINTURE ET POÉSIE

par Gilles Bizien


Avant-propos

Lorsque je porte un regard analytique, critique, ou simplement un regard d'observation sur mon travail plastique, sur mon travail d'écriture, je ressens souvent un sentiment de territoire a explorer, de lieux visités, d'endroits a visiter. Il me vient à l'idée qu'une partie de l'imaginaire, de la création, sans doute fantasmée, serait tangible, visitable en un lieu, un lieu qui se donnerait tout d'abord à l'esprit puis ensuite à la création.
J'ai ce sentiment aussi bien dans la création plastique que dans l'écriture, deux arts différents pour des parallèles identiques en définitive. Des parallèles se rejoignant en moi, en un point source, en un point fleuve, personnel, intime, en un désir d'exploration.
Si ces parallèles sont identiques dans l'écriture et la peinture, ils se manifestent cependant dans l'espace réel différemment en esthétismes ou en formes. Formes différentes mais complémentaires pour le travail de recherche de l'artiste.
C'est ce travail d'exploration, ces champs multiples d'exploration, de mise en place de langage pictural et poétique, personnel et propre à l'artiste, qui doit concentrer l'énergie engagée dans la création, qui doit nourrir l'expression. Car au fond, ce qui est visible n'intéresse que la main, le reste concerne l'esprit.

Tendances stylistiques, approche de l'œuvre picturale

Au sein de notre époque, penser l'expressionnisme, le fauvisme, le post-impressionnisme ou la figuration libre, en fouillant, en réinterprétant ces mouvements avec un souci intimiste, c'est examiner la validité des classifications, c'est trouver une place, sa place, dans la remise en cause des genres. Mais pas seulement, c'est aussi dégager des champs d'exploration et de création nouveaux.
Au-delà des considérations de classification, pour l'artiste, l'enjeu est plus important, plus ambitieux. Ce n'est pas une simple redéfinition, une réévaluation esthétique des avant-gardes passées en vue de les transformer en avant-garde tout court, de passer les grands mouvements de la peinture moderne au tamis d'une facture personnelle pour faire du neuf, mais c'est bel et bien un véritable positionnement dans la création, dans une création vivante et contemporaine.
On peut certes s'interroger sur certaines tendances actuelles, des tendances dont les artistes eux même redéfinissent le métissage ainsi que les composantes perpétuellement. On peut s'interroger sur cette volonté d'être sans cesse en mouvement, en langage nouveau, de n'être jamais figé, d'exister artistiquement dans la création avant d'exister dans la classification.
Anticiper l'étiquette en quelque sorte, le classement, l'identification, ne mettrait-il pas l'artiste dans une espèce de fuite en avant, l'accent ne serait-il pas mit sur la nouveauté au détriment d'une certaine qualité technique et esthétique ? C'est une question qui se pose et dont chaque artiste répond de façon personnelle.
C'est bien là, au plus profond de l'acte de création, que les nuances sont importantes, c'est une vision d'artiste que cette approche des œuvres ou de l'art. L'artiste propose sa vision, intime, prête son œil au public, sa sensibilité, en montrant son travail. En fin de compte l'image positionne le spectateur au centre même du processus de création justement par cette approche personnelle qui est en résonance dans les œuvres.
Il n'en reste pas moins que le novice comme l'amateur s'y retrouvent, à l'un comme à l'autre, à niveau égal, le même degré d'émotion brut est proposé. Ce qui doit être remarquable c'est la création, une création vivante, neuve, posé dans son temps. Un acte de création sensible, dans le foisonnement des formes, dont beaucoup d'œuvres contemporaines font preuve, œuvres d'une époque, œuvres de questionnement.
Y aurait-il un paradoxe entre compréhension et sensation ? La modernité serait-elle qu'analytique ? Pourquoi comprendre une œuvre en lui cherchant, avant tout contact physique, avant émotion, ou pendant que l'œil circule sur la toile, une classification, une famille, une étiquette, sinon celle de l'émotion à proprement parler et qui par ailleurs engage ensuite une réflexion intellectuelle, réflexion intellectuelle qui ne s'interpose pas entre le spectateur et l'œuvre mais qui vient compléter le questionnement ou la sensation a posteriori. L'œuvre est prise comme production humaine, et comme telle elle travaille au corps, reformule sa nature intime chez chaque spectateur.
Ce regard d'artiste, de placer le spectateur en " état d'artiste " que la peinture contemporaine propose, est fondamentalement moderne et humain. Ce regard met au centre du questionnement artistique la peinture bien sûr mais aussi l'artiste et l'homme. C'est une peinture profondément saine et franche dans son dépouillement esthétique, dans sa violence brut, qui ne laisse personne indifférent.
Voici donc ici quelques huiles sur toiles de lin et quelques textes.

Gilles Bizien


EVE

 

Séquençage, visions, tranche du visible, gras de l'air, ce que tu rêves t'échappe - jeu élément dépouillement éclat - prend la lumière, le fleuve anonyme, fulgurant.
Il manque une étoile au ciel. Pas d'étoile mystique mais une étoile de chair, à l'ossature d'os, vivante, humaine.

[ de suite le monde, quand on rêvait ]

 

PORTRAIT D'UNE ÉTOILE

 

- pas même un regard - libre corps ailé qui habite le départ. Convoyer la nuit, la nuit sans matière, sans essaim, sans poids, la nuit lisière, fissurée, fjordaire. Rétablir le firmament clair derrière les yeux. Vêtement lancinant de la peau, drapeaux prières sous la protection du vent, au point de sentir les pierres d'eau couler, rogner les fleuves.
Tu es fais de dépeçage, du couple ciel et ruisseaux, de l'appendice polaire, de repeints, de nuages, de vernis brûlés. Parfois tu prends, parfois tu délaisses.
On retrouve la mer, printemps équinoxiaux, dans les regards béants qui se détachent du visage. De l'abîme comme du sommet la peau prend un goût de vinaigre. Armée loquace de l'eau, pirogue de glace, accent, virgule flottante sur les incendies, fractures des lèvres éclatées.
Royaume faucon, un aigle d'ombres est accroché sur ton habit désagrégé. Ulcères du frisson, sueur et sang comme des zones de pétales a clouer sur le cuir d'un mirage.
Ouverture fissurée des bras, triomphe initial. Donner du sens, tourner les moulins, la roue volumineuse des cycles. Vers le fond des hauteurs, main, un oiseau de verre. Chirurgie dans le gras irisé de la boue.
Je ne suis pas la mort ni le tombeau qui recueille les gouffres. Je ne suis pas l'aurore bruissante aux enjambées d'écume            apaisables.

 

L'ÉTOILE SOLITUDE

 

vois dedans - le calme -
éclats neige regard
tâtonnement
                  tu marches

laisse aller
la vie
dans les mains de glace

traîneau piste vent
les chiens mordent le soleil

paysages                  brillés
glisse
sur le tranchant du nuage.

 

CHOUPINETTE LAPINUS

 

bleu cadavre
carapace de verre
brisée

œil réversible
comme la flaque

étoile atomique   - technopétale -
vertèbres du vent

scaphandre nocturne
ta main est un lotus d'eau

tu ne fais plus
le signe qui compte.

 

DANS LES BRAS


 





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Créé le 1 mars 2002


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