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TROIS FACES DE BLEU

par Claire Ceira, Xavier Jardin
et Thierry Le Baill


Abysse, par Thierry Le Baill

 

Sortie de prison, par Claire Ceira

J'y étais depuis trop longtemps pour me souvenir de ce qu'est
une rue parcourue et vide. J'y étais depuis que les trottoirs s'étaient relevés
j'étais tombée sur le visage
dans la cohue.
J'étais tenue dans tes bras gris et froids, geôle sans geôlier murs
sans espace intérieur
maison
d'arrêt.

Depuis tout ce temps j'avais pris l'habitude de m'appuyer et voici
que la porte s'ouvre, il a plu
dehors tout brille

le monde est un papier d'argent et je me déchire, immobile
devant mon nom libéré.

attends un peu liberté
L'eau glacée du monde coulait dans la tige
de mes os longs
j'arrête
devant les cils de ta lumière
loin des verres fumés des fenêtres
Attends-moi liberté et ne me coupe pas
la tête
quand je la tends au devant
des regards des autres
nue et sans protection

quand je sors du puits de ton eau
vérité.

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Sans titre, par Xavier Jardin

        partout
où la lumière
               soustrait
l'ombre         à l'ombre
retranche à la nuit
        une part d'aveuglement
égale
        à la somme
                        des astres
        partout
où         lentement         s'extrait         nu
le songe
        dérobé à un paysage
                                        inhumain
        où le miroir
poli des regards
                s'est tu
dissimulant le geste
                comme un fil découpe
le calcaire fin
        des évidences
partout
        où         débute
le décompte
        perpétuel
des pierres
        récitées
jusqu'à l'écroulement
        du jour
pierres tombales
        brisant les reflets
                de circonstances
        abysses
illusions dissipées
        aux tempes du matin
exténuées
        de lutter de sombrer
renaissant toujours
        pour que ce corps
        vacille
encore une fois

 


 


Retour au bleu, par Thierry Le Baill

 

Low, par Claire Ceira

on est pareils aux fils des anges
couchés dans le sens de la voie des rails vides
on rêve les yeux saturés
dans le ciel d'été

Le bleu diffuse
sous la peau et dans les pensées, un signe.

comme les étincelles brèves
et bleues
quand on roulait en oblique
sur les routes de la nuit
noires
comme la lampe
bleue SORTIE des cinémas, des salles obscures
quand on quittait un instant des yeux
l'écran, les images

on voudrait se trouver de l'autre côté des portes, dans le cheminement des couloirs,
juste un labyrinthe
sans bifurcation.
on rêve d'être dans l'écran

et de cette ampoule nue
au mur, ici, simplement.

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Sans titre, par Xavier Jardin

blessure
        lunaire
                le corps
répand la sève
        comme l'écorce saigne
                        l'azur
naufrage
        moisson en désordre
                la vague désarticulée
d'un songe gît
                au beau milieu
                                du ciel
coagulé

 


 


Dans la grande faille, par Thierry Le Baill

 

Orphée, par Claire Ceira

Je passerai encore par la même faille, mêmes eaux mêmes lames même
descente
saluant en chemin la voix d'ombre
et la grotte sous la cascade.

je trouverai ta réserve, myriade
de poissons le long des falaises calligraphie verticale
comme enfin
quelque chose à déchiffrer.

C'est de l'absence de fond que viennent la paix,
et la fécondité.
Semant le long de l'interminable trajet
tout ce qui nous restait encore de crainte,
comme des images pour les yeux
d'un nouveau-né,
nous ne cesserons

il n'y a pas de fond dirons-nous sans y croire
et
nous y croirons.
nous descendrons dans la poche souple
et sans fond

rejoignant les daims, jusqu'aux épaules dans le bord des bois
dans les instants d'avant la balle,
dans les nuages d'insectes
des pays où le froid
reste
à l'envers de l'été, où l'été verse et puis descend, très vite.

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Sans titre, par Xavier Jardin

de ce lieu
        où la mer
                tombe

à la verticale des jours

d'une bouche
        à une autre bouche

d'une main
        à une autre main

à ce lieu
        où le ciel s'inverse
                        déversant
                l'ivresse des oiseaux
        des cimes
à la terre

ce lieu où l'ombre
        n'a pas plus de poids
                que l'aile ou le vent

la lumière ou la nuit

ce lieu qui s'ouvre
                se ferme comme un regard

ce lieu qui encercle
                qui libère

ce lieu
        plus furtif
                que la caresse du songe

sur l'épaule nue

ce lieu
        plus précaire
                que la rosée légère

aux soleils dévêtus

où est ce lieu
        somme de tous les lieux
habités
         rêvés
                demeure de pierres
colline de blés

ce lieu où se confond
        la naissance et la mort
                l'écume         le frisson
        le sommeil         et puis

        l'aurore

 


 


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Créé le 1 mars 2002


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